Au rassemblement contre l'islamophobie à Paris, le ras-le-bol des manifestants exprimé avec force

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Drianke

اللهم إفتح لنا أبواب الخير وأرزقنا من حيت لا نحتسب
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Malgré un ciel parisien nuageux, la place de la République était très colorée en ce samedi après-midi. Côté boulevard Voltaire, les militants pro-kurdes déployaient des couleurs jaunes, rouges et vertes pour protester contre les bombardements turcs dans le Kurdistan syrien tandis que, du côté du boulevard Magenta, les participants de la marche de soutien aux droits des personnes transgenres et intersexe, initié par le collectif ExisTrans, agitaient des drapeaux bleu-rose-blanc.

Au centre, quelques centaines de citoyens se sont rassemblés pour dire non à l’islamophobie. Quelques drapeaux français et des pancartes s’agitent dans une ambiance plutôt apaisée malgré la lourdeur du climat dénoncée par les manifestants. A l’origine de la manifestation, le Collectif de défense des jeunes du Mantois, créé suite à l’interpellation spectaculaire de lycéens de Mantes-la-Jolie (Yvelines) dans le cadre des mobilisations nationales lycéennes en 2018.

Depuis un mois et le discours très controversé d’Eric Zemmour lors de la convention des droites, la question de la présence musulmane en France fait l’objet de nombreux débats. Mais c’est l’épisode de la mère accompagnatrice vilipendée par Julien Odoul lors d’une séance du conseil régional qui marque durablement les esprits. Et pour cause : le barouf de l'élu RN a malheureusement permis de remettre au goût du jour le projet d'interdiction du voile aux sorties scolaires dans les débats, au grand dam des musulmans.



« Arrêtez de vous cacher derrière nous ! »

« Si on ne parle pas, la situation va s’empirer », estime Imane (prénom modifié), venue de Bondy (Seine-Saint-Denis) pour manifester dans la capitale. Elle raconte qu’elle a déjà été discriminée lors d’une sortie scolaire. « Lorsque mon fils était en grande section de maternelle, on m’a demandé de retirer le voile mais j’ai refusé. Ils ont fini par me laisser », témoigne-t-elle. « Qu’est-ce que maman a fait de mal pour qu’on l’interdise de faire comme les autres mamans ? », lui aurait dit son jeune garçon. « Arrêtez de vous cacher derrière nous pour ne pas avoir à régler les vrais problèmes de la France », s’exclame-t-elle, en voulant s’adresser au gouvernement et au monde politique. « Qu’ils ne disent pas que le problème de la France, c’est nous », conclut-elle.


Samira, professeur au lycée, se dit « choquée qu’on discute encore des mères accompagnatrices de sorties scolaires » car, « sur le terrain, on sait que ce sont ces mamans qui font le travail ». Selon elle, le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, dont les propos sur le voile ont indigné, est « totalement déconnecté du terrain ».

Autres propos qui suscitent l’indignation des manifestants, ceux du ministre de l’Intérieur Christophe Castaner qui a énuméré, aux lendemains de l’attaque au couteau de la préfecture de police de Paris, une liste de « signaux » permettant de détecter la radicalisation chez certains individus. Coïncidence ou pas, une fiche de signalisation remise aux personnels de l’Université de Cergy-Pontoise a fuité dans la presse lundi 14 octobre. « Je ne comprends pas pourquoi ce qui s’est passé à l’Université de Cergy ne suscite pas plus de réactions », indique Samira.


Des alliés de la lutte contre l’islamophobie au rendez-vous................

https://www.saphirnews.com/Au-rasse...s-manifestants-exprime-avec-force_a26707.html
 
Derrière le voile, une inquiétante dérive

Si les mots ne tuent pas, ils peuvent blesser et meurtrir. Ils contribuent surtout à mettre sur orbite des idées qui saturent le débat public et brouillent les repères républicains. Il n’aura pas fallu attendre longtemps après la convention de la droite réunie sous les auspices de la mouvance identitaire et la logorrhée raciste de Zemmour diffusée à grande échelle pour que se déchaîne la haine contre la population de confession musulmane.

Pas un jour ne passe désormais sans que les musulmans de France ne soient pointés du doigt, insultés, méprisés. Il aura suffi qu’un conseiller régional d’extrême-droite en mal de notoriété s’autorise, en dehors de tout cadre légal, à exiger le dévoilement d’une maman accompagnatrice scolaire devant son enfant pour qu’une cohorte de ministres et parlementaires, d’éditorialistes et plumitifs se liguent en sonnant l’hallali contre le « péril musulman ».

La mécanique est huilée qui laisse désormais à l’extrême droite le pouvoir d’orienter le débat public et politique. Et une fois encore, les chaines dites « d’information continue » comblent le vide par la vacuité, remplissant le temps d’antenne par le bavardage réactionnaire de quelques pontes médiatiques plus préoccupés par le voile, véritable fétiche, et les femmes qui le portent, que par les fins de mois impossibles de millions de nos concitoyens.

Le travail parlementaire se trouve ensuite phagocyté par ces basses polémiques de haute intensité puisque, à la suite du coup d’esbroufe de l’élu d’extrême droite, une proposition de loi a été opportunément déposée par le groupe « Les Républicains » du Sénat pour interdire aux mamans voilées d’accompagner leurs enfants en sortie scolaire.

La loi est pourtant claire. Le droit a été dit en 2004 et le Conseil d’Etat l’a confirmé en 2013 : les accompagnatrices scolaires, n’étant pas des agents publics, ont toute latitude de se vêtir comme elles le souhaitent. Le guide de la laïcité de l’Education nationale le confirme. Tels sont la lettre et l’esprit de la loi de 1905, loi de concorde et de paix civile garantissant la liberté de conscience et l’autonomie de la société. En affirmant que « le voile n’est pas souhaitable », et ajoutant que « ce n’est pas quelque chose d’interdit, mais ce n’est pas non plus quelque chose à encourager », M. Blanquer fait non seulement preuve d’une grande légèreté, mais il se place en travers de la République. Il est censé garantir et appliquer la loi républicaine, or il tente d’imposer une norme sociale et vestimentaire sur la base d’une simple opinion qui contrevient aux principes législatifs.
Jaurès, artisan décisif de la loi de séparation, s’interrogeait : Qu’est-ce donc que la République ? C’est un grand acte de confiance et un grand acte d’audace.

Or, notre régime se caractérise aujourd’hui par de grands actes de défiance et de peurs.

Défiance, quand les us et coutumes de la population musulmane sont considérés comme autant d’indices de « radicalisation ».

Peur, quand la République n’ose plus affirmer la puissance de son creuset, préférant s’enfoncer dans la recherche de boucs émissaires, cultivant différences et divisions.

Défiance, encore, quand M. Macron, mélangeant allègrement immigration, religion, terrorisme et communautarisme – confusion dont l’extrême-droite fait son miel – promeut une « société de vigilance » qui déléguerait aux citoyens le rôle de surveillance dévolu aux services de l’Etat, incitant les classes populaires du pays à s’épier entre elles. Prenant d’ailleurs M. Macron au mot, l’élu extrême droite s’est réclamé de la « vigilance citoyenne » pour justifier son propos raciste et antirépublicain................................................

http://patrick-le-hyaric.fr/derrier...pc_grMqjJiO81RSu2pH3HEyUbBwWxs9eUz3PNO3CZA9YU
 
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