Polémique.

Cité Balzac, à Vitry-sur-Seine en juin dernier. Au pied du HLM, des dizaines d'habitants venus assister à la destruction d'un immeuble. Si la foule s'est déplacée en masse c'est que cet immeuble a une histoire : en 2002, Sohane, une jeune fille de 17 ans, y est morte brûlée vive dans un local à poubelles. "Il ne faut pas l'oublier", raconte une mère de famille avant d'être interrompue par un jeune aux propos hostiles. La tension monte.

Cette scène extraite du documentaire La Cité du mâle aurait dû être diffusée mardi soir sur Arte. Mais la chaîne franco-allemande a pris la décision - rare ! - de le déprogrammer. Une des raisons invoquées : la fixeuse du documentaire, celle qui met en relation les journalistes et les témoins avant et pendant le reportage, craignait d'être victime de représailles. "Les images du documentaire ont été manipulées. L'angle de départ et l'angle final n'ont rien à voir. Je n'ai pas signé pour ça", explique Nabila Laïb, la fixeuse en question, qui est également journaliste et collaboratrice du Point. "Le documentaire devait parler des relations entre les filles et les garçons, on se retrouve avec un document où on ne voit que des jeunes dirent "nique ta mère", des filles soumises et des mecs qui passent pour des grosses brutes. Loin de la réalité", estime Nabila Laïb, qui habite l'une des cités de Vitry-sur-Seine.

Est-ce à dire qu'aujourd'hui pour vendre un documentaire sur la banlieue, il faut absolument la caricaturer ? Cathy Sanchez, la réalisatrice de La Cité du mâle, s'en défend. "Il ne s'agit pas de stigmatiser mais de faire un état des lieux. J'ai filmé ce que j'ai vu." Côté production, on rappelle que lorsqu'une vérité dérange il y a toujours des mécontents. "Il faut affronter cette réalité et arrêter de dire à chaque fois qu'elle a été trafiquée", précise Daniel Leconte, le producteur du documentaire. Jointe par Le Point.fr, la chaîne franco-allemande est, quant à elle, restée silencieuse.
 
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