L’un des principaux objectifs didactiques de l’auteur est de bien faire ressortir le sens
« correct » de la Bible, pour des termes tels que « compagnon », « semblable », « prochain »,
« ami » ou « homme »
Ainsi le § 219, consacré à l’obligation religieuse résultant du verset « tu aimeras ton prochain comme toi-même »,
est intitulé « Obligation religieuse d’aimer les Juifs », et d’expliquer :
« Aimer avec force chaque Juif signifie qu’on doit prendre soin de lui et de son argent comme
l’on prend soin de soi-même et de son propre argent, car il est écrit : « tu aimeras ton prochain
comme toi-même », et nos sages, d’heureuse mémoire, ont dit : « ce que tu ne peux souffrir,
ne le fais pas à ton ami » (…) beaucoup d’autres obligations religieuses dérivent de cela, car
celui qui aime son ami comme soi-même ne lui volera pas son argent, ne commettra pas
l’adultère avec sa femme, ne lui escroquera pas de l’argent, ne le trompera pas en paroles, ne
lui volera pas sa terre, ni ne lui fera aucune espèce de tort.
Et de nombreuses autres obligations religieuses dépendent aussi de celle-ci, comme le sait tout homme de raison ».
Le § 322, qui porte sur le devoir de maintenir à jamais asservi un esclave gentil (alors
qu’un esclave juif doit être libéré au bout de sept ans), donne l’explication suivante :
« L’origine de cette obligation religieuse est celle-ci : les Juifs sont le meilleur du
genre humain, ils ont été créés pour reconnaître leur Créateur et l’adorer, et sont
dignes de posséder des esclaves pour les servir. S’ils n’avaient pas d’esclaves pris
dans d’autres peuples, il leur faudrait asservir leurs propres frères, alors ceux-ci ne
pourraient pas servir le Seigneur, béni soit-il. C’est pourquoi il nous est ordonné
de posséder ceux-là (des esclaves des autres nations) pour notre service, après les
y avoir préparés et avoir chassé l’idolâtrie de leur langage, pour qu’il n’y ait
aucun péril en nos demeures 148 ; et telle est l’intention du verset « mais entre
vous, frères, enfants d’Israël, aucun de ne dominera sur l’autre avec rigueur149 » ;
aussi ne devrez-vous pas asservir vos frères, qui sont tous déjà prêts à honorer
Dieu. »
148. Selon la Halakhah, un esclave gentil acheté par un Juif doit être converti au
judaïsme, mais il ne devient pas pour autant un véritable Juif.
149. Lévitique 25, 46.
Au § 545, traitant de l’obligation religieuse de prélever un intérêt sur les prêts consentis
aux gentils, la loi est énoncée comme suit : « Qu’il nous est ordonné d’exiger un intérêt aux
gentils quand nous leur prêtons de l’argent, et que nous ne devons pas leur prêter sans
intérêt ». Explication :
« L’origine de cette obligation religieuse est celle-ci : nous ne devons faire acte de
miséricorde qu’envers les gens qui reconnaissent Dieu et l’honorent ; en nous
abstenant de tels actes de miséricorde envers le reste des hommes et en les
accomplissant uniquement envers les premiers, nous montrons que nous
éprouvons amour et miséricorde avant tout pour ceux-ci, parce qu’ils suivent la
religion de Dieu, béni soit-il. Voyez que dans cette intention, notre récompense
(divine), lorsque nous refusons notre miséricorde aux autres, est égale à celle de
l’accorder aux membres de notre propre peuple. »
De nombreux autres passages font le même genre de distinctions.