http://syrie.blog.lemonde.fr/2011/05/26/les-alaouites-pris-en-otage-par-le-regime-syrien/#comments
Soyons clair : le régime syrien na jamais été alaouite. Il était jadis baathiste. Il est aujourdhui mafieux. Il est en effet dirigé, non pas par une communauté, mais par une "famille", les Al Assad. Pour servir ses intérêts de pouvoir, celle-ci a recruté et réuni autour delle des associés dans lensemble des communautés religieuses et ethniques coexistant en Syrie. Elle leur a fait miroiter un rôle de partenaires, mais, dépourvus de la moindre autorité et demprise sur la décision, ils ne sont guère plus que des faire-valoir et des cautions.
Issue dune branche sans importance de la communauté alaouite, la famille Al Assad sest naturellement entourée en priorité, pour assurer sa protection, de membres de son clan puis de sa communauté, en application du vieux dicton "moi contre mon frère, moi et mon frère contre notre cousin, moi, mon frère et notre cousin contre nos voisins, etc
". Si les sunnites et les chrétiens, dautant mieux accueillis quils disposaient de capitaux et étaient disposés à jouer les comparses pour sauvegarder lessentiel, sont relativement nombreux parmi les hommes daffaires constitués en holdings autour de la famille présidentielle, ce sont les alaouites qui dominent outrageusement au sein des appareils militaires et sécuritaires, dont la mission quasi exclusive est devenue avec le temps la défense du clan au pouvoir.
Depuis le début de « lintifada » en Syrie, le 15 mars 2011, des alaouites ont participé au côté des autres communautés au mouvement de revendication et de protestation. A Homs, en particulier, où ils sont bien implantés, les partisans de Salah Jadid et ceux de Mohammed Omran ont pris une part active à la contestation. Cest un alaouite qui a détruit, le 25 mars, leffigie de Hafez Al Assad et de Bachar Al Assad surplombant lentrée du Club des Officiers de la ville.
Les Syriens soumis depuis plus de deux mois aux exactions et aux atrocités de ces hommes ne peuvent sempêcher de constater, même sils ne le disent pas, que ceux qui les répriment, qui les arrêtent, qui les torturent et qui les tuent sont en majorité "des alaouites". Ils savent que, ce faisant, soldats, moukhabarat et chabbiha exécutent les ordres de leurs chefs, Maher Al Assad, Hafez Makhlouf, Atef Najib et bien dautres. Mais, alors queux-mêmes crient en défilant "Al chaab al souri wahed, wahed, wahed, wahed" (le peuple syrien est un, un, un et un) ils sinquiètent de voir dans lacharnement et la sauvagerie de leur comportement une haine des autres communautés en général, et de la communauté sunnite majoritaire en particulier, quils semblent vouloir anéantir par tous les moyens.
Au cours des deux mois écoulés, plus dun millier de Syriens ont été victimes dune répression dune cruauté sans nom, à laquelle, que cela plaise ou non, les officiers, militaires, agents des services de renseignements et voyous issus de la communauté alaouite, se conformant aveuglément aux ordres du régime, ont pris une part prépondérante. Ils ont ainsi gravement porté atteinte à lhonneur de leurs tribus. Il apparaît urgent que les signataires de ce communiqué, cheikhs des Numaïtila, Haddadin, Kalbiyeh et Haydariyeh, mais également lensemble des responsables et des membres de la communauté, confirment ce quils disaient alors. Il en va de lintérêt et de lavenir des alaouites dans leur ensemble.