60 ans après la Nakba en Palestine

petitbijou

Casablanca d'antan
VIB
Le droit au retour des Palestiniens reste une exigence fondamentale
Comme dans tous les grands combats, il a eu de nombreux tours et détours, et il y en aura beaucoup d'autres.
Mais la cause profonde du conflit - l'expulsion forcée d'un peuple de sa patrie - n'est ni ambigue ni confuse. Il y a soixante ans, c'est précisément ce qui est arrivé aux Palestiniens lors de "la Catastrophe", connue sous le nom de "Al Nakba" en arabe.

Al Nakba, l'un des principaux événements de l'histoire moderne du Moyen-Orient, a commencé le 29 novembre 1947.

Ce jour-là, l'Assemblée générale des Nations Unies a adopté la Résolution 181 partageant le Mandat Britannique de la Palestine (une colonie) en deux États, l'un arabe et l'autre juif.

L'ONU a pris cette initiative décisive sans consulter les Arabes palestiniens, qui à l'époque représentaient les deux tiers de la population.

La majorité de la population juive était composée de colons qui étaient arrivés au cours des trois dernières décennies, principalement en provenance d'Europe. Plus de 100.000 avaient été victimes du génocide nazi.

Alors que les impérialistes américains et britanniques n'avaient pas fait grand-chose avant ou pendant la Seconde Guerre mondiale pour aider les victimes juives du fascisme, ils ont utilisé les horreurs des camps de la mort d'Hitler pour rallier un soutien à la création de l'État d'Israël après la guerre

Les Palestiniens - qui n'avaient rien à voir avec l'antisémitisme européen ou avec le génocide - n'ont pas été consultés avant le vote de l'ONU. Il n'y a pas eu de référendum ou de vote de la population. S'il y en avait eu un, le résultat n'aurait pas été mise en doute : ils auraient choisi à une large majorité un État unitaire. Le vote de l'ONU était un acte illégal et une violation du droit des Palestiniens à l'autodétermination.

La majorité des deux tiers requise pour voter la résolution 181 n'a été obtenue que grâce à une intense pression américaine. Le vote est passé avec 33 pour, 13 contre et 10 abstentions. L'Administration Truman s'appuya fortement sur ses neocolonies et ses Etats-clients et, plus particulièrement, les Philippines, le Libéria, Haïti et la Thaïlande, qui étaient à l'origine opposés à la résolution.

Sans ces quatre voix, la résolution aurait échoué.

Pour des intérêts limités et à court terme, l'Union Soviétique a voté pour la résolution. Cela représentait une trahison à la lutte anti-coloniale des Arabes et cela a gravement nui à la cause socialiste dans la région. Plus tard, l'Union soviétique aurait pu devenir un allié important du mouvement de libération nationale arabe.



Le déplacement forcé d'un peuple

Le vote de l'ONU a été fêté par les Sionistes, le mouvement des colons travaillant à la création d'un Etat exclusivement juif en Palestine. Bien qu'ils ne possédaient que 6% des terres, la Résolution 181 leur accordait 56% de la Palestine.

Du côté palestinien, il y a eu de la colère et de la rébellion. Comme toutes les parties le savaient à l'avance, le partage a signifié une guerre.

Des combats ont éclaté immédiatement.

En janvier 1948, les forces armées sionistes, mieux armées, ont commencé à exécuter le "Plan Dalet". L'objectif de ce plan était de terroriser et de chasser la population palestinienne. Avant le Plan Dalet, des villageois palestiniens avaient quitté leurs maisons au cours de batailles, mais ils n'allaient en général jamais plus loin que le prochain village.

Le 9 avril 1948, une organisation paramilitaire sioniste, l'Irgun, a massacré toute la population du village de Deir Yassin, élevant le "Plan Dalet" à un nouveau niveau de brutalité.
Lorsque tout a été terminé, plus de 200 enfants, femmes et hommes palestiniens avaient été tués. Le massacre était conçu en guise d'avertissement pour tous les Palestiniens.

Alors que l'Agence juive "condamnait" officiellement le massacre de Deir Yassin, elle intégrait, le même jour, la milice de l'Irgun dans le Commandement de l'armée officielle.

Douze jours après Deir Yassine, les forces sionistes ont lancé une attaque meurtrière sur les quartiers palestiniens de la ville mixte de Haïfa. Ils ont lancé des baril-bombes remplis d'essence et de dynamite dans les ruelles de la ville fortement peuplée tandis qu'ils pilonnaient les quartiers arabes avec des obus de mortier. La quasi-totalité de la population arabe a fui

En une semaine, des stratégies similaires ont fait fuir 77000 sur les 80000 Palestiniens vivant dans la ville portuaire de Jaffa.

Le 15 mai 1948, quand Israël a proclamé son indépendance, 300.000 Palestiniens vivaient et mouraient dans des conditions d'exil abominables au Liban, à Gaza, en Syrie et dans la Vallée du Jourdain. A la fin de cette année-là, le nombre de Palestiniens dépossédés était passé à 750.000.

Pendant la guerre de 1948, Israël, avec ses ressources économiques et militaires supérieures et le soutien de puissances occidentales, a conquis 78% de la Palestine.

La stratégie militaire d'Israël était de conquérir non seulement les terres, mais aussi de chasser le plus possible de population palestinienne de cette terre.

Près de 80% de la population arabe ont été "transférés" de force afin de mettre en place le nouvel Etat d'Israël. Leurs fermes, leurs lieux de travail et leurs maisons ont été volés, représentant une base indispensable à la nouvelle économie israélienne et à l'État.

Pendant la "Guerre des Six Jours" de 1967, Israël a saisi le reste de la Palestine Historique: la Cisjordanie et Gaza. Cela a créé 300.000 nouveaux réfugiés, dont beaucoup étaient des exilés pour la seconde fois, ayant déjà fui les Israéliens, 19 ans plus tôt.


Aucun de ces expulsés de 1948 et 1967, ni leurs descendants, aujourd'hui au nombre de plus de 6 millions, n'ont jamais été autorisés à revenir ou ont été indemnisées pour leurs pertes. :eek:

Cette injustice reste en vigueur malgré la résolution 194 de l'ONU, adoptée en décembre 1948, indiquant sans équivoque que tous les réfugiés devaient être autorisés à revenir et à récupérer leurs foyers, leurs terres et autres biens. Les gouvernements américain et israélien ignorent la résolution de l'ONU depuis plus d'un demi-siècle.

Tout en empêchant par la force le retour de l'ensemble des exilés Palestiniens, le nouvel État israélien a proclamé que toute personne vivant n'importe où dans le monde possédant la preuve d'un grand-parent juif, peu importe si elle ou sa famille avait jamais mis les pieds au Moyen-Orient, avait le "droit au retour "en Israël. Ceux qui "rentreraient" obtiendraient immédiatement la citoyenneté dans le nouvel état exclusiviste.



Le Droit au Retour demeure une demande essentielle

Six décennies après Al Nakba, le droit au retour est un problème majeur malgré les constants efforts des dirigeants israéliens et américains pour l'ignorer.

C'est pourquoi la cause reste aussi vitale pour les Palestiniens. Si un peuple est privé de sa terre, son existence même en tant que peuple est menacée. La défense du droit au retour est un élément essentiel dans la lutte visant à maintenir l'unité du peuple palestinien entre ceux qui restent en Palestine Historique et les familles qui ont été illégalement expulsées.

L'opposition des Israéliens au retour des Palestiniens ne réside pas vraiment dans le fait qu'il n'y a "pas de place" pour les Palestiniens en Palestine, comme le prétendent souvent les idéologues sionistes. Cet argument est manifestement raciste.
Le démographe palestinien, le Dr Salman Abu Sitta a démontré clairement que la plupart des plus de 500 villes et villages palestiniens démolis restent inoccupés aujourd'hui. Ils ont été détruits et leurs habitants chassés essentiellement pour des raisons politiques : la création d'un État exclusiviste.
 

petitbijou

Casablanca d'antan
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Cette question n'est pas non plus enterrée avec le temps. Des centaines de milliers de personnes exilées de force en 1948 et 1967 sont encore en vie aujourd'hui. De nombreuses personnes possèdent, parmi leurs biens les plus chers, les clés de leurs maisons en Palestine.

Certaines de ces maisons, en particulier dans les villages démolies, ont été rasées au bulldozer. Toutefois, beaucoup d'autres, en particulier dans des villes comme Haïfa, Jaffa, Jérusalem et ailleurs, ont été expropriées et remises à des colons israéliens, qui y habitent, aujourd'hui.

Aujourd'hui, 46% des six millions de réfugiés palestiniens résident en Palestine Historique, dans les frontières de 1948 d'Israël, ou en Cisjordanie et à Gaza. 42 autres pour cent vivent à 100 kilomètres de ses frontières, en Jordanie, au Liban, en Syrie. (Roane Carey, éd., The New Intifada, Versa, 2001)

En d'autres termes, près de 9 réfugiés palestiniens sur 10 pourraient être chez lui en moins de temps qu'il faut à de nombreuses personnes dans ce pays pour se rendre au travail.:rolleyes:


Des centaines de milliers de familles palestiniennes vivent dans une pauvreté extrême dans 59 camps de réfugiés, sans aucune perspective d'un avenir meilleur. Pour eux, le droit au retour n'est pas abstrait ou théorique, mais une question de survie. La situation est particulièrement grave dans les camps du Liban et de Gaza, qui abritent plus d'un million de personnes.

Le retour d'exil des Palestiniens ne signifie pas, comme cela est couramment revendiqué par les partisans d'Israël, que la population juive serait obligée de partir.

Mais cela signifie que Israël ne peut pas continuer à exister en tant qu'Etat d'apartheid, avec des droits spéciaux pour un groupe, servant les intérêts de l'impérialisme dans une région stratégique du monde.

Ceci est la raison principale de l'opposition catégorique des Israéliens et des cercles dirigeants américains au droit au retour des Palestiniens. Cela évoque également la nécessité des gens qui se positionnent pour la justice et l'autodétermination de défendre le droit au retour en tant que droit démocratique fondamental.



Source : http://www.pslweb.org/
 

petitbijou

Casablanca d'antan
VIB
"La Nakba : mémoire, réalité et au-delà"
mercredi 3 décembre 2008 - 10h:53


"La vérité est la condition essentielle pour la paix. Nous reconnaissons que notre silence sur la situation actuelle de la population palestinienne équivaut à une complicité dans cette tragédie qui se poursuit."

7è Conférence internationale de Sabîl
Nazareth et Jérusalem, 12/19 novembre 2008

Nous sommes plus de 200 chrétiens venus des cinq continents pour commémorer les événements tragiques survenus 60 ans plus tôt dans la vie de la population en Palestine, venus pour écouter, pour manifester notre solidarité et pour apporter notre soutien à la communauté palestinienne locale, tant en Palestine qu’en Israël. Nous avons aussi entendu des frères et des soeurs des communautés musulmane et juive, qui ont témoigné des injustices commises envers la population palestinienne de ce pays. Elle a vu plus de 531 villages vidés de leurs habitants et détruits, provoquant un flot de plus de 750 000 réfugiés empêchés de rentrer chez eux depuis 1948.

Nous constatons la tragique ironie de l’histoire selon laquelle cette même année est aussi le 60° anniversaire de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme. L’établissement de la paix dans la justice exige que la vérité soit faite sur les événements de 1948, de même que sur le déplacement de centaines de milliers de citoyens palestiniens en 1967, qui se poursuit encore aujourd’hui. En ce qui concerne la population palestinienne, les Droits de l’Homme continuent à être bafoués par une occupation militaire qui déshumanise à la fois les opprimés et les oppresseurs. Nous avons la conviction que seule la reconnaissance de la pleine vérité concernant la situation actuelle d’oppression peut conduire à une véritable liberté pour toutes les parties du conflit.


Nous reconnaissons que notre silence sur la situation actuelle de la population palestinienne équivaut à une complicité dans cette tragédie qui se poursuit. Le statu quo est un crime contre l’humanité. Comme chrétiens, nous ne pouvons garder davantage le silence. Les choses empirent chaque jour. Ce que l’on appelle le processus de paix est au contraire un constant et continuel processus de mort et de destruction, à la fois matérielles et spirituelles. La Nakba - la catastrophe - infligée à la population de Palestine se poursuit avec la même intensité et sans limite. Sa réalité est tue et ignorée à la fois dans nos églises et dans les media. Ceci doit changer si nous voulons être fidèles à l’appel que Jésus nous adresse à être des artisans de paix. Nous avons été sensibles aux mesures de résistance non-violente mises en oeuvre par des milliers de Palestiniens et d’Israéliens qui cherchent à mettre fin au conflit actuel. Nous considérons que la pratique de la non-violence est le moyen le plus efficace de parvenir à la paix dans cette situation où la force armée est si inégalement répartie, et où le recours à la violence ne peut aboutir qu’à aggraver les choses. Nous sommes préoccupés de ce que ceux qui veulent étendre le conflit mettent la Bible au service de la colonisation et de l’exploitation. Nous rejetons la pratique d’exclusion qu’implique une telle interprétation de la vérité biblique. Nous cherchons la réconciliation de tous les peuples de la terre, et appelons donc nos frères et sœurs chrétiens du monde entier à exercer le ministère de la réconciliation en paroles et en actions.

Nous avons été touchés par les visages des enfants, partout où nous sommes allés. Nous avons pris conscience qu’une génération entière d’enfants est sacrifiée faute d’avoir accès à la nourriture nécessaire à leur croissance normale et à leur développement. Ils subissent ainsi une aliénation spirituelle et sociale, une violence, sans perspective d’avenir, que personne ne tolèrerait un seul jour dans son propre milieu de vie. Nous nous souvenons de l’appel lancé par les lauréats du Prix Nobel de la Paix à consacrer la première décade du nouveau siècle à la non-violence. Nous nous remettons à l’écoute de l’invitation de Jésus qui a dit « laissez venir à moi les petits enfants ». Mettons-les au centre du tableau actuel de la marginalisation, interpellant ainsi la communauté internationale avec leur vulnérabilité et leur besoin de protection.

C’est pourquoi, nous adressons tous un appel à nos Eglises et à nos gouvernements :

à travailler avec une énergie renouvelée à mettre fin à à cette occupation militaire sans limite ;
à s’appliquer à la mise en oeuvre globale des résolutions de l’Organisation des Nations-Unies, et des exigences des Droits de l’Homme, selon la loi internationale, concernant le retrait d’Israël des Territoires occupés, et le droit au retour pour les réfugiés palestiniens ;
à s’appliquer à une plus grande liberté de mouvement, et à des conditions de vie plus humaines dans les Territoires occupés ;
à s’appliquer à obtenir qu’Israël accorde les mêmes droits à tous ses citoyens, juifs comme palestiniens ;
à retirer leurs investissements des entreprises qui favorisent l’occupation ;
à s’appliquer à obtenir d’Israël la levée du siège, et l’arrêt du châtiment collectif empêchant la libre circulation des personnes et des biens, ainsi que de l’aide humanitaire, à Gaza, et enfin
à soutenir le travail de Sabîl dans ses efforts pour construire des ponts de non-violence entre tous, dans cette région où toutes les religions monothéistes sont représentées.
Nous avons entendu l’urgent appel de nos frères chrétiens de Terre sainte. Comme au temps de Jésus, Bethléem subit l’occupation militaire, aujourd’hui prisonnière d’un mur. Notre mémoire de la naissance de l’Enfant de Bethléem, il y a 2000 ans, est mise en question et interpellée par la situation actuelle des enfants de Bethléem, de leurs parents et de leurs grands-parents. Comme disciples de ce saint enfant, puissent nos esprits se rencontrer dans les rues de Bethléem dans la prière et dans l’action pour la lumière et pour la vie ! Puissions-nous chercher à troubler le statu quo de façon créative, par des actions qui sont le fruit de l’Esprit de courage, d’amour et de vérité.



Reçu du Pasteur Gilbert Charbonnier par les Amis de Jayyous
 
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