LE PLUS. Deux athlètes saoudiennes se sont vues accorder le droit de participer aux Jeux olympiques de Londres. Si cette décision constitue certainement la fin d'un tabou, elle n'ouvre pas pour autant de véritable brèche pour la pratique du sport féminin dans ce pays ultra-conservateur. Pour Fabienne Broucaret, auteur du "Sport féminin : le sport, dernier bastion du sexisme ?" (Michalon) et fondatrice du blog Sportissima, il ne s'agit là que d'un effet d'annonce.
Il y a 20 ans, aux Jeux olympiques de Barcelone, plus de 30 délégations ne comportaient aucune femme dans leur rang. Sans que cela ne choque. En 2008, elles nétaient plus que trois : lArabie saoudite, le Qatar et Brunei. Il aura fallu que des associations féministes dénoncent avec acharnement et sans relâche cet apartheid sexuel pour quil se termine. Enfin.
Une bonne nouvelle au goût amer
Après de multiples rebondissements, lArabie saoudite vient en effet dannoncer que deux femmes participeront sous son drapeau aux Jeux olympiques de Londres. Une judokate et une athlète spécialiste du 800 m. Tous les pays présents aux JO compteront donc des sportives.
Une bonne nouvelle, certes, mais au goût plutôt amer. Pourquoi ? Car le patron du sport saoudien, le prince Nawaf ben Fayçal, a exigé début juillet le port d'une tenue islamique, la présence d'un parent proche et la non-mixité pour que puisse être acceptée la participation de toute Saoudienne aux Jeux de Londres. Le CIO na pas bronché.
Les valeurs fondamentales du sport
Dans un communiqué, Jacques Rogge, son président, parle de cette présence féminine comme dune très bonne nouvelle, mais ne précise pas les modalités de participation de ces deux sportives.
Pourquoi le CIO na-t-il pas imposé ses propres conditions pour défendre les valeurs fondamentales du sport, comme légalité et la neutralité ? Dans quelle mesure ces femmes seront-elles mélangées aux autres athlètes, hommes compris ? Vivront-elles dans le village olympique où la mixité est de mise ? Porteront-elles le voile lors des épreuves, malgré la charte olympique qui interdit tout signe politique ou religieux ? Arboreront-elles des tenues spécifiques pour couvrir intégralement leur corps ?
Invisibles
Autant de questions qui donnent à cette annonce les allures dun simple effet daffichage. Oui, il y aura bien des femmes saoudiennes aux JO, mais tout est fait pour les rendre invisibles. Transparentes. Or, le droit des femmes à la pratique sportive est intimement lié au droit des femmes à disposer de leur corps.
Si leur participation est un pas en avant, les obstacles fondamentaux qui empêchent les femmes de faire du sport dans le royaume nont pas été levés, ni même abordés. Cette décision nouvre ainsi pas de véritable brèche pour la pratique du sport féminin dans l'ultraconservatrice Arabie saoudite. Rappelons que dans ce pays des millions de femmes nont pas le droit, entre autres, de conduire et de faire du sport en public.
Dommage
Même la retransmission de compétitions féminines n'est pas autorisée sur les chaînes publiques. Les Jeux olympiques seront-ils retransmis cet été en Arabie saoudite ? Les Saoudiens et les Saoudiennes, notamment les plus jeunes, pourront-ils suivre leurs championnes, les encourager et vibrer pour elles ?
http://leplus.nouvelobs.com/contrib...e-des-femmes-aux-jo-oui-mais-a-quel-prix.html
Il y a 20 ans, aux Jeux olympiques de Barcelone, plus de 30 délégations ne comportaient aucune femme dans leur rang. Sans que cela ne choque. En 2008, elles nétaient plus que trois : lArabie saoudite, le Qatar et Brunei. Il aura fallu que des associations féministes dénoncent avec acharnement et sans relâche cet apartheid sexuel pour quil se termine. Enfin.
Une bonne nouvelle au goût amer
Après de multiples rebondissements, lArabie saoudite vient en effet dannoncer que deux femmes participeront sous son drapeau aux Jeux olympiques de Londres. Une judokate et une athlète spécialiste du 800 m. Tous les pays présents aux JO compteront donc des sportives.
Une bonne nouvelle, certes, mais au goût plutôt amer. Pourquoi ? Car le patron du sport saoudien, le prince Nawaf ben Fayçal, a exigé début juillet le port d'une tenue islamique, la présence d'un parent proche et la non-mixité pour que puisse être acceptée la participation de toute Saoudienne aux Jeux de Londres. Le CIO na pas bronché.
Les valeurs fondamentales du sport
Dans un communiqué, Jacques Rogge, son président, parle de cette présence féminine comme dune très bonne nouvelle, mais ne précise pas les modalités de participation de ces deux sportives.
Pourquoi le CIO na-t-il pas imposé ses propres conditions pour défendre les valeurs fondamentales du sport, comme légalité et la neutralité ? Dans quelle mesure ces femmes seront-elles mélangées aux autres athlètes, hommes compris ? Vivront-elles dans le village olympique où la mixité est de mise ? Porteront-elles le voile lors des épreuves, malgré la charte olympique qui interdit tout signe politique ou religieux ? Arboreront-elles des tenues spécifiques pour couvrir intégralement leur corps ?
Invisibles
Autant de questions qui donnent à cette annonce les allures dun simple effet daffichage. Oui, il y aura bien des femmes saoudiennes aux JO, mais tout est fait pour les rendre invisibles. Transparentes. Or, le droit des femmes à la pratique sportive est intimement lié au droit des femmes à disposer de leur corps.
Si leur participation est un pas en avant, les obstacles fondamentaux qui empêchent les femmes de faire du sport dans le royaume nont pas été levés, ni même abordés. Cette décision nouvre ainsi pas de véritable brèche pour la pratique du sport féminin dans l'ultraconservatrice Arabie saoudite. Rappelons que dans ce pays des millions de femmes nont pas le droit, entre autres, de conduire et de faire du sport en public.
Dommage
Même la retransmission de compétitions féminines n'est pas autorisée sur les chaînes publiques. Les Jeux olympiques seront-ils retransmis cet été en Arabie saoudite ? Les Saoudiens et les Saoudiennes, notamment les plus jeunes, pourront-ils suivre leurs championnes, les encourager et vibrer pour elles ?
http://leplus.nouvelobs.com/contrib...e-des-femmes-aux-jo-oui-mais-a-quel-prix.html