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La législation suisse, par ailleurs, n'encadre pas explicitement la protection de la santé des fumeurs, ni n'exige le contrôle des exportations de cigarettes hors des pays de l'UE.
Les données de cette enquête pourraient-elle peser dans la révision de la loi sur le tabac, actuellement en cours en Suisse ? « Pour le moment, il y a eu peu de réactions politiques, mais j'en espère dans les semaines à venir », confie la journaliste.
Répercussions politiques et législatives en Afrique
Les États africains, cibles d'un intense lobbying des cigarettiers, ont aussi leur partition à jouer.
Quand Paul Hopkins, ancien responsable de la sécurité de British American Tobacco,
a mis au jour en 2017 les pratiques de sa compagnie pour corrompre des responsables politiques en vue de contrer les mesures antitabac, notamment au Kenya, « l'ONG kenyane Alliance pour le contrôle du tabac (KETCA) a porté plainte, (…), l'affaire est en ce moment dans les mains de la Cour suprême » rappelle Marie Maurisse.
L'affaire rappelle un brin le scandale des carburants frelatés (
« Dirty Diesel »), qui épinglait en septembre 2016 les négociants suisses refourguant en Afrique de l'essence et du diesel très polluants interdits en Europe, et renvoyait également à la responsabilité des gouvernements africains.
Car les pratiques illégitimes des sociétés suisses révélées par l'ONG Public Eye n'ont eu que peu de répercussions à Berne. « Des interpellations ont été déposées au Parlement, dont
celle-ci, mais le Conseil fédéral a estimé pour l'essentiel qu'il revient aux pays africains de se doter de standards environnementaux de façon à protéger leur population », constate Marc Guéniat, responsible enquête à Public Eye.
Le rapport de l'ONG avait analysé près de 50 échantillons de carburant recueillis dans des stations-service de huit pays africains. Dans certains cas, la teneur en soufre, substance très nocive,
était 150 fois supérieure à celle admise dans l'Union européenne.
« Trois mois après sa publication et à la suite de la campagne menée par la société civile en Côte d'Ivoire, au Ghana, au Mali et au Nigeria, le PNUE (Programme des Nations unies pour l'environnement) a réuni des représentants de la Cedeao à Abuja, au Nigeria, autour de cette question.
Le Bénin, la Côte d'Ivoire, le Nigeria et le Togo se sont engagés à abaisser la teneur en soufre admissible dans les carburants importés à 50ppm, une réduction massive et proche des standards européens.
Cette annonce succédait à celle, faite en octobre, par le Ghana. À ce jour, seul le Ghana a mis en œuvre ce nouveau standard, réduisant ainsi très significativement les émissions de particules fines émises par la combustion de carburants dans le pays, en particulier dans les centres urbains », poursuit-il.
Au Nigeria, toutefois, note-t-il, « le nouveau standard adopté n'a jamais été respecté. Il est apparu, dans plusieurs articles de presse, que des lobbys composés de sociétés locales et internationales ont exercé d'importantes pressions pour maintenir le statu quo. »
Le combat est donc rude, tout comme celui qui s'annonce contre les cigarettes « plus » toxiques pour l'Afrique.
http://afrique.lepoint.fr/economie/...as-avec-l-afrique-05-02-2019-2291531_2258.php
mam