Tramway de Bordeaux : accidents, pannes… Vingt ans après, « il y a trop de monde »

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Pour bien des usagers, TBM est devenu l’acronyme de « T’aimes bien marcher ». Entre panne et saturation, ceux-ci témoignent de leur mécontentement. © Crédit photo : Archives Quentin Salinier/ « Sud Ouest »

Vingt ans… et une collision spectaculaire pour fêter ça. Cruelle coïncidence, l’accident – inédit – qui s’est produit samedi 16 décembre au soir sur les quais est venu percuter, si l’on ose dire, l’anniversaire du tramway de Bordeaux, tout en rappelant qu’en deux décennies, ce sont aussi ses pannes et ses accidents qui ont défrayé la chronique. Et même si c’est une habitude bien française de préférer parler des trains en retard, les Bordelais ont pris l’habitude de scruter le tempo des trams à la loupe ; le nez sur les panneaux d’affichage ou sur leur smartphone connecté à l’appli TBM. Avec cette angoisse quasi-quotidienne que l’acronyme TBM soit celui de « T’aimes bien marcher » ! Car parmi les voyageurs rencontrés sur l’intégralité du réseau, pas un qui n’ait eu à déplorer d’avoir à plusieurs reprises dû terminer son parcours à pied, à cause d’une panne ou d’une collision.

« Trop de monde »​

Pour Yolande, de Pessac, installée dans une rame de la ligne B, « c’est horrible aux heures de pointe avec les facs ; il y a trop de monde ». Une réalité confirmée par les rapports annuels du délégataire, lesquels, année après année, témoignent d’une croissance ininterrompue de la fréquentation des lignes, jusqu’à atteindre en 2022 les 108,16 millions de voyageurs. Exception faite des années 2019 et 2020 ayant vu se succéder les manifestations des gilets jaunes, l’incendie du parking des Salinières et la crise sanitaire.

Pour ce conducteur qui souhaite garder l’anonymat, le sentiment est amer « d’avoir l’impression tous les matins de laisser la moitié des voyageurs en station ». Et ce constat : si « le tram est un succès pour Bordeaux et son image, il n’a pas su anticiper et s’adapter à l’augmentation de la population ». « Regardez le bazar que c’est depuis que la ligne A va jusqu’à l’aéroport », relève cet usager qui peine à rentrer place Pey-Berland. « On ne peut plus rentrer à cause des grosses valises qui bloquent les allées. »

Pour le président de la Fédération nationale des associations d’usagers des transports (Fnaut) de Nouvelle-Aquitaine, Christian Broucaret, « depuis la décision de la créer la ligne D, rien n’a évolué ». Pis, selon lui, « le réseau a été pensé par les politiques et pas assez par l’exploitant ». Il en veut pour preuve « le nombre de stations qui obère la vitesse du tram » et dont il juge que « certaines pourraient être supprimées pour gagner en fluidité ». Alors que Keolis convient dans son bilan 2022 « d’une fréquentation en voyageurs évolutive se répercutant sur le temps d’échanges en station » en même temps que « de l’augmentation des incivilités », pour justifier du fait.

 
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