Un homme (une femme) vous attire: que regardez-vous chez lui (chez elle) en premier? A cette question, maintes fois posée dans les tests sexo-psycho qui, chaque été, fleurissent dans les magazines, hommes et femmes répondent parfois à l’unisson: les fesses. Mais le plus souvent, leurs avis divergent. Les seins, disent alors les premiers. Les yeux ou les mains, assurent les secondes, avec un soupçon d’hypocrisie. Car la réalité est souvent plus prosaïque. Et plus encore si l’objet du désir se présente dans le plus simple appareil.
Que se passe-t-il en effet, dans la plupart des cas? Face à face, le regard masculin est bien attiré par les seins de la femme. Et son regard à elle… par le sexe de l’homme. Et pourquoi en serait-il autrement? Ces «attributs sexuels secondaires» constituent la différence anatomique la plus évidente entre nous. Une différence spécifiquement humaine, dont le développement au cours de notre évolution n’a pas fini d’interroger la science.
«Parmi les diverses espèces de primates que représentent les grands singes et l’homme, laquelle possède de loin le plus gros pénis, et pour quelle raison? Pourquoi les hommes sont-ils, en règle générale, plus grands que les femmes? Comment se fait-il que les hommes aient des testicules bien plus petits que ceux des chimpanzés? Pourquoi les êtres humains copulent-ils en privé, tandis que tous les animaux sociaux le font en public? Pourquoi les femmes ne ressemblent-elles pas à presque toutes les femelles de mammifères, en ayant une période de fécondité facilement reconnaissable et une réceptivité sexuelle limitée à ces journées?» Il faut avoir l’envergure de Jared Diamond, professeur de physiologie à la Faculté de médecine de Los Angeles, pour oser interroger ainsi notre espèce.
Le plus gros pénis? «Si vous claironnez «le gorille» comme réponse à la première question, vous pouvez coiffer le bonnet d’âne: la solution correcte est l’homme. Si vous avez des réponses intelligentes, quelles qu’elles soient, à proposer pour les quatre autres questions, publiez-les; plusieurs théories sont en concurrence sur ces sujets, et les scientifiques sont encore en train d’en débattre», poursuit-il dans Le Troisième Chimpanzé. Cet essai – passionnant – sur l’évolution et l’avenir de l’animal humain date de 1992. Depuis, le mystère est resté entier. Comme celui de la séduction, dont les codes se déclinent si différemment au masculin et au féminin.