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Une étude révèle que les immigrés et leurs descendants ont deux fois moins de chances d'accéder à l'emploi que la population majoritaire. Les explications de Cris Beauchemin, chercheur à l'Ined
Décidément, l'égalité salariale n'est pas le fort de la France. Après les femmes et les homosexuels, on apprend que les immigrés et les descendants d'immigrés sont également moins bien payés que la population majoritaire. C'est ce que révèle une enquête réalisée conjointement par des chercheurs de l'Insee et de l'Ined, dont les résultats ont été publiés le 19 octobre. Les explications de Cris Beauchemin, chercheur à l'Ined et coordinateur de l'étude "Trajectoire et Origines".
Quelles sont vos conclusions sur l'égalité des chances des immigrés et de leurs descendants d'accéder au marché de l'emploi en France?
Notre enquête montre que, toutes choses égales par ailleurs [NDLR: c'est-à-dire à âge, sexe, niveau de diplôme, composition de la famille et lieu de résidence comparables], le risque de chômage est 2,7 fois plus élevé pour les immigrés algériens que pour la population majoritaire [NDLR: Français dont aucun des deux parent n'est immigré], 2,1 fois plus important pour les immigrés marocains, tunisiens et d'Afrique subsaharienne. Ces écarts se réduisent mais perdurent pour les descendants d'immigrés: le ratio est de 2 pour les enfants d'immigrés algériens et de 1,8 pour les enfants d'immigrés marocains, tunisiens et d'Afrique subsaharienne.
Vous remarquez que ces écarts ne sont pas dus au niveau de qualification. Peut-on parler de discrimination à l'embauche?
Oui, d'autant que ces résultats objectifs sont exacerbés par le ressenti de ces population d'être victime de discriminations. L'enquête "Trajectoires et Origines" a demandé à l'ensemble des enquêtés si, au cours des cinq dernières années, il était arrivé qu'on leur refuse injustement un emploi. 13% des immigrés ont répondu oui, dont 24% d'immigrés d'Afrique subsaharienne et 19% d'immigrés algériens, ainsi que 12% des enfants d'immigrés dont 19% pour les descendants d'immigrés du Maghreb, contre 7% de réponses positives dans la population majoritaire.
Cette discrimination à l'embauche se retrouve-t-elle aussi au niveau du salaire?
Oui. Toutes choses égales par ailleurs, c'est-à-dire dans ce cas à poste et caractéristiques sociodémographiques équivalents, les immigrés d'Afrique subsaharienne gagnent en moyenne 12% de moins que la population majoritaire, leurs descendants 6% de moins; les immigrés algériens gagnent quant à eux 13% de moins, leurs enfants 4%. Sauf pour les femmes d'origine immigrée: la décote salariale disparaît totalement à caractéristiques sociodémographiques données.
Décidément, l'égalité salariale n'est pas le fort de la France. Après les femmes et les homosexuels, on apprend que les immigrés et les descendants d'immigrés sont également moins bien payés que la population majoritaire. C'est ce que révèle une enquête réalisée conjointement par des chercheurs de l'Insee et de l'Ined, dont les résultats ont été publiés le 19 octobre. Les explications de Cris Beauchemin, chercheur à l'Ined et coordinateur de l'étude "Trajectoire et Origines".
Quelles sont vos conclusions sur l'égalité des chances des immigrés et de leurs descendants d'accéder au marché de l'emploi en France?
Notre enquête montre que, toutes choses égales par ailleurs [NDLR: c'est-à-dire à âge, sexe, niveau de diplôme, composition de la famille et lieu de résidence comparables], le risque de chômage est 2,7 fois plus élevé pour les immigrés algériens que pour la population majoritaire [NDLR: Français dont aucun des deux parent n'est immigré], 2,1 fois plus important pour les immigrés marocains, tunisiens et d'Afrique subsaharienne. Ces écarts se réduisent mais perdurent pour les descendants d'immigrés: le ratio est de 2 pour les enfants d'immigrés algériens et de 1,8 pour les enfants d'immigrés marocains, tunisiens et d'Afrique subsaharienne.
Vous remarquez que ces écarts ne sont pas dus au niveau de qualification. Peut-on parler de discrimination à l'embauche?
Oui, d'autant que ces résultats objectifs sont exacerbés par le ressenti de ces population d'être victime de discriminations. L'enquête "Trajectoires et Origines" a demandé à l'ensemble des enquêtés si, au cours des cinq dernières années, il était arrivé qu'on leur refuse injustement un emploi. 13% des immigrés ont répondu oui, dont 24% d'immigrés d'Afrique subsaharienne et 19% d'immigrés algériens, ainsi que 12% des enfants d'immigrés dont 19% pour les descendants d'immigrés du Maghreb, contre 7% de réponses positives dans la population majoritaire.
Cette discrimination à l'embauche se retrouve-t-elle aussi au niveau du salaire?
Oui. Toutes choses égales par ailleurs, c'est-à-dire dans ce cas à poste et caractéristiques sociodémographiques équivalents, les immigrés d'Afrique subsaharienne gagnent en moyenne 12% de moins que la population majoritaire, leurs descendants 6% de moins; les immigrés algériens gagnent quant à eux 13% de moins, leurs enfants 4%. Sauf pour les femmes d'origine immigrée: la décote salariale disparaît totalement à caractéristiques sociodémographiques données.