"L'imposture" de Tariq Ramadan confirmée dans une biographie
Par
Hadrien Mathoux
Publié le 14/02/2020 à 18:49
Le journaliste Ian Hamel retrace dans un ouvrage exhaustif l'ascension et la chute de l'islamologue accusé de viols. De la faible qualité des travaux de Ramadan à l'étendue de ses soutiens, rien n'est éludé.
C'est l'histoire de l'
islamiste le plus connu de France, devenu un symbole pour de nombreux musulmans, propulsé sur le devant de la scène par tout un aréopage de médias, d'intellectuels et d'hommes politiques, avant une chute vertigineuse : celui qui prônait une vertu ultra-conservatrice s'est retrouvé confondu, à partir de l'automne 2017, par une série d'accusations de viol suivies par des révélations sur sa vie privée très agitée. Il a d'ailleurs fait l'objet d'une nouvelle mise en examen
ce jeudi 13 février à la suite de deux plaintes supplémentaires pour viol. Cette longue ascension, et ce plongeon rapide, le journaliste suisse Ian Hamel les décortique en détail dans une somme de près de 500 pages parue début janvier :
Tariq Ramadan, histoire d'une imposture (Flammarion), qui s'impose comme l'un des ouvrages de référence pour ceux qui voudraient retracer le parcours de l'islamologue.
APPORT INTELLECTUEL FAIBLE, SOUTIENS MASSIFS
Écrit dans un style sobre, dépouillé, voire télégraphique par instants, le livre se découpe en deux parties. La première revient sur "
l'ascension du marabout". Partant de l'examen de l'ascendance du prédicateur, qui est le petit fils du fondateur des Frères musulmans Hassan Al-Banna, Ian Hamel montre comment Tariq Ramadan a méthodiquement étendu son influence, d'abord sur les bords du lac Léman
via le Centre islamique de Genève puis dans les quartiers français, à partir de Lyon. Une telle montée en puissance n'aurait pas été possible sans l'appui de figures éclectiques : si l'homme politique suisse Jean Ziegler a joué un rôle clef, Hamel montre que l'habileté du fils de Saïd Ramadan à séduire les "Occidentaux" lui a permis de plaire à des milieux très divers. "
Le véritable talent de Tariq Ramadan réside dans sa capacité à établir des ponts avec un ensemble d'intellectuels non musulmans", écrit le journaliste.
Le spécialiste du double discours (apaisé auprès du grand public, dur lorsqu'il s'adresse aux musulmans) s'est en effet attiré la sympathie de dignitaires de l'Eglise catholique, mais également de figures de gauche au sein de la Ligue des droits de l'homme ou de la Ligue de l'enseignement. Le monde universitaire n'est pas en reste, avec notamment le célèbre historien américain spécialiste du monde arabe Eugene Rogan ou encore François Burgat, islamologue et politologue devenu le compagnon de route le plus fidèle de Ramadan. Au passage, l'ouvrage de Ian Hamel clarifie un élément peu connu : si sa production littéraire est pléthorique, Tariq Ramadan n'est en aucun cas considéré comme un théologue compétent par les spécialistes de l'islam. Son succès auprès de la communauté musulmane francophone semble davantage découler de sa maîtrise des codes de la communication moderne et de son charisme que d'un apport intellectuel conséquent, contrairement à ce que ses partisans tentent de faire croire.