Chaque semaine, je vous livrerai un dossier médical sur une question d'actualité médicale.
Cette semaine, l'hypersexualité. Ce terme est ambigu et recouvre 3 situations très différentes:
LE RÊVE HYPERSEXUEL
C'est le fantasme du "héros phallique", intrépide et dominateur, victorieux de la prétendue guerre des sexes. Ce mâle superpuissant a une érection admirable par sa dimension et sa durée, qui prouve, en se donnant un plaisir intense et en subjuguant des partenaires en pâmoison ou criant grâce, la supériorité masculine: c'est le rêve du "phallus dans sa splendeur" !
Ce fantasme engendre un comportement de recherche à la fois de la "normalité" et des moyens de la dépasser, dans l'espoir de devenir ce héros phallique. La recherche va donc porter sur l'anatomie et le fonctionnement de l'appareil génital.
Une anatomie idéale?
La recherche concerne surtout la verge. Les questions peuvent ainsi se résumer:
Corrélativement, les questions concernant le corps sont aussi fréquentes:
En substance, comment être "plus" (hyper) - mâle?
Indéniablement, la demande du sujet se réfère à une image de son corps comparée, consciemment ou inconsciemment, à un modèle masculin (choisi comme tel). Le sujet réclame donc que cette image partielle de son corps soit améliorée par un traitement - au besoin par une intervention chirurgicale dans laquelle il place tout son espoir d'être un jour normal ou "super-normal". Le rêve est passé par là...
Il n'est pas facile d'expliquer que la "normale" en anatomie est sujette à variations, plus ou moins mesurables, à l'intérieur d'un créneau de mensurations. La part de subjectivité dans la façon de "voir" son image, d'interpréter le regard d'un autre sur soi, est très grande. Les paramètres de la virilité sont variables aussi d'un individu à l'autre. Finir par s'accepter tel qu'on est demande un grand effort, tant la conviction d'un individu qu'il n'est pas normal ou qu'il pourrait être mieux, est ancienne - donc solidement ancrée.
Une fonction sexuelle encore plus performante
La demande cherche à obtenir une érection à volonté ou sans fin...dont le but peut être:
Ce double objectif se manifeste dans ces affirmations dionysiaques souvent entendues:
" je b*nde, donc je suis"
"je jo*is, donc je vis"
Le sujet recherche alors des stimulants variés( épices, par exemple), des substances réputées aphrodisiaques, des drogues, au besoin dures, des exercices physiques ou plus "philosophiques" (yoga, tantrisme), des objets (cock-ring, photo ou films pornographiques) etc... Le succès du Viagra® est dû, en partie, au fait qu'il s'inscrivait dans le cadre de cette recherche: avoir autant d'érections que possible, quelle que soit l'utilisation qui en est ensuite faite - ce qui fait partie du fantasme.
Il existe un réel danger à utiliser certaines substances (amphétamines) ou drogues (ecstasy). Il n'y a pas seulement un danger d'accoutumance ou d'atteinte cérébrale, il y a aussi le risque de priapisme (voir "urgences andrologiques") qui, s'il n'est pas traité en urgence, peut évoluer vers une sclérose des corps caverneux, cause définitive d'impuissance.
Ce narcissisme délétère risque d'isoler le sujet qui, ne se jugeant pas normal ou pas assez bien constitué, n'ose plus pratiquer de sport ou avoir de relations sociales, notamment féminines. L'obtention d'érections ne débouchent que sur des masturbations qui le culpabilisent et l'inquiètent sur leurs conséquences éventuelles - elles aussi fantasmées.
Il faut consulter le plus tôt possible afin que le médecin rompe le "cercle vicieux" dans lequel le sujet s'enfonce peu à peu.
L'OBSESSION SEXUELLE
Le désir sexuel est faible chez le sujet obsédé sexuel: le moteur de ses comportements compulsifs et incontrôlables est l'angoisse - angoisse profonde quant à sa virilité , c'est-à-dire une part de son identité. Il en résulte une activité frénétique qu'il ne souhaite pas vraiment, l' humilie et souvent le dévalorise à leurs propres yeux. Par exemple, certains hommes se masturbent jusqu'à l'éjaculation 10 fois par jour et davantage. Ou bien ils obligent leur partenaire à avoir plusieurs rapports sexuels par jour.
L'objectif sous-jacent d'un tel comportement est de réduire une angoisse insupportable. Le soulagement obtenu par une masturbation ou un rapport sexuel est transitoire. L'angoisse réapparaît dès lors que l'activité compulsive est réprimée. C'est l'explication de comportements impulsifs soudains, incontrôlables, avec des partenaires de rechange - ce qui peut conduire le sujet , dans certaines circonstances, à la délinquance.
Le donjuanisme est représentatif de ce comportement . Le sujet, "chaud-lapin", a un besoin compulsif de séduire. La conquête sexuelle dans laquelle la partenaire est réduite à l'état d'objet (vaginal), équivaut à un brevet de virilité, jamais acquis définitivement; car la conquête pour la conquête ne rassure que très provisoirement. Dès que l'angoisse réapparaît, le sujet repart pour de nouvelles conquêtes, sans fin... Casanova est le modèle historique de cette quête incessante de la séduction.
D'un point de vue analytique, cette recherche compulsive et angoissée de la virilité traduit l'immaturité de développement: le sujet est resté au stade phallique (pré-pubertaire) de son organisation psychologique, avec une peur viscérale de la castration ou de son équivalent : ne pas être viril. Une psychothérapie bien conduite, quand le sujet en ressent le besoin, peut l'aider à dépasser ce stade et à calmer sa profonde angoisse.
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Cette semaine, l'hypersexualité. Ce terme est ambigu et recouvre 3 situations très différentes:
- le rêve d'exploits sexuels
- l'obsession sexuelle
- la pulsion hypersexuelle, c'est-à-dire l'excès de désir sexuel
LE RÊVE HYPERSEXUEL
C'est le fantasme du "héros phallique", intrépide et dominateur, victorieux de la prétendue guerre des sexes. Ce mâle superpuissant a une érection admirable par sa dimension et sa durée, qui prouve, en se donnant un plaisir intense et en subjuguant des partenaires en pâmoison ou criant grâce, la supériorité masculine: c'est le rêve du "phallus dans sa splendeur" !
Ce fantasme engendre un comportement de recherche à la fois de la "normalité" et des moyens de la dépasser, dans l'espoir de devenir ce héros phallique. La recherche va donc porter sur l'anatomie et le fonctionnement de l'appareil génital.
Une anatomie idéale?
La recherche concerne surtout la verge. Les questions peuvent ainsi se résumer:
- la verge a t-elle une longueur et un calibre "normaux" ?
- le prépuce est-il trop long ou trop court ?
- la peau est-elle normale ?
- Y a-t-il assez de poils sur le pubis ?
- les bourses et les testicules sont-ils assez gros ?
Corrélativement, les questions concernant le corps sont aussi fréquentes:
- mon corps n'est-il pas trop fluet ? les mains trop graciles ?
- a-t-il assez de muscles, de poils, de cheveux ?
- la voix est-elle assez basse ? (mâle)
En substance, comment être "plus" (hyper) - mâle?
Indéniablement, la demande du sujet se réfère à une image de son corps comparée, consciemment ou inconsciemment, à un modèle masculin (choisi comme tel). Le sujet réclame donc que cette image partielle de son corps soit améliorée par un traitement - au besoin par une intervention chirurgicale dans laquelle il place tout son espoir d'être un jour normal ou "super-normal". Le rêve est passé par là...
Il n'est pas facile d'expliquer que la "normale" en anatomie est sujette à variations, plus ou moins mesurables, à l'intérieur d'un créneau de mensurations. La part de subjectivité dans la façon de "voir" son image, d'interpréter le regard d'un autre sur soi, est très grande. Les paramètres de la virilité sont variables aussi d'un individu à l'autre. Finir par s'accepter tel qu'on est demande un grand effort, tant la conviction d'un individu qu'il n'est pas normal ou qu'il pourrait être mieux, est ancienne - donc solidement ancrée.
Une fonction sexuelle encore plus performante
La demande cherche à obtenir une érection à volonté ou sans fin...dont le but peut être:
- soit la contemplation admirative et gratifiante du phallus, témoin "définitif" de la virilité,
- soit l'éjaculation par masturbation ou rapport sexuel.
Ce double objectif se manifeste dans ces affirmations dionysiaques souvent entendues:
" je b*nde, donc je suis"
"je jo*is, donc je vis"
Le sujet recherche alors des stimulants variés( épices, par exemple), des substances réputées aphrodisiaques, des drogues, au besoin dures, des exercices physiques ou plus "philosophiques" (yoga, tantrisme), des objets (cock-ring, photo ou films pornographiques) etc... Le succès du Viagra® est dû, en partie, au fait qu'il s'inscrivait dans le cadre de cette recherche: avoir autant d'érections que possible, quelle que soit l'utilisation qui en est ensuite faite - ce qui fait partie du fantasme.
Il existe un réel danger à utiliser certaines substances (amphétamines) ou drogues (ecstasy). Il n'y a pas seulement un danger d'accoutumance ou d'atteinte cérébrale, il y a aussi le risque de priapisme (voir "urgences andrologiques") qui, s'il n'est pas traité en urgence, peut évoluer vers une sclérose des corps caverneux, cause définitive d'impuissance.
Ce narcissisme délétère risque d'isoler le sujet qui, ne se jugeant pas normal ou pas assez bien constitué, n'ose plus pratiquer de sport ou avoir de relations sociales, notamment féminines. L'obtention d'érections ne débouchent que sur des masturbations qui le culpabilisent et l'inquiètent sur leurs conséquences éventuelles - elles aussi fantasmées.
Il faut consulter le plus tôt possible afin que le médecin rompe le "cercle vicieux" dans lequel le sujet s'enfonce peu à peu.
L'OBSESSION SEXUELLE
Le désir sexuel est faible chez le sujet obsédé sexuel: le moteur de ses comportements compulsifs et incontrôlables est l'angoisse - angoisse profonde quant à sa virilité , c'est-à-dire une part de son identité. Il en résulte une activité frénétique qu'il ne souhaite pas vraiment, l' humilie et souvent le dévalorise à leurs propres yeux. Par exemple, certains hommes se masturbent jusqu'à l'éjaculation 10 fois par jour et davantage. Ou bien ils obligent leur partenaire à avoir plusieurs rapports sexuels par jour.
L'objectif sous-jacent d'un tel comportement est de réduire une angoisse insupportable. Le soulagement obtenu par une masturbation ou un rapport sexuel est transitoire. L'angoisse réapparaît dès lors que l'activité compulsive est réprimée. C'est l'explication de comportements impulsifs soudains, incontrôlables, avec des partenaires de rechange - ce qui peut conduire le sujet , dans certaines circonstances, à la délinquance.
Le donjuanisme est représentatif de ce comportement . Le sujet, "chaud-lapin", a un besoin compulsif de séduire. La conquête sexuelle dans laquelle la partenaire est réduite à l'état d'objet (vaginal), équivaut à un brevet de virilité, jamais acquis définitivement; car la conquête pour la conquête ne rassure que très provisoirement. Dès que l'angoisse réapparaît, le sujet repart pour de nouvelles conquêtes, sans fin... Casanova est le modèle historique de cette quête incessante de la séduction.
D'un point de vue analytique, cette recherche compulsive et angoissée de la virilité traduit l'immaturité de développement: le sujet est resté au stade phallique (pré-pubertaire) de son organisation psychologique, avec une peur viscérale de la castration ou de son équivalent : ne pas être viril. Une psychothérapie bien conduite, quand le sujet en ressent le besoin, peut l'aider à dépasser ce stade et à calmer sa profonde angoisse.
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