Fitra
Allah, Souria, Houria wa bass
http://www.leparisien.fr/charlie-he...harlie-est-encore-loin-18-10-2015-5196355.php
Que s'est-il passé le matin de l'attaque ?
Nous avons passé la nuit chez lui, dans le quartier Montorgueil. Après le réveil, Charb est parti chercher des croissants à la boulangerie. En revenant, il avait l'air soucieux : il m'a raconté avoir repéré en bas de son immeuble une voiture noire aux vitres teintées, de marque Peugeot ou Renault, je ne me rappelle plus précisément. Il n'était pas du genre à s'inquiéter pour rien, mais là, ça le perturbait. Il répétait : « C'est bizarre cette voiture. » La discussion a dévié et il m'a dit qu'il ne recevait plus tellement de lettres de menaces depuis quelques mois, et qu'il serait intéressant de refaire le point avec la police sur ses besoins en termes de sécurité. Après quoi, il est parti pour la conférence de rédaction. Il avait l'intention de revenir travailler chez lui après. J'ai quitté l'appartement environ une heure et demie plus tard, sans clé, simplement en claquant la porte. Qui était dans cette voiture ? Les frères Kouachi ? Des complices ? J'ai parlé de cet épisode aux policiers qui m'ont entendue, et j'ai écrit à la juge chargée du dossier cet été pour lui rappeler cet élément, mais je n'ai aucun retour depuis.
« Charlie Hebdo » était-il menacé ?
Financièrement, oui. A l'automne 2014, la santé financière du journal était catastrophique. Charb me disait qu'il devait trouver 200 000 € avant la fin de l'année pour ne pas fermer boutique en 2015. Les appels aux dons n'avaient pas suffi à redresser les comptes. Il s'est mis à chercher des fonds un peu partout, sans trop en parler à ses copains de « Charlie » parce qu'ils ne voulaient pas les inquiéter. Dans cette quête, il a été mis en relation avec beaucoup de personnes différentes, parmi lesquels des hommes d'affaires, notamment du Proche-Orient, avec qui il passait des soirées. Il n'a jamais voulu me dire qui était l'intermédiaire qui lui permettait de rencontrer ces personnes. Il le désignait simplement en disant « mon contact ». En rentrant de ces soirées, il rigolait en me disant qu'il leur avait fait du charme, que ces gens-là étaient capables de lâcher 100 000 € comme on en dépense 10. Je n'ai jamais su non plus qui étaient ces riches hommes d'affaires.
Pourquoi jugez-vous cet épisode important ?
Parce que la veille de l'attentat, Charb m'a dit qu'il avait réussi à trouver l'argent manquant. Je lui ai demandé comment, il m'a répondu : « Mes soirées où je fais du charme à des riches dignitaires, eh bien ça a fini par payer ! » Je n'ai pas cherché à en savoir plus, mais je lui ai dit que cela pouvait être dangereux. Il a ajouté qu'il restait à se mettre d'accord avec les fournisseurs du journal pour régler les factures restantes. Aujourd'hui, je ne peux pas m'empêcher de trouver cette coïncidence troublante. Qui a payé ? Où se trouve cette somme et comment a-t-elle été réglée ? Peut-il y avoir un lien avec les événements du 7 janvier ? Les enquêteurs doivent s'y intéresser.
Vous avez également alerté les policiers sur un « mystérieux » cambriolage...
Le samedi qui a suivi le drame, je suis retournée avec le frère de Charb et quelques intimes dans son appartement. Nous avons découvert qu'il avait été visité, mis à sac, et des affaires emportées, parmi lesquelles des dessins et son ordinateur portable. Il me paraît indispensable de retrouver cet ordinateur portable qui contient sûrement des informations utiles à l'enquête. Or je m'étonne que les policiers qui ont recueilli mon témoignage n'aient pas eu l'air intéressés par cet élément. Un tel cambriolage, chez un défunt, quelques jours après le drame, ne mérite-t-il pas une enquête approfondie ?
Que s'est-il passé le matin de l'attaque ?
Nous avons passé la nuit chez lui, dans le quartier Montorgueil. Après le réveil, Charb est parti chercher des croissants à la boulangerie. En revenant, il avait l'air soucieux : il m'a raconté avoir repéré en bas de son immeuble une voiture noire aux vitres teintées, de marque Peugeot ou Renault, je ne me rappelle plus précisément. Il n'était pas du genre à s'inquiéter pour rien, mais là, ça le perturbait. Il répétait : « C'est bizarre cette voiture. » La discussion a dévié et il m'a dit qu'il ne recevait plus tellement de lettres de menaces depuis quelques mois, et qu'il serait intéressant de refaire le point avec la police sur ses besoins en termes de sécurité. Après quoi, il est parti pour la conférence de rédaction. Il avait l'intention de revenir travailler chez lui après. J'ai quitté l'appartement environ une heure et demie plus tard, sans clé, simplement en claquant la porte. Qui était dans cette voiture ? Les frères Kouachi ? Des complices ? J'ai parlé de cet épisode aux policiers qui m'ont entendue, et j'ai écrit à la juge chargée du dossier cet été pour lui rappeler cet élément, mais je n'ai aucun retour depuis.
« Charlie Hebdo » était-il menacé ?
Financièrement, oui. A l'automne 2014, la santé financière du journal était catastrophique. Charb me disait qu'il devait trouver 200 000 € avant la fin de l'année pour ne pas fermer boutique en 2015. Les appels aux dons n'avaient pas suffi à redresser les comptes. Il s'est mis à chercher des fonds un peu partout, sans trop en parler à ses copains de « Charlie » parce qu'ils ne voulaient pas les inquiéter. Dans cette quête, il a été mis en relation avec beaucoup de personnes différentes, parmi lesquels des hommes d'affaires, notamment du Proche-Orient, avec qui il passait des soirées. Il n'a jamais voulu me dire qui était l'intermédiaire qui lui permettait de rencontrer ces personnes. Il le désignait simplement en disant « mon contact ». En rentrant de ces soirées, il rigolait en me disant qu'il leur avait fait du charme, que ces gens-là étaient capables de lâcher 100 000 € comme on en dépense 10. Je n'ai jamais su non plus qui étaient ces riches hommes d'affaires.
Pourquoi jugez-vous cet épisode important ?
Parce que la veille de l'attentat, Charb m'a dit qu'il avait réussi à trouver l'argent manquant. Je lui ai demandé comment, il m'a répondu : « Mes soirées où je fais du charme à des riches dignitaires, eh bien ça a fini par payer ! » Je n'ai pas cherché à en savoir plus, mais je lui ai dit que cela pouvait être dangereux. Il a ajouté qu'il restait à se mettre d'accord avec les fournisseurs du journal pour régler les factures restantes. Aujourd'hui, je ne peux pas m'empêcher de trouver cette coïncidence troublante. Qui a payé ? Où se trouve cette somme et comment a-t-elle été réglée ? Peut-il y avoir un lien avec les événements du 7 janvier ? Les enquêteurs doivent s'y intéresser.
Vous avez également alerté les policiers sur un « mystérieux » cambriolage...
Le samedi qui a suivi le drame, je suis retournée avec le frère de Charb et quelques intimes dans son appartement. Nous avons découvert qu'il avait été visité, mis à sac, et des affaires emportées, parmi lesquelles des dessins et son ordinateur portable. Il me paraît indispensable de retrouver cet ordinateur portable qui contient sûrement des informations utiles à l'enquête. Or je m'étonne que les policiers qui ont recueilli mon témoignage n'aient pas eu l'air intéressés par cet élément. Un tel cambriolage, chez un défunt, quelques jours après le drame, ne mérite-t-il pas une enquête approfondie ?