Et pendant que nous y sommes, un autre "avis" sur le
sang impur.
L'histoire vue plus haut semblerait elle aussi fausse. En effet,
Jean-Clément Martin, historien, ancien directeur de l'Institut d'Histoire de la Révolution Française souligne que :
« Une interprétation aussi fausse que dangereuse, parce qu'elle nourrit la confusion des esprits, court à propos de l'expression "sang impur" dans la Marseillaise pour faire de ce sang impur celui des "révolutionnaires", du "peuple" sacrifié pour la bonne cause. Les textes de l'époque démentent catégoriquement cette vision sacrificielle et a-historique. Il faut assumer son passé. »
De même pour
Bernard Richard, historien, auteur de "Les emblèmes de la République" :
« C’est une explication, fausse, farfelue, créée... par un jeune professeur de lettres qui a voulu faire l’intéressant… le « sang impur », ce sont les ennemis de la liberté, de la Révolution. »
Comme le montrent toutes les
citations historiques, jusqu’à 2005, le « sang impur » a toujours été compris comme celui des ennemis de la Patrie, Français ou étrangers.
Mais en février 2006 apparaît sur Wikipédia une autre interprétation, selon laquelle le « sang impur » serait celui des soldats français donnant leur vie pour la Patrie.
Bénéficiant de
l'ignorance du peuple français, due à un manque d'enseignement, cette fausse théorie domine pendant 7 ans la page du site Wikipédia, où
elle est enlevée puis remise de multiples fois.
A partir de là, elle s'est propagée sur Internet, dans les plus grands médias, jusqu'à l'Assemblée Nationale ou dans des documents pédagogiques de l’Éducation Nationale.
L'explication peut sembler logique : avant la Révolution, les nobles, issus des Francs, avaient le "sang pur" et traitaient le peuple issu des Gaulois de « sang impur », ce qui signifie, selon le Dictionnaire de l’Académie française de 1776 : « né de parents notés » (p 640, tome I), « noté » voulant dire « qui a une mauvaise réputation méritée par quelques fautes qui ont fait éclat » (p.152, tome II).
D'esprit bravache, les révolutionnaires se seraient glorifiés de ce « sang impur » abreuvant la terre de France, pour se présenter comme « martyrs de la liberté ». Le consentement à donner sa vie pour la Patrie est de plus présent dans la Marseillaise, au couplet 4, « S'ils tombent, nos jeunes héros, La terre en produit de nouveaux, Contre vous tout prêts à se battre ! » : le sang des héros apparaît donc comme un engrais abondant et bienfaiteur pour la Patrie.