Le roi Abdallah limoge le chef de la police religieuse
Deuxième pays le plus vaste du Monde arabe mais probablement le plus riche, le royaume dArabie Saoudite est dirigé par une famille, les Al Saoud, opposée à toute notion de liberté ou de droits de lhomme. Aucune manifestation ou culte dune autre religion ny sont en effet acceptés. Les partis politiques nont également pas droit de cité. Les personnes qui y expriment une opinion différente sont déclarés apostats et passibles de la peine de mort. La société est contrôlée par une police religieuse qui nautorise aucun écart par rapport à la charia. Durant plusieurs années, cette monarchie wahhabite de type absolu sest employée à exporter, à coup de millions de dollars, le courant salafiste et son modèle dans dautres pays arabes.
Les derniers événements en Tunisie et Egypte prouvent que lArabe Saoudite aidée depuis peu par le Qatar na pas lésiné sur les moyens pour garantir larrivée au pouvoir des fondamentalistes religieux. Pendant les années 1990, de nombreux islamistes extrémistes algériens prenaient directement leurs ordres de Riyad, considéré à lépoque comme lun des principaux soutiens des groupes islamistes armés. Devant les bouleversements que vient de connaître le Monde arabe et surtout par crainte de subir un effet de contagion, les autorités saoudiennes ont commencé à entreprendre des petites réformes. Cest ainsi que le roi Abdallah a accordé, le 25 septembre dernier, le droit de vote aux femmes. Mais à ce jour, les Saoudiennes nont pas le droit, par exemple, de conduite une voiture.
Afin de désamorcer la fronde sociale dans les provinces sunnites qui commencent aussi de plus en plus à contester lordre établi et à dénoncer le caractère rentier et moyenâgeux du royaume, le souverain saoudien sest empressé, hier, sans en donner la raison, de limoger le chef de la puissante police religieuse chargée de veiller à la stricte application la charia (loi islamique).
Le roi Abdallah a remplacé cheikh Abdel Aziz El Houmayen par un modéré issu de la plus puissante famille religieuse du royaume, cheikh Abdel Latif Ben Abdel Aziz Al Cheikh.
Les membres de la police religieuse, baptisée «commission de la promotion de la vertu et de la prévention du vice», patrouillent à la recherche notamment de commerces qui ne ferment pas à lheure de la prière, de couples non mariés, de soirées où serait servi de lalcool et dautres comportements «suspects». Ils veillent aussi à ce que les femmes ne conduisent pas et quelles soient couvertes de la tête aux pieds. Beaucoup de leurs interventions ont été à lorigine de dérives. Des dérives qui ont coûté la vie à de nombreuses personnes.
Ce limogeage calmera-t-il maintenant la rue saoudienne ? Peu probable au vu des énormes inégalités qui caractérisent le royaume. Comme en Egypte ou en Tunisie, les Saoudiens exigeront certainement bien plus que cela.
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