Du tabou de la virginité au mythe de « l'inviolabilité »

Les types de r’bit​

4Nous désignerons, comme c’est l’usage, les types de r’bit par l’outil qui en permet la réalisation :

La Seddaya ou Mensedj (métier à tisser)

5Une fois le travail de tissage terminé, le tapis est extrait du métier à tisser et la fillette effectue sept sauts de l’extérieur vers l’intérieur de l’outil en répétant la phrase suivante : « Ana hit, ould ennas khit [Je suis un mur et le fils d’autrui est un fil]. » Ceci pour le rite de fermeture.
6L’action est inversée lors du rite d’ouverture qui doit être effectué avant le mariage de la jeune fille. Celle-ci doit effectuer sept sauts de l’intérieur vers l’extérieur du métier à tisser en répétant la phrase et en inversant le sens : « Ana khit, ould ennas hit [Je suis un fil et le fils d’autrui est un mur]. » Cette expression annule le sortilège et indique que la défloration est désormais possible. Quelques fils du tapis terminé avaient été lors du rite de fermeture mélangés à du miel et à de la semoule « tamina » et donnés à manger à l’enfant ; les fils ont alors été conservés pour le rite d’ouverture où la même opération est répétée.

Les tatouages

7Deux formes de tatouages sont réalisés au cours de ce rite : l’incision en croix et les sept tatouages.
8Pour la première, une petite incision en forme de croix est faite sur la cuisse de la fillette (au-dessus du genou plus précisément) avec une lame de rasoir ou un bout de verre. Les quelques gouttes de sang écoulé sont nettoyées du bout du doigt et étalées sur le haut du palais de l’enfant qui répète la phrase : « Ya dem rokbti, sedli nokbti [Sang de mon genou, comble mon petit trou]. » Dans l’autre façon de procéder, de petites incisions (deux, trois, cinq ou sept) sont pratiquées sur les cuisses de la fillette. L’enfant doit répéter la même phrase que celle évoquée plus haut. Les incisions sont frottées avec du kohl pour demeurer visibles jusqu’au rite d’ouverture avant le mariage. Elles sont alors rouvertes.

La Chernia ou cadenas

9Le rituel consiste à ouvrir et à refermer sept fois de suite un cadenas à l’aide d’une clé qui est jalousement conservée jusqu’au rite d’ouverture. Cette pratique est effectuée sous les jambes légèrement écartées de l’enfant qui ne doit en aucun cas voir la clé. L’enfant répète la phrase « Ana khit ould ennass hit » et inversement pour le rite d’ouverture.

Le Sandoug ou coffre

10La pratique consiste à fermer et à ouvrir sept fois un coffre après y avoir fait asseoir la fillette. La fillette répète la phrase précédente.

La Khlala ou fibule

11Cette pratique consiste à mettre à tremper la fibule dans un bol exposé à la belle étoile toute la nuit. La fillette doit ensuite boire l’eau en sept gorgées par le biais de la fibule en répétant la phrase usuelle. Le même bol et la fibule sont conservés pour le rite d’ouverture.
12Après le mariage ce bol est retourné sur lui-même si l’on désire retarder une grossesse d’un an. Il est retourné sur lui-même autant de fois que d’années désirées.

Le couteau

13Il est surtout utilisé pour effectuer le rituel sur l’homme. On place un couteau ouvert sous un petit tapis. Après le passage de l’homme, le couteau est vite récupéré et fermé. La phrase usuelle est la suivante : « Rbattek ala koul enssa ghir alia [Je t’ai noué [2][2]Noué : rendu impuissant. à l’égard de toutes les femmes sauf à l’égard de moi-même]. »


Mis en ligne sur Cairn.info le 17/08/2009
 
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