La Zaouïa, dans toutes les terres
islamiques, est le
lieu où l'on trouve
refuge, l'
asile sacré où le pauvre comme le riche trouve sur sa route la
nourriture et le
repos. Paye qui peut.
La
communauté vit des dons et des
aumônes du passant et aussi des biens de l'orphelin dont elle se fait la tutrice lorsque la
justice l'ordonne. L'
hospitalité de la Zaouïa est forcément limitée pour éviter l'encombrement, mais elle est inépuisable. Elle est parfois une communauté puissante et empreinte de
justice et d'
équité retranchée dans une
forteresse.
Chaque zaouia est un
Makhzen en puissance : lors du XVIIe siècle, une zaouia comme celle des Dala’iynes avait un système makhzénien très avancé sur les territoires sous son contrôle.
Les zaouia servaient de lieu d’études où de doctes maîtres (les moueddeb) enseignaient le
Coran et les principes de la
foi islamique. Une salle, le Kouttèb, était spécialement affectée à cet enseignement... Dans le même temps, les zaouia avaient aussi une fonction sociale, elles constituaient des lieux de rencontre et offraient ainsi l'occasion d’entrer en
relation les uns avec les autres.
Les
pèlerinages aux zaouia rurales avaient généralement lieu à la fin de la saison estivale, une fois terminés les travaux des champs et réalisé le produit des récoltes. Les offrandes des pèlerins étaient donc plus ou moins libérales selon les années, de sorte que «la bonne saison» profitait à tous – chacun bénéficiait de la manne divine... Les Zaouïa de Sidi Ali El Mekki à Ghar El Melh, de Sidi Amor Bou Khetioua à Kalaât Landlous, de Sidi Laarbi et de Saïda Aajoula à Ras Jebel, de Sidi Ali Azzouz à Zaghouan,... sont le rendez-vous des populations rurales des alentours de la région de
Tunis. Une confrérie soufie n'est pas ouverte exclusivement à ses adeptes : elle se doit d'accueillir les étrangers. Chacun peut accéder à la veillée, y trouver soutien et entraide, mais aussi l'occasion de se purifier et de se soigner.