Prison de Guantanamo : le traitement des prisonniers qualifié de "cruel, inhumain, dégradant" par un rapport d'experts de l'ONU

Rendue tristement célèbre après les attentats du 11 septembre, la prison de Guantanamo se retrouve épinglée par l’ONU. Ce bout de terre cubain géré par les États-Unis échappe toujours aux règles du système carcéral américain et au droit international. Il s’agit d’un camp où ont été - et sont encore - détenus les terroristes soupçonnés d'être liés à Al-Qaida et à Oussama Ben Laden.
En 2005, la dernière inspection en date du Camp Delta avait amené la sénatrice belge Anne-Marie Lizin à conclure que les conditions de détention des détenus étaient " meilleures qu'en Belgique." Pour la première fois en quasiment 20 ans, le site a fait l'objet d'une inspection par des experts indépendants mandatés par les Nations-Unies au mois de février. Le rapport est cette fois plus sévère et un peu plus conforme à l'idée que l'on se fait de ces oubliettes du XXIe siècle.

Extractions forcées des cellules, confinements poussés à l'extrême...​

Ce qui est infligé à ces personnes qualifiées de " combattants illégaux" tient en trois mots : "cruel, inhumain, dégradant". Comme pour évacuer toute critique, la rapporteuse spéciale de cette visite tient à préciser qu'à son sens les attentats du 11-Septembre sont "un crime contre l'humanité". En parallèle, la torture utilisée à Guantanamo est une "trahison", dit-elle, pour les droits des victimes de ces attaques.
Surveillance quasi permanente, extractions forcées des cellules, utilisation excessive de moyens de contention ou confinements poussés à l'extrême constituent le quotidien des détenus. À long terme, tout cela se transforme en handicaps et douleurs chroniques, en blessures entraînant des lésions au cerveau et en d’importants problèmes digestifs.
>>> Pour la première fois, un détenu de Guantanamo détaille ses tortures aux mains de la CIA
S'il faut chercher un seul point positif à ce rapport, c'est qu'il remarque des " améliorations importantes" sur le centre de détention en lui-même. La rapporteuse fait ici référence aux quelques coups de peinture et à la rénovation des bâtiments.

L'administration Biden se défend​

Les responsables américains tombent de leur chaise, ou en tout cas, font mine de le faire. S'ils ont accepté d'ouvrir les portes de Guantanamo c'est disent-ils parce qu'ils étaient "confiants". Ils assurent même avoir donné à la rapporteuse spéciale un accès sans précédent, au plus près de la réalité des 30 prisonniers encore présents.
Les États-Unis se retrouvent ainsi avec un nouveau coup de projecteur sur un camp qui était, il faut le reconnaître, un peu sorti des écrans radars. À l'heure où Joe Biden critique la torture en Syrie, en Russie, en Corée-du-Nord ; alors que Washington voulait montrer sa bonne volonté envers les institutions qui enquêtent sur le respect des droits humains, l’opération est ratée. Guantanamo était une épine dans le pied de cette administration. Il y a désormais une balle de pistolet qu'elle a elle-même tirée.
 
Haut