270 000 salariés de l'industrie allemande en grève

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Environ 90 000 grévistes, vendredi 4 mai, et 115 000, jeudi 3 : au total, ce sont plus de 270 000 salariés de l'industrie qui ont cessé le travail au moins une heure au cours des six derniers jours en Allemagne. Selon le syndicat IG Metall, qui négocie des hausses de rémunération pour les 3,5 millions de salariés de la métallurgie, de l'automobile ou des machines-outils, c'est une excellente participation.


" Les salariés de 1 000 entreprises ont participé au mouvement, dont des PME de 50 ou 100 salariés. C'est exceptionnel ", explique Ingrid Gier, d'IG Metall. "

IG Metall peut s'appuyer sur un climat social favorable aux revendications salariales. En mars, les employés des services publics ont obtenu 6,3 % d'augmentation. Dans les services, Verdi est sur le pied de guerre : le syndicat a organisé la grève de 15 000 employés de Deutsche Telekom et s'apprête à en faire autant dans la banque, secteur qui emploie 220 000 salariés.


Les syndicalistes de l'industrie se préparent à des négociations difficiles. " Le patronat n'a pour l'instant donné aucun signe d'ouverture vis-à-vis de nos revendications ", lâche Mme Gier. Il faut dire que le fossé entre patronat et syndicat a rarement été aussi profond : le premier est prêt à accorder 3 % d'augmentation, quand le second exige 6,5 %.


" Provocation "


Traditionnellement, les partenaires sociaux trouvent un compromis entre ces deux taux. Mais le ton semble plus agressif que d'habitude. " Les revendications d'IG Metall sont purement et simplement excessives (...). C'est inhabituel ", s'inquiète Martin Kannegiesser, de la fédération d'employeurs Gesamtmetall. Berthold Huber, président d'IG Metall, juge que la proposition de 3 % du patronat est " une provocation " .


IG Metall fait valoir les profits exceptionnels réalisés par les entreprises allemandes en 2011 et estime que les perspectives sont jugées stables pour 2012 et 2013. Les difficultés des pays européens ne semblent pas inquiéter le syndicat. " L'Allemagne peut supporter ces augmentations sans mettre en danger sa réussite économique ", martèle Ingrid Gier.


La fédération patronale des industriels Gesamtmetall ne l'entend pas de cette oreille. Si le secteur automobile se porte bien, les constructeurs de machines-outils ressentent les premières marques d'essoufflement de la conjoncture. " Nous avons certes connu un fort phénomène de rattrapage des effets de la crise, mais notre chiffre d'affaires actuel est inférieur de 10 milliards d'euros à son niveau de 2008 ", a déclaré Hannes Hesse, de la fédération des machines-outils au quotidien Handelsblatt.


Mais le coeur du problème n'est peut-être pas financier. Outre les augmentations, IG Metall exige cette année des garanties pour les travailleurs situés à la marge du contrat de travail : l'embauche à durée indéterminée de tous les apprentis en fin de formation et un droit de regard des comités d'entreprise sur le recours aux intérimaires. Ces deux revendications sont rejetées en bloc par le patronat. Pour IG Metall, elles représentent une ouverture inédite vers des groupes de travailleurs non syndiqués. Pour les employeurs, elles touchent à deux leviers essentiels de la flexibilité des entreprises. L'Allemagne compte actuellement 900 000 travailleurs intérimaires, un record.

Cécile Boutelet Le Monde
 
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