
Il est plutôt minimaliste, elle était consommatrice. Il s'est donné le temps de parcourir le monde et d'en revenir avec des rêves de changement de vie, elle enjambait la sienne au rythme parisien, rapide et éphémère, organisant des « événements ». Et puis un jour, ils se sont rencontrés…
Un catalyseur pour You-Liang, développeur informatique las de sa routine, et une révélation pour Carène, qui s'est aperçue que ses placards débordent de vêtements qu'elle n'a jamais mis. « J'ai pris conscience des choses, de la saturation dans laquelle on vit », assure la jeune femme.
Ils quittent le XXe, direction la Charente
Deux ans après cette rencontre, à 36 ans, Carène et You-Liang franchissent un pas radical : ils ont rendu leur appartement du XXe arrondissement, rempli quelques cartons de « l'essentiel », acheté un petit utilitaire. Dimanche, ils quitteront Paris pour la Charente, où ils construiront eux-mêmes leur « tiny house ». L'une de ces micro-maisons nomades construites sur remorque, dont la surface excède rarement 20 m 2 et dont l'aspect reste celui d'une « vraie » maison, avec toit et fenêtres. « La nôtre fera 16 m 2 tout compris », précisent-ils. Et pèsera 3,5 tonnes maximum, remorque incluse.

Un modèle de « tiny house » dont va s’inspirer le couple parisien. LP/Clémence Bauduin
Eux qui n'avaient pas vraiment la fibre bricoleuse ont dessiné le plan de leur future maison en pin, 100 % écologique et autonome, avec panneaux solaires, toilettes sèches et récupération d'eau.
Pour la bâtir, Carène et You-Liang seront guidés par des artisans spécialistes de la construction de tiny houses, un phénomène qui monte dans l'hexagone depuis une dizaine d'années.
Une construction « en six à huit mois»
« Ils nous accompagnent jusqu'à ce que la maison soit hors d'eau et bien isolée, raconte You-Liang. Cela prendra environ 3 mois, ensuite ce sera à nous de jouer. On s'y mettra à plein temps pour espérer la finir en six ou huit mois. En moyenne, les gens mettent entre un et trois ans, un délai qu'on ne peut pas se permettre. » Le temps de la construction, le couple vivra dans un appartement loué sur la plateforme Airbnb.
Plus qu'une mini-maison, pour le jeune couple c'est « une philosophie de vie » que ce virage à 180 degrés. « Cela faisait quelque temps que l'on réfléchissait à partir, raconte Carène. Nous avions envie de vivre autrement. Quand j'ai découvert que des gens vivaient dans 13 m2, j'ai commencé à beaucoup me documenter ».
Aujourd'hui, le deuxième confinement ne fait que les conforter dans leur décision et leur envie de changer de mode de vie. L'activité économique des entreprises maintenue, et la construction qui se déroule en extérieur, ne devrait pas poser de problèmes particuliers selon eux.
80 000 euros d'investissement
Pour tester ce nouveau mode de vie, le couple est déjà parti en voyage test : en van à travers l'Espagne, dans un confort sommaire, sans même une douche. Cela ne les a pas dégoûtés, bien au contraire. Ce « road trip » précaire a achevé de les mettre sur la voie d'une tiny house plutôt que sur celle d'un van. « J'ai toujours rêvé de construire ma maison en bois, ça me correspond plus, c'est aussi plus écologique », explique You-Liang. « Cette maison, c'est la suite logique de notre façon de vivre, complète Carène. Vivre dans 16 m2, c'est vivre à l'essentiel. »