"Bruxelles, capitale européenne de l'insécurité"

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PLD (Peace, Love and Diversity)
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Bruxelles, Le Bronx de l'Europe?
Nicolas Capart

Mis en ligne le 18/03/2010

Dans l'émission Télé Matin de ce jeudi, un journaliste de France 2 parle d'insécurité à Bruxelles et tire à boulets rouges sur notre capitale...
La vidéo du reportage sur francetelevisions.fr (cliquez sur "Relancez" puis téléchargez le plug-in et choisir "France 2 Sans Frontières"
Il est très tôt pour une douche froide lorsque, comme il a l'habitude de le faire dans l'émission Télé Matin, le correspondant permanent de France 2 à Bruxelles soulève cette question polémique: la capitale des institutions européennes est-elle devenue Le Bronx du Vieux Continent? Une allégation qui, à coup sûr, devrait provoquer des remous et qui, des dires de l'intéressé, alimente déjà nombre de discussions dans les couloirs du Parlement européen.

C'est la vague récente de faits divers violents dont Bruxelles a été le théâtre qui inspire ce constat – ou du moins ces interrogations – à François Beaudonnet, avec en point d'orgue le braquage perpétré le 5 mars dernier dans une bijouterie uccloise, et au cours duquel une mère de famille de 46 ans a tragiquement perdu la vie. En outre, trois agressions de députés européens ont successivement été commises sur les trottoirs du quartier Schuman, ce qui n'a pas manqué de corser encore un peu plus le débat institutionnel au volet "Insécurité". Enfin, les déclarations d'Armand De Decker (bourgmestre de Uccle) la semaine dernière dans les pages de La Libre Belgique – qui, pour rappel, proposait de faire éduquer les jeunes délinquants par des militaires – ont fini de convaincre le journaliste du bien-fondé de son intervention.

Si le reportage évoque au passage de tristes statistiques – Bruxelles n°1 en matières de cambriolages – qui cependant datent un peu (étude d'Urban Audit 2004), le bourgmestre Freddy Thielemans défend sa ville et tente de relativiser, rappelant à qui veut l'entendre que la dotation consacrée à ces matières n'a pas connu d'augmentation depuis 1989. Quant à la comparaison avec d'autres grandes villes, elle souffre d'un déséquilibre dû à l'urbanisme de notre capitale. Les études consacrées à Paris, par exemple, fournissent des données intra-muros, qui par conséquent ne reprennent pas la criminalité des banlieues, totalement intégrées à la ville et donc aux statistiques en ce qui concerne Bruxelles.

Si des griefs doivent bien être pointés du doigt, il semble inopportun de s'alarmer pour le moment. Même si une volonté semble aujourd'hui exister de mettre le sujet sur la table des débats européens.

Cet article génère un nombre très important de commentaires qui doivent être tous revus en raison du sujet abordé. Il ne nous est matériellement pas possible d’assumer cette charge additionnelle. En conséquence, cet article ne sera pas ouvert aux commentaires. Veuillez nous en excuser. Merci de votre compréhension. La modération.
 

lati22

Allah marana
salam,

Moi le seul endroit où je me sens en sécurité c'est chez moi dans ma maison, qu'on soit à Paris, Bruxelles ou New York il y a de l'insécurité partout. Bruxelles n'est pas la pire loin de là faut pas exagérer.
 
Toutes les capitales européennes et même mondiales pourraient être étiquetées d'insecuritaire. Cela va de soi à partir du moment, où la violence existera.

Entre Bruxelles, Rome, et Bagdad laquelle est selon vous la plus insécuritaire?

C'est dernière année, on a pas vu un seul discours politique prononcée par des leaders de partis politique majoritaire sans le mot sécurité, violence et peur.


Je lisais cet article sur le soir.be à propos de " Bruxelles et de l'insécurité ".

(il est un peu long mais intéressant).
 
La sécurité comme mythe sacré


Nadia Fadil Sociologue, chercheuse FNRS à la KULeuven
jeudi 11 février 2010, 10:13



Depuis la semaine passée, nous savons que le président d’Ecolo, Jean-Michel Javaux, se rend toutes les semaines à la messe. Et cette confession n’est pas passée inaperçue. Des collègues hommes politiques et les commentateurs furent invités à s’exprimer sur la pertinence de cette « confession ». Beaucoup n’étaient pas contents et virent surtout dans cet aveu une dangereuse confusion entre politique et religieux, confusion qui ouvrirait la porte à davantage de présence du religieux dans l’espace public (Michel Meyer dans Le Soir du 5 février 2010).

La combinaison de la foi et de la politique serait explosive, nous dit-on. La foi ne nous permettrait pas de créer un terrain commun sur lequel nous pouvons engager des discussions rationnelles les uns avec les autres. La religion réduirait en effet certaines questions à des valeurs « sacrées », ce qui les rend non discutables. Et cela viole les principes fondamentaux de notre démocratie.

Si l’argument semble imparable, on oublie souvent que les processus de sacralisation et de mystification ne sont pas le seul privilège de la religion. Nos sociétés contemporaines et le monde politique sont loin d’être aussi « désenchantés » qu’on voudrait nous faire croire. Des mythes sacrés existent toujours ; ils ne sont simplement plus prêchés depuis la chaire. Le débat actuel sur la sécurité illustre cette idée.

Des informations alarmantes concernant Bruxelles et son insécurité envahirent nos médias la semaine dernière, qu’il s’agisse d’informations concernant l’école supérieure à Anderlecht, qui dut déménager par la force des choses, ou des kalachnikovs que l’on peut se procurer en moins de 6 heures dans la capitale. Bien que les chiffres indiquent que la criminalité n’a pas augmenté, contrairement à Anvers où la criminalité a grimpé de 9 % l’année passée, de nombreux hommes politiques et leaders d’opinion furent surtout préoccupés par le « sentiment d’insécurité » croissant dans la capitale.
 
Loin de moi l’idée de ne pas prendre au sérieux le sentiment d’insécurité des personnes directement concernées. Le problème réside dans le fait que le débat fut mené avec beaucoup d’équivoques. S’agissait-il d’endiguer les bandes criminelles ou des jeunes désœuvrés, les sans-emploi et les sans-abri qui dorment sur nos trottoirs ? Le patchwork institutionnel de Bruxelles fut lui aussi pointé du doit comme la source de tous les maux, sans parler des parents démissionnaires, des écoles déficientes ou du manque d’emplois.

Lorsqu’une question bien précise est déclarée « sacrée », comme la question du « sentiment de sécurité » la semaine dernière, toute discussion raisonnable s’arrête. La sécurité devient alors un mythe fondé sur l’idée qu’il est non seulement possible mais également souhaitable de créer un sentiment de sécurité. Le sociologue Loïc Wacquant note que ce discours sécuritaire doit être situé dans le contexte du capitalisme avancé, lequel se caractérise par une augmentation des incertitudes et une fragmentation du salariat. Alors qu’ils semblent être réduits au rôle de spectateurs en ce qui concerne l’avenir d’Opel Belgium ou d’autres restructurations économiques et financières, nos dirigeants se focalisent sur les segments les plus faibles de notre population afin de faire valoir leur autorité. Les incantations autour du thème de la sécurité servent alors à compenser le manque de certitudes et l’impuissance du pouvoir politique.

Ce mythe sécuritaire intervient de deux manières dans le cadre de la discussion sur Bruxelles. La première consiste à créer un lien entre deux questions logiquement distinctes : la question sécuritaire et la question sociale. Par une sorte de coup de force rhétorique, les sans-abri, les rues sales et la situation sociale désastreuse de Bruxelles furent par exemple présentés comme des menaces pour la « sécurité ». Gare à ceux qui émirent une objection ou voulurent insister sur l’insécurité vécue par les victimes de la précarité sociale. Ils furent aussitôt pointés du doigt comme des « étrangers à ce monde » ou des « idiots naïfs » préférant mettre leur tête dans le sable au lieu d’affronter les problèmes.

Ce mythe suggère ensuite que des solutions univoques et faciles existent à cet embrouillamini de problèmes. La semaine passée, une réponse était sur toutes les lèvres : « tolérance zéro ». Une zone de police fusionnée et un discours répressif plus ferme apparurent soudain comme la panacée. Et les « jeunes qui traînent » dans les quartiers devinrent source de dangers potentiels. Les programmes sociaux qui les visent furent dès lors abordés à partir de cette rhétorique sécuritaire, les maisons de jeunes vues comme des moyens pour maintenir les jeunes hors de la rue, et la grande solution pour l’enseignement déficient consista, la semaine passée, à soumettre au parquet l’identité de 617 jeunes en situation d’école buissonnière à Bruxelles (Pascal Smet dans De Standaard du 4 février 2010).

Ceux qui ont commenté la sortie de Javaux ont raison de se soucier de la place du sacré dans l’espace public. Elle détermine d’ailleurs en grande partie notre agenda politique. Mais dans sa variante moderne, elle semble être moins ventilée par André Léonard et consorts que par nos prophètes « laïques » de malheur : les leaders d’opinion, journalistes et hommes politiques qui ont déclaré Bruxelles comme « zone de débauche » et qui se tiennent prêts à la nettoyer, avec les excommunications nécessaires pour ceux qui refusent de céder à l’exigence de la « tolérance zéro ».

Traduit du néerlandais
par Fabienne Trefois.


http://www.lesoir.be/forum/chroniques/2010-02-11/la-securite-comme-mythe-sacre-753067.shtml
 
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