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PLD (Peace, Love and Diversity)
« Tes jeune, t'es black, les taxis ils ont peur des Noirs »
Dimanche 25/10/2009 | Posté par Inès El laboudy
TOUS DES MUSTAPHA KESSOUS (VII). Cette « Nuit blanche » parisienne à attendre un taxi na jamais été aussi longue pour Inès et son ami. Récit.
Il est 2 heures du matin, boulevard Magenta, Paris 10e. Après avoir bien profité avec des amis de la « Nuit Blanche » organisée depuis sept ans dans la capitale au mois doctobre, je rentre à Bobigny avec lun deux. Les autres préfèrent finir la nuit en boîte. Pas trop mon trip... Le métro, ligne 5, à cette heure-ci, il ny en a plus, alors quil fonctionne sur les lignes 10 et 14. Le taxi est donc la seule option, à lexception de la marche à pied qui nous ferait arriver chez nous à 5 heures du mat.
Mon ami se met au bord de la route pour arrêter un taxi. Un, deux, cinq, trente passent sans sarrêter. Certains dentre eux pourtant, sarrêtent 50 mètres plus loin pour prendre dautres clients, alors que pas plus que nous, il ne se trouvent à une station de taxis. Mais eux sont blancs (comme moi dailleurs), alors que mon ami est black. Pas comme ce groupe de jeunes femmes blanches quun taxi se fait un plaisir de prendre à son bord. Ce petit manège durera près de 3 heures ! En changeant de rue toutes les demi-heures. Du coup, retour au point de départ, à hauteur de la station République. Il est 5h20 du matin... Mes pieds sont gelés et crispés dans mes talons par le froid, ma petite robe ne me réchauffe guère, encore moins le châle dans lequel je menroule...
Miracle ! Un taxi nous voit et fait signe à mon ami de venir. Il y va pendant que jannonce à mon frère que jai peut-être un taxi. Cela fait près de 30 minutes quil me supporte au téléphone alors quil est avec sa petite amie. Ça y est, on peut enfin monter dans un taxi. Vous nimaginez pas le bonheur que ça a été pour moi que de masseoir au chaud. Le chauffeur, un jeune Black denviron 25 ans, nous dit :
« Punaise ! Depuis quelle heure vous attendez un taxi ? Depuis 2 heures du mat... Jai eu le temps de faire six courses avec des clients et à chaque fois que je passais par le boulevard, je vous voyais, raconte le taximan. Malheureusement, jétais déjà occupé, autrement je me serais arrêté. Mais en toute honnêteté, si là, je suis venu vous prendre cest parce que ta place, jeune homme, je lai eue avant. Eh oui ! Tes jeune, black, les taxis ils ont peur des Noirs, surtout à cette heure aussi tardive ! Taurais dû envoyer la minette et te mettre en retrait : avec sa robe et ses talons, ils se seraient sûrement arrêtés. Mais en te voyant, ils se disent directement que tu vas en banlieue et qui dit banlieue dit racaille ! »
« (Moi) Tu ne penses pas que tu stigmatises votre couleur de peau, là ?! Non, autrement je ne me serais pas permis de le dire mais cest ce qui se raconte en centrale. Je ninvente rien, jai parlé avec des collègues et ils mont clairement dit que malgré tout le respect quils avaient pour moi, ils ne sarrêteraient jamais pour un jeune Noir. Ils en ont carrément peur, à croire quont est des bêtes ! Mais bon, que veux-tu... »
En écoutant ces explications, je me suis demandé ce que mon ami ressentait : « Pour moi, dit-il, cest du racisme, sous prétexte que je suis noir je ne peux pas être pris par un taxi comme tout le monde... Mais bon, que veux-tu que je fasse ? Il faut que je passe mon permis et machète une voiture, comme ça, je ne rencontrerai plus jamais ce problème. »
Son visage triste ma attristée. Arrivés à destination, il paye le monsieur sans récupérer sa monnaie et en le remerciant mille fois de nous avoir pris. Une fois dans ma chambre, le corps encore tout tremblotant de froid, je repense à cette nuit dattente dans la rue, et je me dis qu'en 2009, le racisme, cest ressenti et ça blesse avec peu. Bien que je naie pas été visée par ce « refus de black », jai été blessée par le raisonnement bête et puéril des chauffeurs de taxis. Va-t-on en créer des spéciaux pour Paris-banlieue ?
Inès El Laboudy
Dimanche 25/10/2009 | Posté par Inès El laboudy
TOUS DES MUSTAPHA KESSOUS (VII). Cette « Nuit blanche » parisienne à attendre un taxi na jamais été aussi longue pour Inès et son ami. Récit.
Il est 2 heures du matin, boulevard Magenta, Paris 10e. Après avoir bien profité avec des amis de la « Nuit Blanche » organisée depuis sept ans dans la capitale au mois doctobre, je rentre à Bobigny avec lun deux. Les autres préfèrent finir la nuit en boîte. Pas trop mon trip... Le métro, ligne 5, à cette heure-ci, il ny en a plus, alors quil fonctionne sur les lignes 10 et 14. Le taxi est donc la seule option, à lexception de la marche à pied qui nous ferait arriver chez nous à 5 heures du mat.
Mon ami se met au bord de la route pour arrêter un taxi. Un, deux, cinq, trente passent sans sarrêter. Certains dentre eux pourtant, sarrêtent 50 mètres plus loin pour prendre dautres clients, alors que pas plus que nous, il ne se trouvent à une station de taxis. Mais eux sont blancs (comme moi dailleurs), alors que mon ami est black. Pas comme ce groupe de jeunes femmes blanches quun taxi se fait un plaisir de prendre à son bord. Ce petit manège durera près de 3 heures ! En changeant de rue toutes les demi-heures. Du coup, retour au point de départ, à hauteur de la station République. Il est 5h20 du matin... Mes pieds sont gelés et crispés dans mes talons par le froid, ma petite robe ne me réchauffe guère, encore moins le châle dans lequel je menroule...
Miracle ! Un taxi nous voit et fait signe à mon ami de venir. Il y va pendant que jannonce à mon frère que jai peut-être un taxi. Cela fait près de 30 minutes quil me supporte au téléphone alors quil est avec sa petite amie. Ça y est, on peut enfin monter dans un taxi. Vous nimaginez pas le bonheur que ça a été pour moi que de masseoir au chaud. Le chauffeur, un jeune Black denviron 25 ans, nous dit :
« Punaise ! Depuis quelle heure vous attendez un taxi ? Depuis 2 heures du mat... Jai eu le temps de faire six courses avec des clients et à chaque fois que je passais par le boulevard, je vous voyais, raconte le taximan. Malheureusement, jétais déjà occupé, autrement je me serais arrêté. Mais en toute honnêteté, si là, je suis venu vous prendre cest parce que ta place, jeune homme, je lai eue avant. Eh oui ! Tes jeune, black, les taxis ils ont peur des Noirs, surtout à cette heure aussi tardive ! Taurais dû envoyer la minette et te mettre en retrait : avec sa robe et ses talons, ils se seraient sûrement arrêtés. Mais en te voyant, ils se disent directement que tu vas en banlieue et qui dit banlieue dit racaille ! »
« (Moi) Tu ne penses pas que tu stigmatises votre couleur de peau, là ?! Non, autrement je ne me serais pas permis de le dire mais cest ce qui se raconte en centrale. Je ninvente rien, jai parlé avec des collègues et ils mont clairement dit que malgré tout le respect quils avaient pour moi, ils ne sarrêteraient jamais pour un jeune Noir. Ils en ont carrément peur, à croire quont est des bêtes ! Mais bon, que veux-tu... »
En écoutant ces explications, je me suis demandé ce que mon ami ressentait : « Pour moi, dit-il, cest du racisme, sous prétexte que je suis noir je ne peux pas être pris par un taxi comme tout le monde... Mais bon, que veux-tu que je fasse ? Il faut que je passe mon permis et machète une voiture, comme ça, je ne rencontrerai plus jamais ce problème. »
Son visage triste ma attristée. Arrivés à destination, il paye le monsieur sans récupérer sa monnaie et en le remerciant mille fois de nous avoir pris. Une fois dans ma chambre, le corps encore tout tremblotant de froid, je repense à cette nuit dattente dans la rue, et je me dis qu'en 2009, le racisme, cest ressenti et ça blesse avec peu. Bien que je naie pas été visée par ce « refus de black », jai été blessée par le raisonnement bête et puéril des chauffeurs de taxis. Va-t-on en créer des spéciaux pour Paris-banlieue ?
Inès El Laboudy