Guerre en Ukraine : la Russie fait semblant de négocier et fourbit ses armes

Guerre en Ukraine : la Russie fait semblant de négocier et fourbit ses armes
Les autorités russes appellent les Ukrainiens à s’asseoir à table le 2 juin à Istanbul, mais refusent de communiquer à Kiev, aux Américains et aux Européens le contenu de son mémorandum pour la paix. A Kiev, on craint qu’il s’agisse là d’une manœuvre de diversion afin de détourner l’attention...
Les autorités russes appellent les Ukrainiens à s’asseoir à table le 2 juin à Istanbul, mais refusent de communiquer à Kiev, aux Américains et aux Européens le contenu de son mémorandum pour la paix. A Kiev, on craint qu’il s’agisse là d’une manœuvre de diversion afin de détourner l’attention occidentale des préparatifs d’une offensive russe d’été.
On prend les mêmes et on recommence. Après une première rencontre infructueuse le 16 mai dernier, c’est le Kremlin qui a cette fois invité les Ukrainiens à se retrouver à Istanbul le 2 juin pour un second round de pourparlers entre les deux pays. Seulement, encore une fois, Moscou pose ses conditions. Pas d’Américains ni d’Européens dans la salle, et l’envoyé spécial de Vladimir Poutine présentera à ce moment-là aux Ukrainiens un « mémorandum » pour la paix.
Un document bien mystérieux puisque le Kremlin refuse pour l’instant de le communiquer aux Ukrainiens et aux Américains. Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin, qualifie de « non constructives » les demandes de Kiev de consulter ce document en amont d’une réunion. « Il faut arrêter de jouer ! », a répliqué jeudi Heorhii Tykhy, porte-parole du ministère des Affaires étrangères ukrainien.
« La crainte des Russes d’envoyer leur mémorandum à l’Ukraine suggère qu’il est probablement rempli d’ultimatums irréalistes et qu’ils ont peur de révéler qu’ils bloquent le processus de paix », a poursuivi ce diplomate ukrainien. « Les Russes font tout ce qu’ils peuvent pour rendre les réunions futiles », a quant à lui accusé Volodymyr Zelensky, dénonçant « une autre tromperie » de Moscou et réitérant son appel à des sanctions fortes.
Des demandes inacceptables pour Kiev
En réalité, les demandes russes sont claires comme de l’eau de roche : une acceptation par l’Otan d’arrêter son élargissement vers l’est, l’exigence de la neutralité de l’Ukraine et de sa démilitarisation, soit une armée à 50.000 hommes qui la rendrait vulnérable à la Russie, un reset du régime politique et des élections avant d’envisager la paix, la levée de toutes les sanctions contre la Russie et le rétablissement du russe comme langue officielle en Ukraine.Bref, des demandes inacceptables pour Kiev, où beaucoup d’experts estiment que la Russie fait juste semblant de négocier pour imputer l’échec de la démarche aux Ukrainiens. Pendant ce temps, le Kremlin fait croire aux Occidentaux qu’il souhaite la paix de bonne foi alors qu’en réalité il prépare des batailles dans le Donbass, où la défense ukrainienne montre des faiblesses dans le secteur de Pokrovsk et de Kostiantynivka.
Plus inquiétant, l’armée russe s’est emparée cette semaine de quatre villages dans la région de Soumy, faisant face à celle de Koursk. C’est la première fois depuis 2022 qu’un front y est ouvert côté ukrainien. Selon des informations données mardi par Volodymyr Zelensky, 50.000 soldats russes seraient massés à la frontière de la région de Soumy. Ils feraient partie des meilleures brigades russes, faisant craindre une offensive russe estivale.