Algérie : Le mythe des 1,5 million de martyrs revisité par Bernard Lugan

Dans un article publié le 2 septembre 2025 sur le site le3060, Bernard Lugan s’attaque au chiffre officiel de 1,5 million de morts avancé par l’Office national des moudjahidines (ONM) et repris par le président algérien Abdelmadjid Tebboune. Selon l’historien, ce chiffre ne résiste pas à l’analyse démographique et historique.

Lugan rappelle que la «légitimité» du régime algérien repose sur une narration de la guerre d’indépendance présentant un peuple entièrement mobilisé contre le colonisateur. Pour rendre crédible ce récit idéologique, le régime aurait inventé le chiffre d’1,5 million de morts.

En 1961, la population algérienne d’origine locale s’élevait à environ 12 millions d’habitants, dont la moitié de femmes et près de la moitié de mineurs, ce qui laisse environ 3 millions d’hommes en âge de combattre. Pour atteindre 1,5 million de morts, la moitié de ces hommes auraient dû périr, un chiffre irréaliste même comparé aux batailles de Verdun ou de Stalingrad.

Le dernier président du GPRA, Benyoucef Benkhedda, estimait que le nombre de combattants à l’arrêt des combats en mars 1962 était de 65 000, répartis entre 35 000 combattants à l’intérieur du pays et un peu plus de 30 000 dans l’ALN à l’extérieur (Tunisie et Maroc).

Les sources françaises donnent des chiffres similaires, autour de 50 000. À titre de comparaison, 307 146 Algériens servaient dans l’armée française en janvier 1961, soit trois fois plus que les combattants du FLN, remettant en cause l’idée d’un peuple entièrement mobilisé contre le colonisateur.

Le bilan réel des pertes confirme cette distorsion: 143 500 morts parmi les indépendantistes, contre 24 614 pertes françaises. Ainsi, le nombre total de moudjahidines s’élève à environ 208 500, loin du chiffre mythique de 1,5 million.

Enfin, Lugan cite des témoignages comme ceux de Nourredine Aït Hammouda ou de l’ex-ministre Abdel Salam Ali Rachidi, affirmant que la majorité des détenteurs de cartes de moudjahidines sont fictifs, soulignant que le chiffre officiel sert surtout à justifier des privilèges.
 
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