Chronique de Thomas Gunzig, Ecrivain
Ca y est, c'est la fin.
Les JT, les JP, les télés, les conseils des ministres, les réunions nocturnes des membres des conseils d'administration, les ministres, les conseillers, les analystes, les financiers disent tous plus ou moins la même chose, avec plus ou moins de nuances.
C'est la fin et ça va faire mal.
Jusqu'à présent, pour la plupart des gens, cette histoire de crise, ça vait plutôt l'air d'une sorte de vue de l'esprit.
On en parlait et on s'y intéressait comme on parle et comme on fait attention aux découvertes concernant l'atmosphère de Vénus.
Et puis maintenant, cette histoire de crise, ça a changé.
Comme si on nous annonçait qu'il allait falloir y vivre sur Vénus, et s'habituer au soufre et à l'acide sulfurique.
En réalité c'est encore pire que si on nous annonçait ça.
Le soufre et l'acide sulfurique, on pourrait s'y préparer, se construire des scaphandres, s'attendre à avoir les yeux qui piquent et la gorge en feu ...
La "crise", le "krach", la "récession", ça sonne 1929, le seules références que l'on ait c'est On achève bien les chevaux, Les raisins de la colère, Les lumières de la ville et les photographies de Dorothea Lange.
De la misère en noir et blanc, des orphelins en guenilles grouillant dans des rues sales, des millions de chômeurs blafards, de la violence au quotidien.
Mais la crise, aujourd'hui, ça va être comment, en couleur et en vrai ?
La misère au temps d'internet et de la 3G, j'ai l'impression qu'en vertu de la loi voulant qu'aujourd'hui on fait mieux et plus fort qu'hier, ça va être pire.
Des dizaines d'années de luxe nous ont rendus fragiles et douillets.
Les guerres sont aux antipodes, la misère est contenue et soignée, la faim est une bête curieuse.
Alors, quand tout ça va arriver, la fin de tout, ça va nous faire quel effet ?
Est-ce que ça va faire mal ?
Combien de temps ?
Qu'est ce qui va vraiment changer ?
Est-ce qu'il y aura des tickets de rationnement ?
Du marché noir ?
Des confiscations ?
De la censure ?
Des couvre-feux ?
Des réquisitions ?
Ou bien, est-ce que ce sera plus doux, plus vicieux, une lente décrépitude sociale, une "tiers-mondialisation" détricotant, les mailles fragiles de la sécurité sociale, du système scolaire ?
Est-ce qu'il y aura des morts ?
La guerre ?
Que vont devenir toutes ces têtes nucléaires entre les mains de pays sans espoirs ?
Et puis, est-ce qu'il y aura un après, ou bien le monde tel que nous le connaissons est-destiné à finir comme la civilisation Maya : Recouvert de plantes grimpantes et redécouvert dans cent milles ans par les archéologues essayant de comprendre ce qui a bien pu précipiter la chute de ces bâtisseurs d'autoroutes ?
En toout cas, pour moi qui avais toujours rêvé de faire du saut à l'élastique, je vais être servi. Je vais avoir mieux. Et puis, ça au moins ce sera gratuit.
Chronique trouvé dans le journal Le Soir, j'ai trouvé ça intérèssant, mais est ce que vous pensez que c'est à ce point ? Faut pas tomber dans la psychose non plus mais ça fait peur ...
Ca y est, c'est la fin.
Les JT, les JP, les télés, les conseils des ministres, les réunions nocturnes des membres des conseils d'administration, les ministres, les conseillers, les analystes, les financiers disent tous plus ou moins la même chose, avec plus ou moins de nuances.
C'est la fin et ça va faire mal.
Jusqu'à présent, pour la plupart des gens, cette histoire de crise, ça vait plutôt l'air d'une sorte de vue de l'esprit.
On en parlait et on s'y intéressait comme on parle et comme on fait attention aux découvertes concernant l'atmosphère de Vénus.
Et puis maintenant, cette histoire de crise, ça a changé.
Comme si on nous annonçait qu'il allait falloir y vivre sur Vénus, et s'habituer au soufre et à l'acide sulfurique.
En réalité c'est encore pire que si on nous annonçait ça.
Le soufre et l'acide sulfurique, on pourrait s'y préparer, se construire des scaphandres, s'attendre à avoir les yeux qui piquent et la gorge en feu ...
La "crise", le "krach", la "récession", ça sonne 1929, le seules références que l'on ait c'est On achève bien les chevaux, Les raisins de la colère, Les lumières de la ville et les photographies de Dorothea Lange.
De la misère en noir et blanc, des orphelins en guenilles grouillant dans des rues sales, des millions de chômeurs blafards, de la violence au quotidien.
Mais la crise, aujourd'hui, ça va être comment, en couleur et en vrai ?
La misère au temps d'internet et de la 3G, j'ai l'impression qu'en vertu de la loi voulant qu'aujourd'hui on fait mieux et plus fort qu'hier, ça va être pire.
Des dizaines d'années de luxe nous ont rendus fragiles et douillets.
Les guerres sont aux antipodes, la misère est contenue et soignée, la faim est une bête curieuse.
Alors, quand tout ça va arriver, la fin de tout, ça va nous faire quel effet ?
Est-ce que ça va faire mal ?
Combien de temps ?
Qu'est ce qui va vraiment changer ?
Est-ce qu'il y aura des tickets de rationnement ?
Du marché noir ?
Des confiscations ?
De la censure ?
Des couvre-feux ?
Des réquisitions ?
Ou bien, est-ce que ce sera plus doux, plus vicieux, une lente décrépitude sociale, une "tiers-mondialisation" détricotant, les mailles fragiles de la sécurité sociale, du système scolaire ?
Est-ce qu'il y aura des morts ?
La guerre ?
Que vont devenir toutes ces têtes nucléaires entre les mains de pays sans espoirs ?
Et puis, est-ce qu'il y aura un après, ou bien le monde tel que nous le connaissons est-destiné à finir comme la civilisation Maya : Recouvert de plantes grimpantes et redécouvert dans cent milles ans par les archéologues essayant de comprendre ce qui a bien pu précipiter la chute de ces bâtisseurs d'autoroutes ?
En toout cas, pour moi qui avais toujours rêvé de faire du saut à l'élastique, je vais être servi. Je vais avoir mieux. Et puis, ça au moins ce sera gratuit.
Chronique trouvé dans le journal Le Soir, j'ai trouvé ça intérèssant, mais est ce que vous pensez que c'est à ce point ? Faut pas tomber dans la psychose non plus mais ça fait peur ...