L'affection EST dépendance.
L'amour inconditionnel, et indépendant peut être appelé de diverses facons, il a existé de nombreuses façons de le décrire (dans la mystique notamment), mais en aucun cas il ne s'agit d'affection (d'affect).
L'idée même d'une affection (que les anciens appellaient πάθος, le pathos) qui soit détachée de toute fonction aliénante; cette même idée qu'il extrait en nous une "normalité" du sentiment (a contrario du pathologique) , en somme une affection "pépère", c'est au mieux d'une grande naïveté, au pire la résultante idéologique de la normativité moderne ( qui a mon sens est le pire des poisons de l'esprit). L'amour, ca fait mal. Et ca fait même partie de ses fonctions !
Comme affection et amour sont des termes assez mal foutus en francais, disons par affection ou
amour (petit "a") ce que les anciens appellaient "eros" (qui , je pense, colle avec ton propos) et disons que l'
Amour (avec un grand "A") serait "l'agapè" : un Amour libéré de la souffrance
Dans ta question il y en a plusieurs : si tu veux dire par la, comment aimer d'
amour sans souffrir ? Alors il y n'existe aucune solution qui n'engendre derrière un plus grand sacrifice :
- Tu peux aimer autre chose, ou quelqu'un d'autre (ce qui ne change rien au problème, mais te laisse un peu de répit)
- Tu peux aimer moins (mourir du dedans), nier ta pulsion vitale
- Tu peux remplacer l'amour par l'Amour (bon courage !)
1 - Dans le premier cas, il te suffira de laissser le temps au temps. Puis de retomber dans les mêmes abîmes auprès d'un autre homme.. Il y a de fortes chances que de peines en peines tu t'épuises et finisse par choisir le second cas ! -->
2 - Dans le second cas, tu peux t'appauvrir intérieurement (aimer moins). C'est une petite mort non de l'âme (qui est bien au dessus de ca), mais de l'énergie vitale qui est en toi. C'est la solution que te proposeront les psy, qui par un savant storytrelling, te feront prendre consciences, telle une boite de pandore, des mécaniques qui te gouvernent. Elles se tairont, pour certaines, mais te laisseront vide, avide, et probablement cynique. Observes simplement les femmes qui t'entourent et qui vont régulièrement voir leur psy... Elles se sont affranchi d'un maître pour s'en trouver un pire encore.
3 - Enfin, et c'est une tâche ardue, tu peux Aimer au lieu d'aimer. Mais on Aime pas un homme....on Aime Dieu. car Aimer un homme est une folie. C'est le chemin long et arpenté de la mystique. L'islam est une voie noble...il en existe d'autres qui partent des mêmes impulsions.
Comme tu vois ca n'est pas simple. Rare sont ceux qui ont le courage et la nature pour se tracer une voie spirituelle. Et c'est encore plus difficile pour une femme... Mais il y a des réconfort tout de même, qui sont :
la Phillia (l'amour fillial, amical, famillial...) Tu verras qu'avec le temps l'amour (eros) se tarit. On vieillit ! Mais la phillia, elle, ne naît pas des effusions du corps. En tout cas pas de la même facon. C'est beaucoup durable et moins douloureux. C'est l'amour que privilégie initialement le mariage religieux : ca n'est plus un secours aujourd'hui facilement accessible parce que le monde a perdu ses anciennes sagesses.
Il faut que tu comprennes que TOUT LE MONDE SOUFFRE. Tu n'es pas seule. Chacun des couillons que nous sommes derrières nos claviers, souffrons d'amours passés, d'amours actuels, ou de manque d'amour. Et ceux qui ne souffrent pas sont des morts qui marchent. Nombreux seront ceux qui te mentiront à ce sujet. On n'aime jamais entendre quelqu'un nous rappeler nos propres démons. Mais l'idée même que tu partages exactement la même souffrance que tous, MEME ton psy, devrait tant te rendre philosophe que d'épargner de dépenser inutilement ton pognon dans un cabinet. L'affect est une mécanique qui nous pousse à nous reproduire. La souffrance est inhérente à nos mécaniques reproductives. Dans un certain sens, il suffit juste de l'accepter.
La sagesse est un secours : soies vraie, parles aux vieux (ils n'ont plus grand chose a te vendre), demande sincèrement à ceux qui t'entourent, sans filtre, ce qu'ils vivent intérieurement, et partages. En route tu te feras des amis. Des concepts usés tels que la perversion narcissique,la dépendance affective, et tant d'autres sont des apories. Cela te permettra un certain temps de produire un storytelling (une petite histoire intérieure) satisfaisant, mais cela ne te sauvera pas. Les sciences de l'esprit n'étudient que la surface du volcan qui est en nous. Dis toi que ca fait plus de 6000 ans qu'on parle de la même chose, c'est pas un austro-hongrois juif du 19e qui a résolu ce que les millénaires n'avaient trouvé... Selon tes penchants, tu trouveras plus de secours dans l'art, la littérature, ou même la bouffe !