Ben l'argument de Voltaire est simple sous son vocabulaire du 18e siècle : l'esprit est, comme le montre l'expérience, dépendant des organes des sens, à tel point que sans eux ils n'aurait aucune pensée (Voltaire nie les idées innées). De même, quand les organes des sens se gâtent, par la maladie, la fatigue, l'ivresse, les privations, le vieillissement, et ainsi de suite, l'esprit s'affaiblit corrélativement. Donc il est logique de faire un pas de plus et de penser que quand l'organe est détruit à la mort, l'esprit s'éteint tout à fait.
Mais il s'agit d'un raisonnement sur des probabilités. On ne peut pas, dans ce domaine, arriver avec des démonstrations. Je ne dirai pas à un croyant en train de mourir qu'il peut être certain que c'est le néant qui l'attend. Il peut toujours raccrocher sa foi à une faible mais irréductible probabilité de survie, à un miracle par exemple.
Par contre, les certitudes absolues avec lesquelles certains croyants professent leurs croyances en l'immortalité et au paradis me rendent quelque peu inconfortable. Je ne trouve pas que pareil dogmatisme, pareille rigidité de la pensée, soit quelque chose de sain.
Je suis bien placé pour en parler, car j'ai été confronté à cela dernièrement, ayant perdu mon père en octobre. J'ai entendu plusieurs fois ce genre de pensées consolatrices dans mon entourage ou chez les religieux qui faisaient les cérémonies. Je veux bien qu'un enterrement religieux ne soit pas le lieu où tenir un débat métaphysique, mais quand même...