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Biodiversité : « La priorité est de réduire la part des produits animaux dans l’alimentation »
Pour Yann Laurans, de l’Institut du développement durable et des relations internationales, le système agroalimentaire est au cœur de l’effondrement du vivant.
Propos recueillis par Pierre Le Hir Publié aujourd’hui à 10h48
Directeur du programme biodiversité de l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri), Yann Laurans, économiste de formation, analyse le rapport de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES).
Les scientifiques alertent sur l’extinction accélérée des espèces. Comment l’éviter ?
Le rapport montre que l’effondrement de la biodiversité terrestre est d’abord dû aux changements d’utilisation des sols, principalement pour l’agriculture et la production de produits animaux. L’agriculture occupe aujourd’hui un tiers des terres émergées. Depuis 1980, sa progression s’est faite à 55 % au détriment des forêts intactes (peu modifiées par les activités humaines) et à 28 % au détriment des forêts secondaires (aménagées). Dans le même temps, son intensification a doublé sa consommation d’eau et de pesticides, a triplé celle d’engrais. Désormais, les trois quarts de l’usage agricole des sols sont destinés à l’élevage d’animaux et à la production de céréales pour leur alimentation.
Pour les océans, le rapport établit que la pêche industrielle est la cause principale du déclin. Ses flottes couvrent 55 % des mers, souvent de façon illégale ou non réglementée, avec des fonds en provenance de paradis fiscaux.
Le système agroalimentaire mondial est donc au cœur de la perte de biodiversité. La priorité devrait être de promouvoir, à l’échelle de la planète, un régime alimentaire réduisant la part des produits animaux, viande et poisson. Mais aussi moins riche en graisses et en sucres, dont la production, par les plantations de palmiers à huile, de betteraves ou de cannes à sucre, accapare elle aussi des terres.
Bien sûr, cela suppose de changer notre façon de nous nourrir, individuellement et collectivement. Mais si nous nous y mettions tous, en réduisant notre consommation de produits animaux issus des filières industrielles, le changement ne serait pas aussi drastique qu’il y paraît, et notre santé n’en serait que meilleure. Un engagement des Etats à réduire la part carnée de l’alimentation serait l’une des mesures les plus efficaces pour la biodiversité.
Pour Yann Laurans, de l’Institut du développement durable et des relations internationales, le système agroalimentaire est au cœur de l’effondrement du vivant.
Propos recueillis par Pierre Le Hir Publié aujourd’hui à 10h48
Directeur du programme biodiversité de l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri), Yann Laurans, économiste de formation, analyse le rapport de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES).
Les scientifiques alertent sur l’extinction accélérée des espèces. Comment l’éviter ?
Le rapport montre que l’effondrement de la biodiversité terrestre est d’abord dû aux changements d’utilisation des sols, principalement pour l’agriculture et la production de produits animaux. L’agriculture occupe aujourd’hui un tiers des terres émergées. Depuis 1980, sa progression s’est faite à 55 % au détriment des forêts intactes (peu modifiées par les activités humaines) et à 28 % au détriment des forêts secondaires (aménagées). Dans le même temps, son intensification a doublé sa consommation d’eau et de pesticides, a triplé celle d’engrais. Désormais, les trois quarts de l’usage agricole des sols sont destinés à l’élevage d’animaux et à la production de céréales pour leur alimentation.
Pour les océans, le rapport établit que la pêche industrielle est la cause principale du déclin. Ses flottes couvrent 55 % des mers, souvent de façon illégale ou non réglementée, avec des fonds en provenance de paradis fiscaux.
Le système agroalimentaire mondial est donc au cœur de la perte de biodiversité. La priorité devrait être de promouvoir, à l’échelle de la planète, un régime alimentaire réduisant la part des produits animaux, viande et poisson. Mais aussi moins riche en graisses et en sucres, dont la production, par les plantations de palmiers à huile, de betteraves ou de cannes à sucre, accapare elle aussi des terres.
Bien sûr, cela suppose de changer notre façon de nous nourrir, individuellement et collectivement. Mais si nous nous y mettions tous, en réduisant notre consommation de produits animaux issus des filières industrielles, le changement ne serait pas aussi drastique qu’il y paraît, et notre santé n’en serait que meilleure. Un engagement des Etats à réduire la part carnée de l’alimentation serait l’une des mesures les plus efficaces pour la biodiversité.