Le Maroc a mal à sa jeunesse, dont une grande partie nattend plus rien de son pays. Les uns simmolent, dautres vandalisent, sévadent par la drogue ou rêvent de leldorado européen. Autant de signes dun malaise profond.
En février 2011, à Souk Sebt, Fadoua Laroui, 25 ans et mère de deux enfants, simmole par le feu devant lhôtel de ville. Son geste est sa réponse au refus des autorités de lui accorder un logement social quelle réclamait du fait de son statut de mère célibataire. Le suicide de la jeune femme va faire de nombreux émules chez des Marocains nayant pas encore la trentaine. Cet effet de mimétisme morbide est tel quil est difficile de dénombrer aujourdhui les tentatives dimmolation. Le ministre de la Justice, Mustafa Ramid, déclarait quon en comptabilisait plus de 80 en février 2012. Elles nont pas cessé depuis, alimentant la page des faits-divers. Cest vraiment un Jaccuse, un acte de protestation publique, expliquait la psychiatre Saïda Douki après les premiers cas dimmolation dans le monde arabe. Ainsi, lendroit choisi pour se suicider nest pas anodin. Que lon soit diplômé chômeur ou marchand ambulant, on se fait brûler devant des lieux qui représentent le pouvoir : le parlement, une préfecture, etc. Ces tentatives de suicide sont le résultat de langoisse profonde et la frustration des jeunes envers les conditions économiques et sociales de toute une génération, constate un groupe de psychiatres du CHU de Fès qui a travaillé sur la question. En bref, cest grave docteur. Très grave. Car limmolation est la conséquence dune pathologie de la société, et non pas le résultat dun malaise purement personnel comme dans les autres formes de suicide. Sur ce point, les observateurs des mutations sociales rejoignent les psychiatres : Il est dramatique que le suicide soit devenu un canal de revendication, le dernier mode de prise de parole dans une société qui semble être devenue sans écoute, déplore ainsi le sociologue Jamal Khalil.
La Constitution parle de droit à la vie, les immolés ont préféré faire jouer leur droit à la mort, assène le vice-président de lAMDH, Abdelilah Benabdeslam. Ce nest pas par goût de la formule. Cest plutôt lexpression de son profond désarroi face à cette nouvelle forme de protestation, incompréhensible pour ce vieux briscard du sit-in et des marches. Nous avons milité en organisant des grèves de la faim en prison. Jai même perdu des camarades. Mais là, je suis sidéré, je nai jamais vu un tel degré de désespoir chez les nouvelles générations, confie-t-il. La jeunesse de nos jours semble se manifester différemment.
http://www.telquel-online.com/Le-Mag/Decryptage-Generation-perdue/573
En février 2011, à Souk Sebt, Fadoua Laroui, 25 ans et mère de deux enfants, simmole par le feu devant lhôtel de ville. Son geste est sa réponse au refus des autorités de lui accorder un logement social quelle réclamait du fait de son statut de mère célibataire. Le suicide de la jeune femme va faire de nombreux émules chez des Marocains nayant pas encore la trentaine. Cet effet de mimétisme morbide est tel quil est difficile de dénombrer aujourdhui les tentatives dimmolation. Le ministre de la Justice, Mustafa Ramid, déclarait quon en comptabilisait plus de 80 en février 2012. Elles nont pas cessé depuis, alimentant la page des faits-divers. Cest vraiment un Jaccuse, un acte de protestation publique, expliquait la psychiatre Saïda Douki après les premiers cas dimmolation dans le monde arabe. Ainsi, lendroit choisi pour se suicider nest pas anodin. Que lon soit diplômé chômeur ou marchand ambulant, on se fait brûler devant des lieux qui représentent le pouvoir : le parlement, une préfecture, etc. Ces tentatives de suicide sont le résultat de langoisse profonde et la frustration des jeunes envers les conditions économiques et sociales de toute une génération, constate un groupe de psychiatres du CHU de Fès qui a travaillé sur la question. En bref, cest grave docteur. Très grave. Car limmolation est la conséquence dune pathologie de la société, et non pas le résultat dun malaise purement personnel comme dans les autres formes de suicide. Sur ce point, les observateurs des mutations sociales rejoignent les psychiatres : Il est dramatique que le suicide soit devenu un canal de revendication, le dernier mode de prise de parole dans une société qui semble être devenue sans écoute, déplore ainsi le sociologue Jamal Khalil.
La Constitution parle de droit à la vie, les immolés ont préféré faire jouer leur droit à la mort, assène le vice-président de lAMDH, Abdelilah Benabdeslam. Ce nest pas par goût de la formule. Cest plutôt lexpression de son profond désarroi face à cette nouvelle forme de protestation, incompréhensible pour ce vieux briscard du sit-in et des marches. Nous avons milité en organisant des grèves de la faim en prison. Jai même perdu des camarades. Mais là, je suis sidéré, je nai jamais vu un tel degré de désespoir chez les nouvelles générations, confie-t-il. La jeunesse de nos jours semble se manifester différemment.
http://www.telquel-online.com/Le-Mag/Decryptage-Generation-perdue/573