3 mesures annoncées par le Maroc face à la crise mondiale

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Trois mesures phares

C'est un discours optimiste que tiennent les responsables gouvernementaux et les partenaires économiques en dépit de la crise mondiale qui commence à frapper de plein fouet certains pans de l'économie marocaine. Néanmoins, cet optimisme est mesuré car ils sont unanimes sur la plus haute importance d'être vigilants et solidaires pour anticiper les véritables difficultés.


Trois mesures phares seront adoptées au cours des prochaines semaines. La première est relative à la préservation de la compétitivité et de l'emploi. L'Etat financera une partie des charges sociales qui pèsent lourdement sur les entreprises en cette période sous condition de garder leurs salariés. A présent, un plan de mise en œuvre est en train d'être peaufiné.

La deuxième intervention aura trait à l'allégement des difficultés des trésoreries des entreprises en mettant en place un plan pour garantir un financement d'une grande partie des fonds de roulement qui varierait entre 50 et 65 %. Le troisième volet est non moins important. Il s'agit de la promotion des exportations pour que l'économie nationale soit active au lieu de subir l'influence extérieure. Après la première réunion de la cellule de veille, mercredi à Rabat, l'Argentier du Royaume tient à formuler des messages rassurants en estimant que tout porte à croire que l'économie marocaine est capable de dépasser les effets néfastes de la crise.

Le ministre de l'Economie et des Finances signale également qu'en parallèle, il est lieu de tirer profit des opportunités qui se présentent. Un avis que semblent partager, avec beaucoup d'optimisme, les professionnels et les observateurs. Dans le secteur de l'automobile, à titre d'exemple, les équipementiers souffrent mais ils sont appelés à dénicher les possibilités d'attirer les commandes qui peuvent passer d'autres pays au Maroc. Même chose pour le tourisme qui pourrait bénéficier de la proximité avec l'Europe ainsi que la compétitivité des offres nationales.

Des mesures s'imposent, donc, pour avoir une bonne visibilité. Notre pays a pu certes être à l'abri de la crise financière qui avait éclaté dans le monde entier. Cependant, au niveau économique, le Royaume est intégré dans le concert mondial. La durée de la crise commence à inquiéter les pouvoirs publics qui ont entamé les démarches susceptibles de préserver l'équilibre de l'économie nationale.
A en croire la confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), le pays ne sera touché que légèrement car l'agriculture (en raison de la pluviométrie importante) pourra compenser les pertes qui seront enregistrées dans d'autres secteurs.

Ce même constat est signalé par le Haut commissaire au plan Ahmed Lahlimi. « Les performances de la campagne agricole 2008-2009 s'annoncent prometteuses, le cumul pluviométrique, enregistré jusqu'au début du mois de janvier, ayant dépassé de 106 % celui d'une année normale et les barrages ayant atteint un taux de remplissage de 66,6 % au lieu de 46,3 % durant la même période de l'année précédente.
Le secteur agricole bénéficierait des actions particulières dans le cadre de la loi de finances 2009, se traduisant par une augmentation de 76 % des crédits alloués en sa faveur. », a-t-il souligné lors d'un point de presse, mercredi à Casablanca.
Il ajoute à cela les effets de la relance de la politique budgétaire nationale marquée par la hausse de 23,5% de l'investissement public consolidé, la baisse des taux marginaux de l'impôt sur le revenu, la progression de 9 % de la masse salariale et l'augmentation de 15,7 % des autres dépenses de fonctionnement.

Une autre donnée importante est annoncée. Les tensions inflationnistes seraient allégées en 2009 en raison de la baisse des prix à l'importation du pétrole brut et des autres matières premières alors qu'elles ont marqué le marché intérieur des biens et services en 2007 et 2008.
Même si des facteurs internes sont susceptibles d'absorber les effets de la crise, il importe d'être aux aguets. Les chiffres du Haut Commissariat au plan sont là pour témoigner de l'ampleur des effets de la conjoncture internationale sur l'économie marocaine. On cite en premier lieu la prévision de la baisse de 1,2 % de la demande mondiale adressée au Maroc alors qu'elle avait augmenté de 5,6 % en 2007 et de 2 % en 2008. Les transferts des Marocains résidant à l'étranger a enregistré une baisse de 2,4 % en 2008 et pourrait reculer de 5 % en 2009.

En outre, les flux des investissements directs étrangers reçus par le Maroc pourraient continuer de baisser de 20 % en 2009 contre 37 % en 2008.
Selon un communiqué du ministère de l'Economie et des Finances, la crise économique et financière mondiale est désormais une crise majeure fortement évolutive. « Certes les fondamentaux macro-économiques restent sains, avec notamment un budget équilibré, des recettes fiscales en progression et une dette publique en forte baisse mais les effets de cette crise commence, néanmoins, à toucher les secteurs les plus exposés aux aléas de l'environnement international. »
Pour l'année en cours, le gouvernement vise à soutenir la croissance en renforçant l'investissement public, le pouvoir d'achat des marocains ainsi que la demande interne et en appuyant les petites et moyennes entreprises.

La cellule de veille qui vient de démarrer officiellement ses travaux sera une force de proposition afin de bien préparer notre pays à l'après-crise en identifiant les opportunités et les réformes qu'il faudra accélérer. Elle intervient après la mise en place dès le mois d'octobre d'un groupe de réflexion pour évaluer et anticiper les impacts sectoriels de l'évolution économique mondiale. Elle se réunira au moins une fois par mois.


Par Jihane Gattioui | LE MATIN
 
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