Quand les femmes montrent le problème, les idiots débattent du hashtag.
Tenez-vous prêts pour un changement de civilisation.
Nous, nous le sommes.
Une carte blanche de Myriam Leroy, en collaboration avec Florence Hainaut, journalistes.
Àtoutes les femmes qui ont osé évoquer les agressions qu’elles ont subies, les épisodes de harcèlements endurés, les injustices vécues, et qui, ce faisant, ont contribué à créer une communauté éphémère, cathartique, de l’ordre de la bien trop rare sororité : merci.
À tous les mecs sensibles, types bien, hommes discriminés sur d’autres plans qui réussissent à saisir l’universalité de l’expérience de domination sociale, garçons relisant en toute humilité des actes passés ou d’autres auxquels ils ont assisté, à tous ceux qui ont répondu à la déferlante de #MeToo et #balancetonporc en ayant l’adéquate réaction du silence sidéré ou de l’encouragement : merci.
Aux autres, hommes et femmes, nous aimerions dire ceci.
À ceux qui estiment qu’il faut faire un distinguo entre harcèlement de rue, remarques déplacées (…) et agressions sexuelles, qu’il y a un monde entre le type qui te met la main aux fesses en festival, cet humoriste qui remonte la jupe d’une chanteuse à la télé, « en toute connivence » et celui qui te coincera dans une ruelle sombre pour te pénétrer de force en te rouant de coups : distinguo, vraiment ? Gradation certainement, mais distinguo ?
Tout ceci participe de la même affaire : l’idée que pour les hommes, c’est open bar, qu’ils peuvent se servir, qu’ils sont les rois de la jungle et que certains peuvent éventuellement asseoir ce statut en braconnant quelque femelle.
Quand l’insulte s’ajoute à l’infamie
Non, le viol n’est pas affaire de désir. Non, le viol n’est pas l’apanage de quelques miséreux sexuels auxquelles les femmes se seraient « refusées ». Le viol est affaire de domination, de possession, d’anéantissement de l’autre.
La criminologie l’a établi il y a bien longtemps. La finalité d’un viol n’est pas sexuelle. Elle est morbide. Le viol n’est pas l’objet mais le moyen.
Le « viol tendre », comme nous avons pu le lire, n’existe pas.
Si certaines agressions ne nécessitent qu’un usage modéré de la brutalité physique, c’est parce que la peur, l’habitude, l’incompréhension des enjeux, l’alcool ou l’hébétement empêchent la victime de réagir comme elle le voudrait.
À ceux qui évoquent, à propos des voix qui s’élèvent sur internet, une campagne marketing, une « opération » (on l’a lu, « l’opération #metoo »), un coup de pub… Mais de quoi parle-t-on ?
Qui veut d’un personal branding de victime ? Et pourquoi décrédibiliser la parole qui s’exprime enfin ? « Opération » ? Montée par qui, à quelles fins ? Il s’agit d’un mouvement spontané, mondial, simplement destiné à montrer l’ampleur du problème. Non, personne ne veut « faire le buzz avec son viol ». N’ajoutez pas l’insulte à l’infamie.
Moins de slogans, plus d’agissements, entend-on.
Comme si le débat public n’avait aucune valeur.
Comme si la révolution de 2017 ne pouvait pas passer par les armes et canaux de 2017.
Tenez-vous prêts pour un changement de civilisation.
Nous, nous le sommes.
Une carte blanche de Myriam Leroy, en collaboration avec Florence Hainaut, journalistes.
Àtoutes les femmes qui ont osé évoquer les agressions qu’elles ont subies, les épisodes de harcèlements endurés, les injustices vécues, et qui, ce faisant, ont contribué à créer une communauté éphémère, cathartique, de l’ordre de la bien trop rare sororité : merci.
À tous les mecs sensibles, types bien, hommes discriminés sur d’autres plans qui réussissent à saisir l’universalité de l’expérience de domination sociale, garçons relisant en toute humilité des actes passés ou d’autres auxquels ils ont assisté, à tous ceux qui ont répondu à la déferlante de #MeToo et #balancetonporc en ayant l’adéquate réaction du silence sidéré ou de l’encouragement : merci.
Aux autres, hommes et femmes, nous aimerions dire ceci.
À ceux qui estiment qu’il faut faire un distinguo entre harcèlement de rue, remarques déplacées (…) et agressions sexuelles, qu’il y a un monde entre le type qui te met la main aux fesses en festival, cet humoriste qui remonte la jupe d’une chanteuse à la télé, « en toute connivence » et celui qui te coincera dans une ruelle sombre pour te pénétrer de force en te rouant de coups : distinguo, vraiment ? Gradation certainement, mais distinguo ?
Tout ceci participe de la même affaire : l’idée que pour les hommes, c’est open bar, qu’ils peuvent se servir, qu’ils sont les rois de la jungle et que certains peuvent éventuellement asseoir ce statut en braconnant quelque femelle.
Quand l’insulte s’ajoute à l’infamie
Non, le viol n’est pas affaire de désir. Non, le viol n’est pas l’apanage de quelques miséreux sexuels auxquelles les femmes se seraient « refusées ». Le viol est affaire de domination, de possession, d’anéantissement de l’autre.
La criminologie l’a établi il y a bien longtemps. La finalité d’un viol n’est pas sexuelle. Elle est morbide. Le viol n’est pas l’objet mais le moyen.
Le « viol tendre », comme nous avons pu le lire, n’existe pas.
Si certaines agressions ne nécessitent qu’un usage modéré de la brutalité physique, c’est parce que la peur, l’habitude, l’incompréhension des enjeux, l’alcool ou l’hébétement empêchent la victime de réagir comme elle le voudrait.
À ceux qui évoquent, à propos des voix qui s’élèvent sur internet, une campagne marketing, une « opération » (on l’a lu, « l’opération #metoo »), un coup de pub… Mais de quoi parle-t-on ?
Qui veut d’un personal branding de victime ? Et pourquoi décrédibiliser la parole qui s’exprime enfin ? « Opération » ? Montée par qui, à quelles fins ? Il s’agit d’un mouvement spontané, mondial, simplement destiné à montrer l’ampleur du problème. Non, personne ne veut « faire le buzz avec son viol ». N’ajoutez pas l’insulte à l’infamie.
Moins de slogans, plus d’agissements, entend-on.
Comme si le débat public n’avait aucune valeur.
Comme si la révolution de 2017 ne pouvait pas passer par les armes et canaux de 2017.