Laisse tomber c'est à tanger seulement, à Rabat-Salé "3 millions d'habitants" et à Casa "5 millions d'habitants" ils vont voté oui massivement, pareil à fes et Marakech, les membres du "Non" vont manger une rouste mémorable.
Ils votent oui sans savoir ce qu'on leur propose réellement :
On attendait une diminution des pouvoirs du roi au profit de ceux du premier ministre. Mais la seule promotion réelle dont a bénéficié ce dernier est d'ordre sémantique, puisqu'il est désormais "chef du gouvernement". Pour le reste, et même si le roi est contraint de le nommer "au sein du parti politique arrivé en tête" aux élections, rien ne change : pieds et poings liés face au Palais, le chef du gouvernement n'a même pas barre sur sa propre équipe. C'est toujours le roi qui nomme et démet souverainement les ministres.
Le chef du gouvernement peut tout au plus "proposer" une liste de ministres ou "demander" que l'un d'eux soit congédié mais dans les deux cas, rien n'oblige le roi à accepter. En revanche, le roi peut remanier le gouvernement quand il veut. Il doit simplement "consulter" son chef au préalable mais sans que rien ne l'oblige à tenir compte de son avis.
Autres nouveautés constitutionnelles : le chef du gouvernement peut nommer les gouverneurs de provinces et même dissoudre le Parlement
mais à condition d'obtenir l'aval du Conseil des ministres, présidé par le roi.
Bref, tout comme la sacralité, l'absolutisme sort par la porte et revient par la fenêtre. Les pouvoirs politico-religieux du roi sont toujours illimités, et il les applique toujours par dahirs (décrets royaux non susceptibles de recours). Seuls les numéros des articles constitutionnels ont changé : du 19, 23 et 29, on est passé au 41, 42 et 46. On se demande bien où Nicolas Sarkozy voit ces "avancées capitales" dont il s'est félicité. De plus, le président français devrait relire Montesquieu, lui qui parle de "stricte séparation des pouvoirs" alors que le Conseil supérieur judiciaire est présidé par le roi
Les plus optimistes mettront en avant l'officialisation du Tamazight (langue berbère) ou quelques innovations constitutionnelles comme le droit d'accès à l'information publique. Mais il reste à produire des lois ad hoc, faute de quoi ces belles idées resteront lettre morte. Il se trouve que le régime a un passif en matières de promesses non tenues. Mohammed VI n'avait-il pas promis, en 2001 déjà, l'introduction du Tamazight dans les programmes scolaires ? Dix ans plus tard, rien de sérieux n'a été fait dans ce sens.
Au Maroc, les actes contredisent souvent les intentions, même si ces dernières ont valeur constitutionnelle. Comment donner du crédit, par exemple, à l'article 36 du nouveau texte suprême qui "interdit" (là aussi en l'absence de lois précises) le conflit d'intérêt et l'abus de position dominante
quand le roi lui-même continue d'écraser l'économie marocaine à travers sa holding personnelle qui, à elle seule, réalise chaque année jusqu'à 8 % du PIB ? Rendez-vous compte, alors qu'il y'a plus de 5 millions de pauvres au Maroc.