À 20 ans, Woheb est étudiant en première année d’économie. Un statut inespéré pour un jeune qui a connu la rue, les squats et la misère depuis deux ans. Pour se sortir de la rue, il a appelé à l’aide sur internet.
La rue lui a offert une résilience rare pour un jeune homme de 20 ans. Woheb* a vécu les deux dernières années de sa vie entre les trottoirs, les squats, et les canapés de ses amis. Une instabilité chronique qui a failli le détruire physiquement, en plus d’avoir patiemment balayé son ego. Il a fallu à Woheb une combativité de chaque instant pour se construire dans la brutalité des regards inquisiteurs. S’immiscer dans la vie de ce jeune homme, c’est se trouver à la croisée des chemins de Gavroche et de Candide: même emmitouflé dans son duvet, dans le hall d’immeuble glacial de l’hiver bourguignon, il a souvent réussi à s’en convaincre: «Tout va pour le mieux, dans le meilleur des mondes.»
Woheb a 18 ans quand il décide de quitter son appartement familial, à Belfort. «Nous vivions dans un appartement minuscule avec ma mère et mon frère. Je me suis toujours senti exclu. Ma mère m’avait imaginé grand gaillard au verbe fort. Mais je suis un petit gars, timide, introverti. Je l’ai toujours déçue. Il est arrivé un moment où nous ne pouvions plus vivre ensemble. Sans emploi et avec deux enfants à charge, ma mère, de toute façon, ne pouvait plus me garder» raconte-t-il. Comme il va prendre l’habitude de le faire à partir de ce moment, Woheb commence à squatter à droite à gauche.
Il est en classe de première quand il débarque chez la sœur d’un ami, un sac sur le dos, rien de plus. «Ils m’ont aidé, et ils m’ont nourri. Nous refaisions mon CV ensemble parce qu’ils voulaient que je quitte le lycée pour aller travailler. Heureusement je n’ai jamais été pris comme serveur. J’ai fini par me faire virer de chez eux au bout de deux mois, parce que j’étais en trop, tout simplement» Woheb raconte chaque pan de son histoire avec un humour froid, cynique. Il a l’habitude d‘être moqué, il l’a été en continu depuis deux ans. Pour se protéger, il apprend l’emphase et le sarcasme.
Des draps dans les vêtements et des nuits aux urgences
Voilà comment l’homme qu’il vient de devenir se retrouve dans la rue, pour la première fois, à 18 ans en classe de 1ère. «J’étais transparent. À partir du moment où j’ai sorti mon sac de couchage dans un hall d’immeuble pourri de ma cité, plus personne ne me calculait. J’avais déjà perdu 10 kilos sur les trois derniers mois parce que je n’osais pas manger à ma faim, et je continuai à perdre. C’était en mai, mais j’avais froid. Ma première nuit, je me suis dit ‘Mais c’est pas possible, je suis lycéen, je suis dans la rue, et tout le monde s’en fout!’»
La rue lui a offert une résilience rare pour un jeune homme de 20 ans. Woheb* a vécu les deux dernières années de sa vie entre les trottoirs, les squats, et les canapés de ses amis. Une instabilité chronique qui a failli le détruire physiquement, en plus d’avoir patiemment balayé son ego. Il a fallu à Woheb une combativité de chaque instant pour se construire dans la brutalité des regards inquisiteurs. S’immiscer dans la vie de ce jeune homme, c’est se trouver à la croisée des chemins de Gavroche et de Candide: même emmitouflé dans son duvet, dans le hall d’immeuble glacial de l’hiver bourguignon, il a souvent réussi à s’en convaincre: «Tout va pour le mieux, dans le meilleur des mondes.»
Woheb a 18 ans quand il décide de quitter son appartement familial, à Belfort. «Nous vivions dans un appartement minuscule avec ma mère et mon frère. Je me suis toujours senti exclu. Ma mère m’avait imaginé grand gaillard au verbe fort. Mais je suis un petit gars, timide, introverti. Je l’ai toujours déçue. Il est arrivé un moment où nous ne pouvions plus vivre ensemble. Sans emploi et avec deux enfants à charge, ma mère, de toute façon, ne pouvait plus me garder» raconte-t-il. Comme il va prendre l’habitude de le faire à partir de ce moment, Woheb commence à squatter à droite à gauche.
Il est en classe de première quand il débarque chez la sœur d’un ami, un sac sur le dos, rien de plus. «Ils m’ont aidé, et ils m’ont nourri. Nous refaisions mon CV ensemble parce qu’ils voulaient que je quitte le lycée pour aller travailler. Heureusement je n’ai jamais été pris comme serveur. J’ai fini par me faire virer de chez eux au bout de deux mois, parce que j’étais en trop, tout simplement» Woheb raconte chaque pan de son histoire avec un humour froid, cynique. Il a l’habitude d‘être moqué, il l’a été en continu depuis deux ans. Pour se protéger, il apprend l’emphase et le sarcasme.
Des draps dans les vêtements et des nuits aux urgences
Voilà comment l’homme qu’il vient de devenir se retrouve dans la rue, pour la première fois, à 18 ans en classe de 1ère. «J’étais transparent. À partir du moment où j’ai sorti mon sac de couchage dans un hall d’immeuble pourri de ma cité, plus personne ne me calculait. J’avais déjà perdu 10 kilos sur les trois derniers mois parce que je n’osais pas manger à ma faim, et je continuai à perdre. C’était en mai, mais j’avais froid. Ma première nuit, je me suis dit ‘Mais c’est pas possible, je suis lycéen, je suis dans la rue, et tout le monde s’en fout!’»