Cinq raisons de ne pas hurler avec les anti-Kadhafi

A écouter les dirigeants occidentaux, Kadhafi est le diable personnifié. On le noircit d’autant plus volontiers qu’il faut l’abattre rapidement. Quelques motifs de ne pas succomber à cette tendance.

Première raison: les dirigeants occidentaux dénaturent les droits de l’homme en prétendant les défendre

C’est la position de Rony Brauman. L’ex-président de Médecins sans frontière dénonce l’opération internationale contre le régime Kadhafi car, selon lui, les principes moraux brandis par les dirigeants occidentaux ne sont que des prétextes. Si l’on veut défendre les droits de l’homme et chasser les dictateurs de la planète, alors pourquoi avoir attendu 42 ans avec Kadhafi? Et pourquoi ne pas commencer avec le Soudanais Omar El Béchir, pourchassé par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes contre l’humanité, ou avec l'Ivoirien Laurent Gbagbo qui mène son pays à la guerre civile, voire avec Issaias Afwerki qui a transformé l’Erythrée en une autre Corée du Nord. Et, tiens, pourquoi pas nous débarrasser aussi des dirigeants nord-coréens, et du Biélorusse Alexandre Loukachenko, surnommé «Pinochenko» par ses compatriotes.

Avec la Libye, nous sommes en pleine démonstration d’hypocrisie. La démocratie, les droits de l’homme, la défense de «paisibles civils» ne sont que des prétextes à une intervention dictée par d’autres considérations, beaucoup moins avouables. Brandir la bannière des droits de l’homme pour justifier une attaque contre Kadhafi est donc non seulement peu crédible, mais aussi dangereux, car on accrédite l’idée que ces principes sont à géométrie variable, et, de ce fait, on les dénature aux yeux de l’opinion internationale. Qui demain pourra croire Sarkozy lorsqu’il prétendra défendre les droits de l’homme?

Deuxième raison: la campagne de Libye préfigure la campagne de Sarkozy (La suite de l'article)
 
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