Spécialiste de la police, du grand banditisme et du renseignement, Frédéric Ploquin, 64 ans, est journaliste d’investigation et auteur de nombreux livres. Il nous explique les liens entre la franc-maçonnerie et la police, thème de sa dernière enquête.
Pourquoi un livre sur les francs-maçons dans la police ?
FRÉDÉRIC PLOQUIN. La police, c’est l’administration française qui compte le plus de « frères », bien plus que toutes les administrations. La franc-maçonnerie y est extrêmement vivace et vivante, et elle est particulièrement implantée dans les hautes sphères de la hiérarchie. Plus on monte, plus il y a de francs-maçons. On peut considérer que 70 % des commissaires sont francs-maçons. Mais évidemment, il n’y a pas de chiffres ou de catalogue officiels. Je dirai que deux commissaires sur trois ont un pied dans la franc-maçonnerie. En dessous, pour les officiers, c’est de l’ordre d’au moins un sur deux. Enfin pour les gardiens de la paix, c’est moins que dans le passé, même si cela reste présent. Pour eux, c’est une manière de sortir du rang, de fréquenter des chefs. C’est une carte en plus. Il y a des ateliers et des loges, où la moitié des membres sont policiers. J’ai découvert un atelier où il n’y avait quasiment que des policiers de la brigade criminelle du 36, quai des orfèvres.
À vous lire, ce réseau semble faire la pluie et le beau temps dans la police ?
La franc-maçonnerie crée une espèce de contre-hiérarchie ou de hiérarchie parallèle. On y trouve des choses étonnantes : des brigadiers plus gradés que des commissaires et des préfets. Ça trouble forcément le jeu. Dans l’intimité de l’atelier, de la loge, on peut y échanger des informations, « dealer » des mutations, modifier des réformes qui bloquent au ministère parce que les syndicats sont contre. Pour résumer, c’est un cercle parallèle de communication permanente, un réseau de remontée d’information. Le fait d’être dans la franc-maçonnerie transcende les options politiques, c’est un peu comme le filet pour l’acrobate au cirque. Quand on tombe, on ne va pas s’écraser, on a la fraternité derrière qui vous récupère et vous permet de vous en sortir correctement, de ne pas être humilié. Des grands préfets de gauche ont sauvé des grands préfets de droite, et vice versa.
Comment expliquer cette présence massive de frères dans la police ?
Dans la franc-maçonnerie, il y a des grades, une hiérarchie, le policier n’y est pas dépaysé, c’est une deuxième maison pour lui. Ce qui est étonnant, c’est que la police est le corps administratif qui compte à la fois le plus de frères et le plus de syndiqués. Ça va de pair, parce qu’en fait la franc-maçonnerie constitue une forme de chaîne de solidarité. C’est un peu comme les alpinistes qui s’encordent quand ils vont attaquer une face nord et que cela s’annonce très difficile. Il faut s’encorder parce que quand on est policier, on travaille dans un milieu hostile. On fait face à l’hostilité d’une partie de la population, on est parfois coupé au niveau des relations sociales, ne serait-ce que parce qu’on cache la nature de son métier aux autres. Dans la société, il existe un mouvement anti-flic fort, même si la population française dans sa majorité soutient sa police. La franc-maçonnerie est un système de protection, de sociabilité parallèle qui permet d’échapper à l’isolement.
Pourquoi un livre sur les francs-maçons dans la police ?
FRÉDÉRIC PLOQUIN. La police, c’est l’administration française qui compte le plus de « frères », bien plus que toutes les administrations. La franc-maçonnerie y est extrêmement vivace et vivante, et elle est particulièrement implantée dans les hautes sphères de la hiérarchie. Plus on monte, plus il y a de francs-maçons. On peut considérer que 70 % des commissaires sont francs-maçons. Mais évidemment, il n’y a pas de chiffres ou de catalogue officiels. Je dirai que deux commissaires sur trois ont un pied dans la franc-maçonnerie. En dessous, pour les officiers, c’est de l’ordre d’au moins un sur deux. Enfin pour les gardiens de la paix, c’est moins que dans le passé, même si cela reste présent. Pour eux, c’est une manière de sortir du rang, de fréquenter des chefs. C’est une carte en plus. Il y a des ateliers et des loges, où la moitié des membres sont policiers. J’ai découvert un atelier où il n’y avait quasiment que des policiers de la brigade criminelle du 36, quai des orfèvres.
À vous lire, ce réseau semble faire la pluie et le beau temps dans la police ?
La franc-maçonnerie crée une espèce de contre-hiérarchie ou de hiérarchie parallèle. On y trouve des choses étonnantes : des brigadiers plus gradés que des commissaires et des préfets. Ça trouble forcément le jeu. Dans l’intimité de l’atelier, de la loge, on peut y échanger des informations, « dealer » des mutations, modifier des réformes qui bloquent au ministère parce que les syndicats sont contre. Pour résumer, c’est un cercle parallèle de communication permanente, un réseau de remontée d’information. Le fait d’être dans la franc-maçonnerie transcende les options politiques, c’est un peu comme le filet pour l’acrobate au cirque. Quand on tombe, on ne va pas s’écraser, on a la fraternité derrière qui vous récupère et vous permet de vous en sortir correctement, de ne pas être humilié. Des grands préfets de gauche ont sauvé des grands préfets de droite, et vice versa.
Comment expliquer cette présence massive de frères dans la police ?
Dans la franc-maçonnerie, il y a des grades, une hiérarchie, le policier n’y est pas dépaysé, c’est une deuxième maison pour lui. Ce qui est étonnant, c’est que la police est le corps administratif qui compte à la fois le plus de frères et le plus de syndiqués. Ça va de pair, parce qu’en fait la franc-maçonnerie constitue une forme de chaîne de solidarité. C’est un peu comme les alpinistes qui s’encordent quand ils vont attaquer une face nord et que cela s’annonce très difficile. Il faut s’encorder parce que quand on est policier, on travaille dans un milieu hostile. On fait face à l’hostilité d’une partie de la population, on est parfois coupé au niveau des relations sociales, ne serait-ce que parce qu’on cache la nature de son métier aux autres. Dans la société, il existe un mouvement anti-flic fort, même si la population française dans sa majorité soutient sa police. La franc-maçonnerie est un système de protection, de sociabilité parallèle qui permet d’échapper à l’isolement.