Moussayer
Dr Moussayer khadija : maladies auto-immunes
L’escarre est une plaie ouverte, qui se forme à l’endroit où la chair est prise en étau entre l’os et un support pendant plusieurs heures chez une personne obligée de garder le lit ou sans autonomie. Sa fréquence n’est pas bien appréciée mais on peut estimer qu'une personne âgée sur deux en sera touchée de façon minime ou grave. Outre les souffrances, elle est dévalorisante chez le malade qui a le sentiment d’aller vers une « mort progressive », provoquant souvent la survenue ou l’accentuation d’une dépression. Une bonne surveillance, à domicile ou en milieu hospitalier, peut en réduire considérablement le risque.
Qu'est ce qu'une escarre ?
Quand une personne alitée repose plusieurs heures sur les mêmes points d’appui, la chair est compressée, freinant la circulation et l’oxygénation du sang. Les tissus vont vite se dégrader. Le passage du stade d'érythème (rougeur cutanée) à celui d'ulcère (plaie ouverte) peut prendre seulement quelques heures.
Le processus se décline en :
- stade 0, rougeur apparaissant mais disparaissant quand on appuie dessus ;
- stade 1, rougeur ne blanchissant pas sous la pression du doigt ;
- stade 2, arrachement cutané, dont une variante au niveau du pied est la phlyctène (ou ampoule) ;
- stade 3, nécrose : plaie profonde ;
- stade 4, ulcère : plaie ouverte profonde ; les muscles sont touchés et l’on peut voir tendons et articulations à nu.
Quels endroits du corps surveiller ?
40 % des escarres siègent au sacrum (au bas du dos) et 40% aux talons.
Pour le malade en fauteuil : la nuque, les omoplates, les fesses et les talons.
Pour le malade couché sur le côté : les trochanters, la face interne des genoux et les faces internes/externes des pieds.
Pour le malade sur le dos : l’occiput, la nuque, les omoplates, les coudes, les crêtes iliaques, le sacrum, les fesses, la face interne des genoux et les talons.
Les gestes préventifs
Observation régulière de l’état cutané à chaque changement de position et lors des soins.
Nutrition : l’entourage doit surveiller l’appétit de la personne, une perte de poids rapide favorisant l’escarre. Au besoin, il faut enrichir ses plats et veiller à ce qu’il reçoive une ration protéinique identique à une personne plus jeune
car la personne âgée synthétise moins bien les protéines et va avoir besoin d’en consommer plus en cas d’escarre. Il faut également veiller à une bonne hydratation, variée si possible (eau, tisanes, jus de fruits…). La capacité à se nourrir correctement est centrale dans le processus de cicatrisation.
Sensibilité : la sensibilité cutanée est souvent diminuée si on s’aperçoit qu’elle ne change pas de position spontanément. Il faut alors planifier des changements de position environ toutes les 2 heures pour solliciter d’autres points d’appui. La position allongée sur le côté à 30° est une position idéale
Hygiène : Il est important de maintenir la personne au sec en évitant les risques de macération.
Les premiers soins ?
- Nettoyage de la plaie et de son pourtour : employer l’eau, le savon ou du sérum physiologique. L’intérêt des antiseptiques ou des antibiotiques n’est pas démontré en l’absence d’infection. La plaie ne doit pas être asséchée mais, après les soins, on peut tamponner légèrement.
- Traitement de l’escarre constituée : La détersion est nécessaire sur les plaies nécrotiques et/ou fibrineuses, soit mécaniquement soit à l’aide de pansements (gras, hydrocolloïde, alginate ou hydrogel). Les matières mortes et le sang issu des capillaires sanguins endommagés produisent en effet une masse au fond de la plaie. Cette masse, souvent dure et sèche, s'oppose au processus de reconstruction cellulaire et donc à la cicatrisation. La colonisation bactérienne est, par ailleurs, constante dans les plaies chroniques : différente de l’infection, elle est utile à la cicatrisation et doit être simplement contrôlée par un nettoyage et une détersion.
Quels sont les gestes à proscrire ?
- Pas d’utilisation de produits agressifs (éosine, alcool, antiseptique), de glace sur la plaie, de chaleur (sèche-cheveux par exemple) pour sécher la plaie. Ces gestes détruisent la flore cutanée alors qu’elle est une barrière aux infections.
- Pas d’utilisation d’huile essentielle.
- Pas de massage des rougeurs qui va aggraver l’escarre.
- Pas de gestes brusques pour lever le malade ou lui tirer les draps, sous peine de provoquer des coupures de la peau.
Pour en savoir plus sur l'importance de la nutrition :
http://www.doctinews.com/component/...nce-en-age-mieux-vivre-cest-mieux-se-nourrirr