"Développons des Mooc low cost pour lutter contre l'échec universitaire en Afrique"
Président de l’université Cadi Ayyad de Marrakech et de l’Agence universitaire de la francophonie, Abdellatif Miraoui est un fervent partisan des Mooc. Il prône pour l'Afrique francophone le développement de cours en ligne peu onéreux à produire afin de pallier le manque d'enseignants.
Y a-t-il une utilisation différente des Mooc selon les pays de l'espace francophone ?
Oui, on peut répartir les pays en trois groupes. Tout d'abord, les universités québécoises, qui, grâce à leur proximité avec les États-Unis, utilisent le numérique de manière massive depuis longtemps. Ensuite, on trouve des établissements, comme l'EPFL, qui créent des Mooc pour augmenter leur attractivité. Enfin, viennent les établissements des pays du Sud, dont mon université, qui utilisent des Mooc "low cost" pour pallier les nouveaux besoins en formation.
Qu'entendez-vous par Mooc "low cost" ?
Je les appelle ainsi, car ils n'ont pas autant d'ambition que les Mooc américains et européens et ils ne demandent pas autant de moyens. Leur coût de production ne doit pas dépasser 2.000 euros.
Dans les pays du Sud (Sénégal, Côte d'Ivoire, Tunisie, Algérie...), nous partageons le même souci face à l'augmentation du nombre d'étudiants.
Nous n'avons qu'un enseignant pour 50 ou 100 étudiants : les conditions d'études nous obligent à changer de méthodes de travail. Les vidéos tournées nous permettent de gagner du temps, en allant vers une pédagogie hybride, voire inversée.
En Afrique, le principal objectif de nos Mooc est de réduire l'échec universitaire, en permettant notamment aux étudiants de réécouter plusieurs fois la vidéo, pour améliorer leur français.
Votre université a été le premier établissement africain à introduire ces Mooc de manière massive, quel en a été l'accueil ?
À l'université Cadi Ayyad de Marrakech, nous avons commencé à LES utiliser en 2013. Le personnel n'y croyait pas, mais les étudiants étaient demandeurs. Nous dépasserons bientôt les 70.000 étudiants, mais l'encadrement des enseignants ne suit pas.
Au fur et à mesure, les professeurs ont vu toutes les possibilités qui s'offraient à eux sur notre plateforme numérique (forums, exercices en ligne...). Certains sont encore réticents et ont peur que les formations soient entièrement enseignées à distance. Mais je ne crois pas à l'enseignement à distance, il y a besoin d'une interactivité entre les enseignants et les élèves.
Nous leur expliquons que le but n'est pas de supprimer les enseignants, mais au contraire de les placer au centre de cette innovation pédagogique. Les cours sont scénarisés, tournés dans l'un de nos studios, et ne doivent pas dépasser 40 minutes.
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Président de l’université Cadi Ayyad de Marrakech et de l’Agence universitaire de la francophonie, Abdellatif Miraoui est un fervent partisan des Mooc. Il prône pour l'Afrique francophone le développement de cours en ligne peu onéreux à produire afin de pallier le manque d'enseignants.
Y a-t-il une utilisation différente des Mooc selon les pays de l'espace francophone ?
Oui, on peut répartir les pays en trois groupes. Tout d'abord, les universités québécoises, qui, grâce à leur proximité avec les États-Unis, utilisent le numérique de manière massive depuis longtemps. Ensuite, on trouve des établissements, comme l'EPFL, qui créent des Mooc pour augmenter leur attractivité. Enfin, viennent les établissements des pays du Sud, dont mon université, qui utilisent des Mooc "low cost" pour pallier les nouveaux besoins en formation.
Qu'entendez-vous par Mooc "low cost" ?
Je les appelle ainsi, car ils n'ont pas autant d'ambition que les Mooc américains et européens et ils ne demandent pas autant de moyens. Leur coût de production ne doit pas dépasser 2.000 euros.
Dans les pays du Sud (Sénégal, Côte d'Ivoire, Tunisie, Algérie...), nous partageons le même souci face à l'augmentation du nombre d'étudiants.
Nous n'avons qu'un enseignant pour 50 ou 100 étudiants : les conditions d'études nous obligent à changer de méthodes de travail. Les vidéos tournées nous permettent de gagner du temps, en allant vers une pédagogie hybride, voire inversée.
En Afrique, le principal objectif de nos Mooc est de réduire l'échec universitaire, en permettant notamment aux étudiants de réécouter plusieurs fois la vidéo, pour améliorer leur français.
Votre université a été le premier établissement africain à introduire ces Mooc de manière massive, quel en a été l'accueil ?
À l'université Cadi Ayyad de Marrakech, nous avons commencé à LES utiliser en 2013. Le personnel n'y croyait pas, mais les étudiants étaient demandeurs. Nous dépasserons bientôt les 70.000 étudiants, mais l'encadrement des enseignants ne suit pas.
Au fur et à mesure, les professeurs ont vu toutes les possibilités qui s'offraient à eux sur notre plateforme numérique (forums, exercices en ligne...). Certains sont encore réticents et ont peur que les formations soient entièrement enseignées à distance. Mais je ne crois pas à l'enseignement à distance, il y a besoin d'une interactivité entre les enseignants et les élèves.
Nous leur expliquons que le but n'est pas de supprimer les enseignants, mais au contraire de les placer au centre de cette innovation pédagogique. Les cours sont scénarisés, tournés dans l'un de nos studios, et ne doivent pas dépasser 40 minutes.
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