L'affaire des touristes israéliens expulsés d'un restaurant du centre historique par la propriétaire « propal » finit en Procureur. La confrontation, filmée par un téléphone portable, relayée sur les réseaux sociaux et devenue virale, a fait le tour du monde, suscitant critiques et réserves, mais aussi l'intérêt des forces de l'ordre. L'affaire est désormais entre les mains de la Digos de la Questura, ainsi que du commandement provincial des carabiniers de Naples. Dans les prochaines heures, deux rapports détaillés arriveront sur le bureau des procureurs dirigés par Nicola Gratteri.
Dans cette vidéo de moins de deux minutes, on voit la propriétaire du restaurant « Taverna Santa Chiara » en pleine altercation avec deux clients, citoyens israéliens. Tout commence lorsque Nives Monda, la restauratrice, demande aux deux Moyen-Orientaux de sortir, affirmant que les « sionistes » ne sont pas les bienvenus et revendiquant son adhésion à un manifeste qualifiant Israël d'État « génocidaire » et d'« apartheid ».
Des accusations rejetées par Geula Moses et son mari Raul, qui ont décidé de déposer une plainte au poste de la caserne Pastrengo, siège du commandement provincial des carabiniers, où ils suggèrent, entre autres, le délit d'incitation à la haine raciale. Les deux ont déclaré que Monda les aurait agressés verbalement et, bien qu'elle ne les ait pas menacés directement ni agressés physiquement, elle donnait néanmoins l'impression d'une forte agitation : « Elle a tout déclenché lorsqu'elle a entendu que nous venions d'Israël - ont-ils précisé - et nous avons même eu l'impression que les employés ainsi que les autres clients présents dans la salle étaient très mal à l'aise. Nous avons réussi à documenter seulement la fin de son agression verbale car au début j'étais inquiète de la tournure que les choses pourraient prendre.
Elle n'arrêtait pas de dire : “Vous avez tué 55 000 enfants !”, et qu'elle ne voulait pas de “sionistes” dans son établissement, que nous devions donc partir immédiatement ». Nives Monda, de son côté, affirme avoir été « victime d'un épisode à but intimidatoire » et maintenant d'« une campagne de haine et de menaces » via les réseaux sociaux. Les réseaux sociaux ont fait le reste, démontrant leur puissance médiatique. Mais cette vidéo n'a pas plu à beaucoup. Le maire de Naples, Gaetano Manfredi, au nom de toute l'administration, a exprimé sa solidarité avec les deux touristes. L'affaire a également intéressé le préfet, Michele di Bari, qui a souhaité accueil et solidarité pour ceux qui viennent visiter Naples.
L'assesseure municipale au Tourisme, Teresa Armato, a voulu rencontrer Geula et Raul Moses dans un café du centre. « J'ai rencontré le couple israélien et exprimé ma solidarité - a-t-elle expliqué - et je condamne ce qui s'est passé : les actes de discrimination ou d'intolérance, de quelque nature que ce soit, ne peuvent être admis dans notre ville. Naples accueille chaque jour des visiteurs du monde entier, et dans le respect de notre vocation touristique et des valeurs constitutionnelles, nous réaffirmons que chaque personne doit se sentir en sécurité, respectée et bienvenue. La guerre ne doit pas engendrer de haine entre les peuples.
Nous ne pouvons accepter que quelqu'un soit expulsé d'un établissement en raison de sa nationalité ou de son origine ». Solidarité aux deux touristes également de Severino Nappi, chef de groupe de la Ligue au Conseil régional : « Confondre les politiques d'un gouvernement avec des touristes en visite dans notre ville démontre une position moralement inacceptable qui impose de la part de l'administration municipale une prise de position nette et claire. Naples est une ville solidaire et accueillante : le sectarisme et l'antisémitisme sont des reliques indignes. Nous demandons à Manfredi d'intervenir et de fermer cet établissement, lieu d'exercice d'un racisme qui discrédite la ville et mortifie la démocratie ». Dans la soirée, les associations Italie-Israël de Naples ont offert un dîner au couple israélien dans une pizzeria du Vomero.
