Confinement : ils quittent Paris pour construire leur micro-maison en Charente

  • Initiateur de la discussion Initiateur de la discussion Drapo03
  • Date de début Date de début
267416
Il est plutôt minimaliste, elle était consommatrice. Il s'est donné le temps de parcourir le monde et d'en revenir avec des rêves de changement de vie, elle enjambait la sienne au rythme parisien, rapide et éphémère, organisant des « événements ». Et puis un jour, ils se sont rencontrés…

Un catalyseur pour You-Liang, développeur informatique las de sa routine, et une révélation pour Carène, qui s'est aperçue que ses placards débordent de vêtements qu'elle n'a jamais mis. « J'ai pris conscience des choses, de la saturation dans laquelle on vit », assure la jeune femme.

Ils quittent le XXe, direction la Charente
Deux ans après cette rencontre, à 36 ans, Carène et You-Liang franchissent un pas radical : ils ont rendu leur appartement du XXe arrondissement, rempli quelques cartons de « l'essentiel », acheté un petit utilitaire. Dimanche, ils quitteront Paris pour la Charente, où ils construiront eux-mêmes leur « tiny house ». L'une de ces micro-maisons nomades construites sur remorque, dont la surface excède rarement 20 m 2 et dont l'aspect reste celui d'une « vraie » maison, avec toit et fenêtres. « La nôtre fera 16 m 2 tout compris », précisent-ils. Et pèsera 3,5 tonnes maximum, remorque incluse.

Un modèle de « tiny house » dont va s’inspirer le couple parisien. LP/Clémence Bauduin

Un modèle de « tiny house » dont va s’inspirer le couple parisien. LP/Clémence Bauduin

Eux qui n'avaient pas vraiment la fibre bricoleuse ont dessiné le plan de leur future maison en pin, 100 % écologique et autonome, avec panneaux solaires, toilettes sèches et récupération d'eau.

Pour la bâtir, Carène et You-Liang seront guidés par des artisans spécialistes de la construction de tiny houses, un phénomène qui monte dans l'hexagone depuis une dizaine d'années.

Une construction « en six à huit mois»
« Ils nous accompagnent jusqu'à ce que la maison soit hors d'eau et bien isolée, raconte You-Liang. Cela prendra environ 3 mois, ensuite ce sera à nous de jouer. On s'y mettra à plein temps pour espérer la finir en six ou huit mois. En moyenne, les gens mettent entre un et trois ans, un délai qu'on ne peut pas se permettre. » Le temps de la construction, le couple vivra dans un appartement loué sur la plateforme Airbnb.

Plus qu'une mini-maison, pour le jeune couple c'est « une philosophie de vie » que ce virage à 180 degrés. « Cela faisait quelque temps que l'on réfléchissait à partir, raconte Carène. Nous avions envie de vivre autrement. Quand j'ai découvert que des gens vivaient dans 13 m2, j'ai commencé à beaucoup me documenter ».

Aujourd'hui, le deuxième confinement ne fait que les conforter dans leur décision et leur envie de changer de mode de vie. L'activité économique des entreprises maintenue, et la construction qui se déroule en extérieur, ne devrait pas poser de problèmes particuliers selon eux.

80 000 euros d'investissement
Pour tester ce nouveau mode de vie, le couple est déjà parti en voyage test : en van à travers l'Espagne, dans un confort sommaire, sans même une douche. Cela ne les a pas dégoûtés, bien au contraire. Ce « road trip » précaire a achevé de les mettre sur la voie d'une tiny house plutôt que sur celle d'un van. « J'ai toujours rêvé de construire ma maison en bois, ça me correspond plus, c'est aussi plus écologique », explique You-Liang. « Cette maison, c'est la suite logique de notre façon de vivre, complète Carène. Vivre dans 16 m2, c'est vivre à l'essentiel. »
 
Un essentiel dont le budget les contraint tout de même à faire appel à la « love money » des proches, pour emprunter une grande part de plus de 80 000 euros d'investissement. C'est le prix de leur micro-maison autonome, pour laquelle ils n'auront ni loyer, ni charges fixes hormis… le 4x4 nécessaire au tractage de la remorque. Coûteux en empreinte carbone et en euros, Carène et You-Liang prévoient de compenser « en se déplaçant à vélo tout le reste du temps ».

Ils comptent trouver un emplacement en rendant des services aux propriétaires
Le premier confinement est aussi passé par là. Dans son 30 m2 parisien, le couple a pesé les pour, les contre, parcouru du doigt les régions de l'hexagone, imaginé les étapes… « L'idée est d'adapter nos destinations à une météo supportable pour nous et pour la maison, en évitant les extrêmes, sourient-ils. La législation autorise ce type de maison nomade à rester trois mois sur un terrain privé, précise Carène. Nous ne sommes pas très inquiets pour l'accueil, les gens voient plutôt d'un bon œil les tiny-house, surtout qu' elles sont autonomes et donc ne demandent aucun raccordement à l'électricité ni à l'eau. » Contre leur droit de stationner, Carène et You-Liang imaginent « rendre des services, faire des petits travaux » pour les propriétaires.

Ils quittent la vie parisienne mais pas leur casquette professionnelle : le couple prévoit déjà de créer sa « tiny agency », elle avec ses compétences marketing, lui ses talents de développeur. « L'idée sera d'aider les artisans et entrepreneurs à mieux se faire connaître, ce sont des choses qu'on sait faire ! assure Carène. Le but n'est pas de se couper du monde ni de vivre en autarcie. »

A la veille du départ, Carène et You-Liang ont la fébrilité heureuse de ceux qui partent vers un inconnu qu'ils ont choisi et tout de même balisé. La tête remplie de projets autant que d'une envie de strict minimum. « Aucune inquiétude », lancent-ils d'une seule voix. « On se donne trois ans de ce nomadisme pour ensuite acheter un terrain », annonce Carène. Bien sûr, ils y construiront alors eux-mêmes une maison, atypique et elle aussi écologique, comme ces constructions modulaires « A-frame » en bois, à grande toiture pointue, et largement vitrées
 
Retour
Haut