Zmagri? Qui sommes nous?

apsent

dima ji3an
VIB
moi je me rapel mon pére alah ira7mou

quand je conduisé il guelé tjr pou que je roule sur autoroute d'espagne a 85 km h maximum :D

c di saloubart la gurdiane cifil :D
 
Bon, j'ai déjà posté ce sujet... mais je pense que j'aurais plus de succès dans JRAD, alors j'essaye. Je fusionnerai les deux discussions plus tard.





Salaam,

je suis un peu nostalgique en ce moment. Du coup, je fais ressurgir tous les bons souvenirs enfouis dans ma mémoire.
Or, je remarque que beaucoup sont liés à ma "zmagritude" et sont relativement différents de ceux de mes collègues, camarades franco-francais ou autres ("jolies colonies de vacances", "scoutisme", etc.).

Voici un exemple: un souvenir a ressurgi par hasard dernièrement... celui des inscriptions gravées au coûteau sur la porte des toilettes ou des douches des aires de repos espagnoles (celle sur lesquelles s'arrêtent les zmagris sur la route du bled), du genre: "Tawfiq, 9-5 en force", ou bien "Big up pour Bourg en Bresse" ou encore: "Mohamed-Amine, 8/07/2005".

Bref... je me suis d'abord dit: "les petits ****... ils ne savent vraiment pas ce qu'ils font"... Mais cela m'a amené à d'autres réflexions: j'ai pensé qu'une telle image ne se cacherait certainement pas au fond de l'inconscient d'un Francais moyen (ou d'un Marocain)... et que c'était un souvenir très spécifique. Une de ces images qui font mon (notre?) identité à nous les enfants d'immigrés.

J'ai ensuite repensé à mon père qui ouvrait toujours le "capot" (ca s'écrit comme ca?) de la voiture, à chaque arrêt et qui faisait le guêt (il ne s'éloignait jamais bcp de sa voiture), souvent en discutant avec les autres "darons" qui eux aussi se reposait en même temps que nous, pendant que ma mère sortait la nourriture du coffre... etc.

Voilà: ce types d'images, de sensations qui ressurgissent parfois sont sûrement très spécifiques, propre à notre vécu d'enfants d'immigrés.

Et vous? qu'est ce qui fait vôtre identité? quels sont vos plus beaux souvenirs? sont-ils liés à cette histoire commune?
Avez-vous l'impression de former une communauté spécifique?

(PS: sans nier bien-sûr qu'une grande partie de notre vécu est semblable à celui de nos concitoyens Francais de souche ou de nos cousins Marocains.)
nous sommes des skizophrénes ;)
 
ah bon pourquoi??????????? explique toi!
pour ma part quand je suis en france je dégage toute ma marocanité
et quand je suis au maroc toute ma francitude est mis en exergue (alors que j'essaie d'être humble quand à mon retour au source
je fais en sorte de ne froisser personne etc... )
je ne sais pas pourquoi :eek:
et je ne suis pas un cas isolé
c le cas de nombreux zmygrya

Avons nous la maîtrise de cela?
je pense que non c inscrit en nous
d'où notre côté skizo ;)

ce n'est que la partie voyante de l'iceberg sur ce que je pense...
 
Petit plongeon dans le passé.

La traversée dans l "khala".

La nuit, le vide, les grandes étendues qui séparent les quartiers de la périphéries.
Ces maisons esseulées entre deux groupes compacts. Et ces cercles solidaires autour d'une radio, au milieu de rien... Quelque part, au loin: les bruits d'un chantier, d'une usine qui tourne toute la nuit.
Nous passons: "Salaaam 3alikoum" - "Wa 3alikoum salaaaam ou ra7mat oullah ou barakatou". Je ne vois pas ou je marche. Je m'enfonce constamment des échardes dans le pied: des boûts de chardons, des cailloux, et tout ce qui passe à travers mes chaussures ouvertes et si déchirées qu'on ne peut même plus les appeler des chaussures(chenkla).
La poussière se colle à ma sueur sous la plante des pieds (une sensation que je n'ai jamais connu en France... sauf dans les Landes sur les autoroutes pour le bled); le vent du soir s'engouffre dans ma chemise d'été ou -mieux- dans ma gandoura (que nous, nous appelons "tchamira").
Le cri des grillons peuple la nuit, la rempli, la fait enfler comme une outre trop pleine (je ne sais jamais comment décrire les nuits d'été); au loin les chiens se désolent bruyamment, déchirant par moment la plénitude que je viens d'évoquer. Et toujours ces radios qui déjectent les infos ou des chansons orientales à la face du ciel... et des ... 7achichiyines.


Les aboiements des chiens qui s'aventurent jusque dans les rues désertées.
Je me souviens de ces moments de "confrontation" avec les chiens, dans mon enfances. En fait, contrairement à mes petits camarades blédards, j'en avais très peur (mais on devait bientôt m'apprendre que c'est aux chiens de craindre les hommes, et non l'inverse). Lorsqu'un chien se trouvait sur mon passage, j'évitais de croiser le regard avec lui: je faisais demi-tour, discrètement.
Puis le rapport de force s'est inversé. J'ai commencé à leur jeter des pierres. Enfin, ils se sont mis à me fuir du simple fait que je ne les craignais plus (merci mes petits camarades de Tétouan!).
Je devais plus tard apprendre qu'il en va des hommes comme des chiens: il ne faut pas les craindre, pour s'en faire respecter.

-Les épiciers qui ramassent les produits de leur étalage; le bruit des rideaux de fer, et de la "marquise" qu'on remonte. Les derniers clients qui prennent du pain au dernier moment (sûrement des célibataires lli ghadine t3achaw b reste dial mar9a).

-Les taxis qui aménent (ou ramènent) les femmes maquillées et coiffées à outrance à un quelconque qssar des environs ou chez flane ou flane pour le mariage d'une telle ou d'un tel (chez nous on dit aussi: "l bouja").

-Les Hachichiyines au sourire édenté et au rire sonore; souvent le visage rougi par le travail en plein air et la peau scarifiée par les rixes nocturnes. Ils se roulent un join, en pleine avenue, mais à l'abri du regard des "farrouj" (à qui il arrive de rentrer plus tard qu'il n'est convenable) ainsi que du 7ajj un tel (même les drogués, kay 7echmou: ils ont malgré tout la notion de la pudeur).
Quand un policier rentre, seul et tard, après le service, avec à la main un sac noir rempli des courses pour sa femme et ses enfants (mcha yitsakharr f l mdina 9bal ma rja3 ll dar), il est gratifié d'un salaam distant, plein de méfiance et parfois d'un salut rayonnant en forme de défi.
Des voitures "dial Spagna" s'arrêtent devant les fumeurs aux dents pourries. On baisse la vitre, on crie: "Jibti li l sel3a? Viva a khay m7ammed! Viva lik!". On parle, on discute: un tel vient de faire une descente à Sebta -il a ramené la voiture pleine de marchandises; tel douanier, tel ... tel... etc.
 
En partance pour la plage.
Je suis assis près du frein à main, le dos au chauffeur. Toutes les "chrifat" (djebliyat) sont installées sur les sièges avec leurs enfants. Toujours le même protocole: "gless a chcherifa, tfadli". Les jeunes paysans rougis par le "plein-air" cèdent immanquablement leur place. Et toujours cette même dentition approximative qui m'a tant marquée lorsque j'étais enfant.
On se tient comme on peut aux barres de l'autobus... waqfine, et ce, afin de ne pas trop souffrir des virages. Les bras levés des travailleurs: la transpiration. Les vitres cassées et l'odeur du goudron chaud et flouté qui s'engouffre avec le vent de la mer.
Les poules et les dindes tenues par les pieds, la tête en bas. les pattes attachées et l'odeur de la volaille.
Les serviettes oranges ou rosées, nouées autour des hanches.
Et les secousses du bus après à tout instant: quand il se rabat sur la droite pour laisser passer un camion; quand il tente de doubler, quand il affronte de face les aléas de la route et du sort: les pierres qui se dressent comme un défi; les trous qui s'offrent comme des gouffres.
Il faut tenir les parasols ou les remettre en place, s'excuser auprès de sa (ou son) vénérable voisin(e); sourire ou au contraire s'emporter face à l'insuopportable inattention de tel ou tel.
Les jeunes sont prêt: labssine "e-sh-short", les lunettes de soleil et tout l'équipement qui s'impose en pareilles circonstances: le petit frère à la main (à moins que ce ne soit un quelconque gamin du quartier, l'enfant des voisins ou qui sais-je encore...), fermement maintenu à proximité par le poignet, le bras ou la nuque. Et comment échapper à l'emprise des aînés?
E-ttobus s'arrête: la plage est devant soi, avec ses galets et ses pierres qui font mal... et l'Espagne à l'horizon.
 
Bon, j'ai déjà posté ce sujet... mais je pense que j'aurais plus de succès dans JRAD, alors j'essaye. Je fusionnerai les deux discussions plus tard.





Salaam,

je suis un peu nostalgique en ce moment. Du coup, je fais ressurgir tous les bons souvenirs enfouis dans ma mémoire.
Or, je remarque que beaucoup sont liés à ma "zmagritude" et sont relativement différents de ceux de mes collègues, camarades franco-francais ou autres ("jolies colonies de vacances", "scoutisme", etc.).

Voici un exemple: un souvenir a ressurgi par hasard dernièrement... celui des inscriptions gravées au coûteau sur la porte des toilettes ou des douches des aires de repos espagnoles (celle sur lesquelles s'arrêtent les zmagris sur la route du bled), du genre: "Tawfiq, 9-5 en force", ou bien "Big up pour Bourg en Bresse" ou encore: "Mohamed-Amine, 8/07/2005".

Bref... je me suis d'abord dit: "les petits ****... ils ne savent vraiment pas ce qu'ils font"... Mais cela m'a amené à d'autres réflexions: j'ai pensé qu'une telle image ne se cacherait certainement pas au fond de l'inconscient d'un Francais moyen (ou d'un Marocain)... et que c'était un souvenir très spécifique. Une de ces images qui font mon (notre?) identité à nous les enfants d'immigrés.

J'ai ensuite repensé à mon père qui ouvrait toujours le "capot" (ca s'écrit comme ca?) de la voiture, à chaque arrêt et qui faisait le guêt (il ne s'éloignait jamais bcp de sa voiture), souvent en discutant avec les autres "darons" qui eux aussi se reposait en même temps que nous, pendant que ma mère sortait la nourriture du coffre... etc.

Voilà: ce types d'images, de sensations qui ressurgissent parfois sont sûrement très spécifiques, propre à notre vécu d'enfants d'immigrés.

Et vous? qu'est ce qui fait vôtre identité? quels sont vos plus beaux souvenirs? sont-ils liés à cette histoire commune?
Avez-vous l'impression de former une communauté spécifique?

(PS: sans nier bien-sûr qu'une grande partie de notre vécu est semblable à celui de nos concitoyens Francais de souche ou de nos cousins Marocains.)


Qui sommes nous? Des gens , des bnademes comme les autres qui vivent des moments extraordinaires........

ps : ton post super!!!
 

la_missia

★ єηνιє ∂'&
Je me suis aussi reconnu dans ces 4 souvenirs!

Les RIDEAUX!!!!!!!!! les fameux RIDEAUX!
Le sac banane de mon père (vous allez rire... mais on l'a toujours! c'est là qu'on met les papiers!).

Et les machines à sou... sur le bâteau ;)

a nous les papiers et l'argent ils ont bien camouflés lol

Ma mere avait trafiqué un petit coussin yavais une doublure et tout avec un zipe, et mon pere il s'assayait dessus quand il conduisait et il l'utilisait pour dormir lol
 
Petit plongeon dans le passé.

La traversée dans l "khala".

La nuit, le vide, les grandes étendues qui séparent les quartiers de la périphéries.
Ces maisons esseulées entre deux groupes compacts. Et ces cercles solidaires autour d'une radio, au milieu de rien... Quelque part, au loin: les bruits d'un chantier, d'une usine qui tourne toute la nuit.
Nous passons: "Salaaam 3alikoum" - "Wa 3alikoum salaaaam ou ra7mat oullah ou barakatou". Je ne vois pas ou je marche. Je m'enfonce constamment des échardes dans le pied: des boûts de chardons, des cailloux, et tout ce qui passe à travers mes chaussures ouvertes et si déchirées qu'on ne peut même plus les appeler des chaussures(chenkla).
La poussière se colle à ma sueur sous la plante des pieds (une sensation que je n'ai jamais connu en France... sauf dans les Landes sur les autoroutes pour le bled); le vent du soir s'engouffre dans ma chemise d'été ou -mieux- dans ma gandoura (que nous, nous appelons "tchamira").
Le cri des grillons peuple la nuit, la rempli, la fait enfler comme une outre trop pleine (je ne sais jamais comment décrire les nuits d'été); au loin les chiens se désolent bruyamment, déchirant par moment la plénitude que je viens d'évoquer. Et toujours ces radios qui déjectent les infos ou des chansons orientales à la face du ciel... et des ... 7achichiyines.


Les aboiements des chiens qui s'aventurent jusque dans les rues désertées.
Je me souviens de ces moments de "confrontation" avec les chiens, dans mon enfances. En fait, contrairement à mes petits camarades blédards, j'en avais très peur (mais on devait bientôt m'apprendre que c'est aux chiens de craindre les hommes, et non l'inverse). Lorsqu'un chien se trouvait sur mon passage, j'évitais de croiser le regard avec lui: je faisais demi-tour, discrètement.
Puis le rapport de force s'est inversé. J'ai commencé à leur jeter des pierres. Enfin, ils se sont mis à me fuir du simple fait que je ne les craignais plus (merci mes petits camarades de Tétouan!).
Je devais plus tard apprendre qu'il en va des hommes comme des chiens: il ne faut pas les craindre, pour s'en faire respecter.

-Les épiciers qui ramassent les produits de leur étalage; le bruit des rideaux de fer, et de la "marquise" qu'on remonte. Les derniers clients qui prennent du pain au dernier moment (sûrement des célibataires lli ghadine t3achaw b reste dial mar9a).

-Les taxis qui aménent (ou ramènent) les femmes maquillées et coiffées à outrance à un quelconque qssar des environs ou chez flane ou flane pour le mariage d'une telle ou d'un tel (chez nous on dit aussi: "l bouja").

-Les Hachichiyines au sourire édenté et au rire sonore; souvent le visage rougi par le travail en plein air et la peau scarifiée par les rixes nocturnes. Ils se roulent un join, en pleine avenue, mais à l'abri du regard des "farrouj" (à qui il arrive de rentrer plus tard qu'il n'est convenable) ainsi que du 7ajj un tel (même les drogués, kay 7echmou: ils ont malgré tout la notion de la pudeur).
Quand un policier rentre, seul et tard, après le service, avec à la main un sac noir rempli des courses pour sa femme et ses enfants (mcha yitsakharr f l mdina 9bal ma rja3 ll dar), il est gratifié d'un salaam distant, plein de méfiance et parfois d'un salut rayonnant en forme de défi.
Des voitures "dial Spagna" s'arrêtent devant les fumeurs aux dents pourries. On baisse la vitre, on crie: "Jibti li l sel3a? Viva a khay m7ammed! Viva lik!". On parle, on discute: un tel vient de faire une descente à Sebta -il a ramené la voiture pleine de marchandises; tel douanier, tel ... tel... etc.

j'aime trop comment tu racontes tu devrais ecrire un livre!!
 
;) merci mais arrête tu vas me faire rougir...
En fait, le but de ces pots, c'est aussi de lire vos souvenirs! ceux de tous les bladinautes qui se reconnaissent et qui ont vécu des choses similaires (ou complétement différentes).
Tout le monde est bienvenu!
 
;) merci mais arrête tu vas me faire rougir...
En fait, le but de ces pots, c'est aussi de lire vos souvenirs! ceux de tous les bladinautes qui se reconnaissent et qui ont vécu des choses similaires (ou complétement différentes).
Tout le monde est bienvenu!

enfait mes souvenirs sont les memes que ceux citées plus haut, le j5 dans les aires de repos la maman qui sort la bouf le pere qui fait salat a coté et qui papote ensuite avec les autres les capots ouvert...
que du bonheur, c'est pour ca je voyais pas l'utilité de raconter le meme chose

franchement c'est serieux tu ecrit trop bien!machalah
 
On se plaint de ces longs trajets PENDANT, car ils sont pénibles. mais après, on en garde de très bons souvenirs.
mais le chemin du retour est quand même triste, alors que l'aller on le fait à coeur joie.
 
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