Bordeaux : ils passent la nuit dehors pour espérer avoir un billet d'avion air algerie

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« Avant la crise Covid, je payais 460 euros aller-retour pour le trajet Bordeaux-Oran. Maintenant, c’est autour des 1 300 euros. »

Ce lundi 23 mai 2022, à 10 heures, une cinquantaine de personnes attendent l’ouverture de l’agence de voyage Cityvol devant la gare Saint-Jean à Bordeaux (Gironde) pour acheter des billets d’avion à destination de l’Algérie.

Un camping improvisé devant l’agence de voyage​

Depuis 2020, avec la crise du Covid et la fermeture des frontières, le trafic aérien en Algérie a chuté drastiquement et les prix ont flambé. « On est à environ 35 % du programme de 2019 », expliquait en mars 2022 Amine Andaloussi, porte-parole de la compagnie aérienne Air Algérie à VVA, site d’information algérien.

Devant l’agence de voyage, les esprits sont un peu échauffés. Certains attendent depuis la veille au soir, avec leurs chaises de camping, en espérant être les premiers à obtenir les précieux sésames. Mais sans aucune garantie qu’il y en ait, confie une jeune femme.

« Nous sommes cinq millions d’Algériens en France pour quelques vols et trois bateaux par semaine. C’est comme si vous donniez 10 euros à un enfant pour qu’il s’achète des Nike, ça ne marche pas », explique Nennouche, un chauffeur routier présent ce lundi matin.

Entamer une révision des prix des billets d’avion pour l’exécutif algérien​

Le 24 avril 2022, lors du conseil des ministres d’Algérie , il avait été statué « d’entamer la révision des prix des billets de transport aérien et maritime avant la saison estivale, au profit de la communauté nationale, de sorte à les inciter et les encourager à opter pour les entreprises de transport nationales ».

En effet, Air Algérie étant une compagnie nationale, c’est au gouvernement de décider de la stratégie du transport aérien. « Mais ce n’est que des mensonges ce qu’on nous raconte », souffle Nennouche.


Dans sa programmation de la saison estivale dévoilée ce jeudi 19 mai, l’exécutif algérien annonce une augmentation du nombre de vols, en doublant le nombre de liaison Paris-Alger notamment, mais sans préciser la date de commercialisation des billets d’avion, ni leurs prix.

Une autre nouvelle, tombée ce même jour, a généré de la déception, notamment pour les personnes présentes ce lundi matin devant l’agence Cityvol : aucun vol au départ de Bordeaux ne sera assuré par Air Algérie. Uniquement deux liaisons par semaine par la compagnie espagnole Volotea, à des prix exorbitants, jusqu’à 800 euros par personne.

Sur le site de réservation d’Air Algérie, quand les serveurs ne sont pas saturés, les prix sont tous aussi chers au départ d’autres villes de France. « Pour trois personnes, on en a pour 3 000 voire 4 000 euros l’aller-retour, » s’agace une femme sur place. « À ce prix-là on pourrait faire un aller-retour dans les îles… », s’agace un autre.

Plus de vols en provenance de la France pour moins cher​

D’autant plus que la demande augmente avec la réouverture des frontières et l’été qui arrive. « Ça fait un an que je n’ai pas vu ma famille. On veut acheter les places mais il n’y en a même pas, souffle Nennouche. Nous demandons plus de vols en provenance de la France pour moins cher ! »

Abdelouahab Yagoubi, député de Paris à l’Assemblée populaire nationale (le parlement algérien) et membre de la commission des Affaires étrangères, de la Coopération et de l’Émigration, demandait, récemment sur un post Facebook, supprimé à l’heure actuelle, « l’augmentation des vols […] afin de réguler les prix des billets et de fournir un nombre suffisant de vols et de traversées pour [sa] communauté ».

Plus globalement, une responsable de l’agence de voyage Globe Travel à Bordeaux explique à Actu.fr que ce sont toutes les destinations peu desservies qui ont vu leurs prix augmenter ces derniers mois. « Mais tout particulièrement l’Algérie. »

 
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