Chers bladinautes,
Comme à la bonne époque, j'ai envie de partager avec vous un épisode inoubliable de ma vie.
L'anecdote que je m'apprête à vous raconter s'est déroulée il y'a quelques années dans un train reliant Paris à Strasbourg.
J'ai mis beaucoup de temps à digérer ce qui s'est passé. Ce n'est qu'aujourd'hui où je me sens la force de raconter ceci.
J'espère trouver en vous une oreille attentive et des mots qui réconfortent.
Bien. Bonne lecture.
Il était aux environs de 10h. Le tgv avait quitté la gare de l'Est depuis environ vingt minutes.
J'étais assis à regarder par la fenêtre quand soudain j'ai entendu des hurlements.
En me retournant, je vis une dame, une blonde, la trentaine bien tassée, postée devant moi en train de me designer au contrôleur.
- C'est lui, j'en suis certain !
Là, le contrôleur se tourna vers moi, très gêné.
- Monsieur, cette dame raconte que vous lui avez pris son portable.
Le ciel se fracassa sur ma tête. J'étais tellement choqué qu'aucun son ne parvenait à franchir mes lèvres.
J'ai parcouru le wagon des yeux et je voyais les passagers qui me dévisageaient avec mépris.
Mais le plus honteux c'est ce que j'ai ressenti à ce moment-là !
J'avais de la compassion pour la blonde ! Oui de la compassion au lieu d'etre outré.
Je me disais qu'elle avait perdu son portable et qu'il était normal qu'elle accuse le maghrébin de vol. Car beaucoup d'entre nous étaient des voleurs. Et puis dans la panique on fait tous n'importe quoi.
J'allais lui pardonner son racisme caractérisé quand je me suis repris ! Non, j'allais pas me laisser faire !
J'ai immédiatement haussé le ton en direction de la blonde :
- C'est parce que je suis arabe que vous dites ça ? Hein ? C'est un scandale !
- Non ! Rien à voir. Jouez pas la carte du racisme. Je dis ca parce que vous êtes passé à côté de moi tout à l'heure quand je montais le train et depuis je ne retrouve plus mon téléphone.
Elle hurlait !
Là, ni une ni deux je sors de mes gonds. Je me mis à hurler aussi. J'ai pris mon sac et je l'ai jeté à ses pieds en lui criant de le fouiller.
Soudain, tout en regardant mon sac, elle s'est mise à hésiter. Je sentais qu'elle realisait qu'elle accusait à tort un innocent.
Et c'est là, que je fais quelque chose qui me fait encore honte aujourd'hui. Rien qu'en y pensant là, j'ai mes tripes qui se nouent.
Oh Rabi qu'est ce que j'ai honte.
Je me suis mis pleuré. Et j'ai balancé avec la voix qui tremble :
- Quoi qu'on fasse nous les arabes pour s'intégrer, on restera toujours à vos yeux des voleurs !
Oh Seigneur ! Quelle humiliation ! Quelle humiliation !
Et au lieu de me taire, je me suis lancé dans un laïus décousu tout en pleurant. J'ai dis n'importe quoi ! j'ai hurlé que j'aimais la France, que je me battrai pour elle s'il le fallait, que l'amour pour ce pays coulait dans mes veines mais que malgré mon amour pour ce pays et son histoire je subirai malgré toujours du racisme.
Maintenant c'était de la pitié que je voyais dans les yeux des passagers. Le contrôleur était visiblement mal à l'aise. Il a posé une main sur mon épaule en me chuchotant de ne pas pleurer.
Mais la blonde s'est mise à pleurer aussi. Elle m'a demandé pardon. Elle m'a dit qu'elle n'était pas dans son état normal, et que je pouvais reprendre mon sac. Elle m'a expliqué que son portable contenait des photos importantes de sa petite fille qu'elle n'avait pas sauvegardé et que c'etait ca en réalité qui lui faisait mal.
Je ne lui rien répondu. J'ai ramassé mon sac d'une main en essuyant mes larmes de l'autre.
Plus tard, le contrôleur m'a conduit en 1ere classe et m'a apporté du café et des biscuits.
Arrivé à Strasbourg, j'étais encore sous le choc de la scène que je venais de vivre. La blonde a tenu à s'excuser à nouveau sur le parvis de la gare. Là encore, j'ai rien dit.
Puis j'ai marché vers chez moi, la main dans la poche.
Dans la poche qui contenait un super iphone 7 flambant neuf que j'avais pris en passant près de la blonde.

Comme à la bonne époque, j'ai envie de partager avec vous un épisode inoubliable de ma vie.
L'anecdote que je m'apprête à vous raconter s'est déroulée il y'a quelques années dans un train reliant Paris à Strasbourg.
J'ai mis beaucoup de temps à digérer ce qui s'est passé. Ce n'est qu'aujourd'hui où je me sens la force de raconter ceci.
J'espère trouver en vous une oreille attentive et des mots qui réconfortent.
Bien. Bonne lecture.
Il était aux environs de 10h. Le tgv avait quitté la gare de l'Est depuis environ vingt minutes.
J'étais assis à regarder par la fenêtre quand soudain j'ai entendu des hurlements.
En me retournant, je vis une dame, une blonde, la trentaine bien tassée, postée devant moi en train de me designer au contrôleur.
- C'est lui, j'en suis certain !
Là, le contrôleur se tourna vers moi, très gêné.
- Monsieur, cette dame raconte que vous lui avez pris son portable.
Le ciel se fracassa sur ma tête. J'étais tellement choqué qu'aucun son ne parvenait à franchir mes lèvres.
J'ai parcouru le wagon des yeux et je voyais les passagers qui me dévisageaient avec mépris.
Mais le plus honteux c'est ce que j'ai ressenti à ce moment-là !
J'avais de la compassion pour la blonde ! Oui de la compassion au lieu d'etre outré.
Je me disais qu'elle avait perdu son portable et qu'il était normal qu'elle accuse le maghrébin de vol. Car beaucoup d'entre nous étaient des voleurs. Et puis dans la panique on fait tous n'importe quoi.
J'allais lui pardonner son racisme caractérisé quand je me suis repris ! Non, j'allais pas me laisser faire !
J'ai immédiatement haussé le ton en direction de la blonde :
- C'est parce que je suis arabe que vous dites ça ? Hein ? C'est un scandale !
- Non ! Rien à voir. Jouez pas la carte du racisme. Je dis ca parce que vous êtes passé à côté de moi tout à l'heure quand je montais le train et depuis je ne retrouve plus mon téléphone.
Elle hurlait !
Là, ni une ni deux je sors de mes gonds. Je me mis à hurler aussi. J'ai pris mon sac et je l'ai jeté à ses pieds en lui criant de le fouiller.
Soudain, tout en regardant mon sac, elle s'est mise à hésiter. Je sentais qu'elle realisait qu'elle accusait à tort un innocent.
Et c'est là, que je fais quelque chose qui me fait encore honte aujourd'hui. Rien qu'en y pensant là, j'ai mes tripes qui se nouent.
Oh Rabi qu'est ce que j'ai honte.
Je me suis mis pleuré. Et j'ai balancé avec la voix qui tremble :
- Quoi qu'on fasse nous les arabes pour s'intégrer, on restera toujours à vos yeux des voleurs !
Oh Seigneur ! Quelle humiliation ! Quelle humiliation !
Et au lieu de me taire, je me suis lancé dans un laïus décousu tout en pleurant. J'ai dis n'importe quoi ! j'ai hurlé que j'aimais la France, que je me battrai pour elle s'il le fallait, que l'amour pour ce pays coulait dans mes veines mais que malgré mon amour pour ce pays et son histoire je subirai malgré toujours du racisme.
Maintenant c'était de la pitié que je voyais dans les yeux des passagers. Le contrôleur était visiblement mal à l'aise. Il a posé une main sur mon épaule en me chuchotant de ne pas pleurer.
Mais la blonde s'est mise à pleurer aussi. Elle m'a demandé pardon. Elle m'a dit qu'elle n'était pas dans son état normal, et que je pouvais reprendre mon sac. Elle m'a expliqué que son portable contenait des photos importantes de sa petite fille qu'elle n'avait pas sauvegardé et que c'etait ca en réalité qui lui faisait mal.
Je ne lui rien répondu. J'ai ramassé mon sac d'une main en essuyant mes larmes de l'autre.
Plus tard, le contrôleur m'a conduit en 1ere classe et m'a apporté du café et des biscuits.
Arrivé à Strasbourg, j'étais encore sous le choc de la scène que je venais de vivre. La blonde a tenu à s'excuser à nouveau sur le parvis de la gare. Là encore, j'ai rien dit.
Puis j'ai marché vers chez moi, la main dans la poche.
Dans la poche qui contenait un super iphone 7 flambant neuf que j'avais pris en passant près de la blonde.