"Les libertés au Maroc ne datent pas d'aujourd'hui"
Yves-Michel Riols - publié le 30/03/2011
L'Expansion.com a rencontré, le 23 mars, à Paris, Ahmed Reda Chami, 49 ans, ministre de l'industrie, du Commerce et des Nouvelles Technologies, depuis 3 ans et demi au sein du gouvernement marocain. Membre de l'Union socialiste des forces populaires, il a été formé aux Etats-Unis (UCLA) et à Paris (Centrale) et a été le président de Microsoft en Asie du Sud-Est.
Les manifestations se poursuivent au Maroc en dépit des réformes constitutionnelles annoncées par le roi Mohammed VI. Comment le gouvernement marocain doit-il répondre à cette mobilisation ?
Même avant le 20 février, date du premier rassemblement d'envergure, il y avait environ 24 manifestations par jour au Maroc ! On en a peu parlé car elles se sont déroulées dans le calme. Il y a aujourd'hui un effet de contagion avec ce qui s'est passé en Tunisie et en Egypte. Notre réponse est double. D'abord, gérer ces manifestations pour qu'elles se déroulent dans le calme. J'ai toujours dit que le droit de manifester est un droit fondamental. Ensuite, il faut regarder les demandes exprimées. On peut répondre à certaines par des mesures constitutionnelles. Le roi les a annoncées dans son discours du 9 mars. Une commission a été constituée, elle rendra ses conclusions en juin.
Est-ce que ces réformes vont assez loin ?
Tout dépendra de la traduction concrète de ces intentions. Quand le roi dit qu'il veut donner plus de pouvoirs au premier ministre, il faut voir comment cela va se traduire dans la réalité. Le travail en cours consiste justement à déterminer ces équilibres de pouvoir. En fonction du résultat, on pourra savoir si on est allé assez loin ou pas.
Quant aux manifestations, lorsqu'on entend « je veux de l'emploi », il n'y a pas de mesures que le gouvernement peut prendre, demain matin, pour régler ce problème. La réponse que l'on peut donner, ce sont tous les chantiers d'infrastructures que nous avons entrepris. Mais cela prend du temps avant de donner des résultats. Il y a aussi des choses que l'on peut mettre en oeuvre rapidement, comme la lutte contre la corruption. Il faut davantage sévir sur ce terrain. On a commencé à répondre à ces préoccupations sociales. On va accélérer les chantiers qui peuvent être accélérés. Mais j'incite les gens à regarder de plus près ce que nous faisons, notamment sur le plan des réformes constitutionnelles, avant de dire non tout de suite.
Yves-Michel Riols - publié le 30/03/2011
L'Expansion.com a rencontré, le 23 mars, à Paris, Ahmed Reda Chami, 49 ans, ministre de l'industrie, du Commerce et des Nouvelles Technologies, depuis 3 ans et demi au sein du gouvernement marocain. Membre de l'Union socialiste des forces populaires, il a été formé aux Etats-Unis (UCLA) et à Paris (Centrale) et a été le président de Microsoft en Asie du Sud-Est.
Les manifestations se poursuivent au Maroc en dépit des réformes constitutionnelles annoncées par le roi Mohammed VI. Comment le gouvernement marocain doit-il répondre à cette mobilisation ?
Même avant le 20 février, date du premier rassemblement d'envergure, il y avait environ 24 manifestations par jour au Maroc ! On en a peu parlé car elles se sont déroulées dans le calme. Il y a aujourd'hui un effet de contagion avec ce qui s'est passé en Tunisie et en Egypte. Notre réponse est double. D'abord, gérer ces manifestations pour qu'elles se déroulent dans le calme. J'ai toujours dit que le droit de manifester est un droit fondamental. Ensuite, il faut regarder les demandes exprimées. On peut répondre à certaines par des mesures constitutionnelles. Le roi les a annoncées dans son discours du 9 mars. Une commission a été constituée, elle rendra ses conclusions en juin.
Est-ce que ces réformes vont assez loin ?
Tout dépendra de la traduction concrète de ces intentions. Quand le roi dit qu'il veut donner plus de pouvoirs au premier ministre, il faut voir comment cela va se traduire dans la réalité. Le travail en cours consiste justement à déterminer ces équilibres de pouvoir. En fonction du résultat, on pourra savoir si on est allé assez loin ou pas.
Quant aux manifestations, lorsqu'on entend « je veux de l'emploi », il n'y a pas de mesures que le gouvernement peut prendre, demain matin, pour régler ce problème. La réponse que l'on peut donner, ce sont tous les chantiers d'infrastructures que nous avons entrepris. Mais cela prend du temps avant de donner des résultats. Il y a aussi des choses que l'on peut mettre en oeuvre rapidement, comme la lutte contre la corruption. Il faut davantage sévir sur ce terrain. On a commencé à répondre à ces préoccupations sociales. On va accélérer les chantiers qui peuvent être accélérés. Mais j'incite les gens à regarder de plus près ce que nous faisons, notamment sur le plan des réformes constitutionnelles, avant de dire non tout de suite.