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Jimmyy :
Effectivement, j'exerce dans un pays différent de la France. Un pays qui se place, sur le plan des réformes sociétales, de la pédagogie, et de tout ce qui peut avoir attrait au "social" dans un sens large, à une vingtaine d'année d'avance sur la France. Et qui se place lui-même une vingtaine d'année derrière d'autres pays plus progressistes encore (notamment les pays scandinaves).
Les enseignants mal formés ? En France, c'est certain. Beaucoup de débrouille, beaucoup d'apprentissage sur le terrain. Chez moi, c'est un peu le *** entre deux chaises. Cela dépendra fortement de l'école et des profs que tu auras. Profs qui seront soit de grands universitaires perdus dans leur chaire au sein de leur tour d'ivoire. Ou des profs, tout aussi grands universitaires, mais qui continuent d'enseigner (en général à mi-temps) dans des classes d'ados ou d'enfants selon ce qu'ils enseignent. Et ceux-là forment, bizarrement, des enseignants "de qualité".
Ca dépendra aussi de l'établissement dans lequel tu atterriras. Certains organisent des tutorats, fournissent des documents d’accueil, organisent de longs entretiens avant la prise en main des classes, te font rencontrer tous les collègues de tes classes, tout le personnel administratif et ceux "orbitant" autour de l'école, comme les intervenants extérieurs. Et d'autres te disent "Voilà votre horaire, vous avez cours demain de 8h05 à 17h30, il est 15h30, dépechez-vous de faire vos préparations et bienvenu chez nous au fait".
Ensuite, l'age ne joue en rien dans l'équation du prof paumé face à son groupe classe. Un prof a le devoir de se former tout au long de ses années d'exercices. Que ce soit par les formations obligatoires que proposent le gouvernement (dans le cas de mon pays, c'est un peu plus compliqué que cela du aux multiples réseaux d'enseignement disponibles) soit de par lui-même en demandant des heures de détachement à sa direction.
Je ne prétend pas discrédité mes "adversaires" (que je ne vois pas comme tel d'ailleurs) par de la sophistique. Je parle d'une réalisation concrète de différents idéaux de l'enseignant. Et là encore, comme je l'ai dit plus haut, si ces idéaux ne sont plus présent chez celui-ci, qu'il arrête son métier. Je préfère, de loin, un enseignant qui a un horaire chargé et difficile à tenir mais qui continue d'y croire qu'un enseignant qui ne sait plus ce qu'il fait devant ses apprenants.
Et l'éducation fait partie intégrante de l'école. Et elle y prend une place de plus en plus importante. Et cela, souvent contre l'envie des enseignants, qui préféreraient consacrer leur temps à la transmission de savoirs, de savoir-faire, de savoir-être plutôt que de devoir apprendre ce qu'est le respect, la vie en communauté ou les quelques règles basiques de politesse. Cela en est au point que les programmes concernant le certificat d’aptitudes pédagogiques ou l’équivalent dans les cursus de cours généraux en ont pris compte. Et intègrent désormais les problématiques liées à ces manquements existant chez nos élèves. Ce qui a rajouté, en gros, une centaine d'heure par année d'étude pour qui se destine à devenir prof.
Enfin, il ne s'agit pas d'imposer l'avis de quelques spécialistes. Il s'agit pour les représentant du peuple, élus démocratiquement, d'associer certaines valeurs-clés à la société dont ils font partie. Ils ont été élu pour leurs idées et sont donc, censément, représenter la volonté de ce peuple sur ce sujet. La différence étant qu'ils s'entourent de spécialistes de la question (pas un ou deux mais des milliers) afin de plancher sur le sujet et déterminer les moyens les plus pertinents à utiliser. Que ce soit les moyens techniques, pédagogiques ou simplement déterminer un "planning" sur le long terme en prenant en compte l'age des élèves pour créer des étapes ajustées.
Et oui, bien sur, ce système est ennuyant puisqu'il est tiré d'une moyenne et qu'on aura, toujours, des apprenants en dessous et au dessus de cette moyenne. Que toutes les situations n'y seront pas adéquatement traitées. Mais même si je suis un partisan des méthodes Decroly ou Freinet, il est important aussi de se rendre compte qu'elles sont difficilement adoptable du jour au lendemain. En particulier dans un pays conservateur comme la France.
Il est tout aussi important de comprendre qu'un enfant qui ne comprend pas la société dans laquelle il vit parce qu'on l'aura éduqué de manière idéologique ne pourra pas s'intégrer dans cette société. Et ne pourra pas s'épanouir au sein de cette société. Il se sentira, parfois à jamais, comme étant en rejet, en marge. Et, forcément, ce ressentiment finira par devenir une réalité, de par sa propre attitude, ses propres choix. Et ceci, indépendamment de la société dans laquelle tu vis. Si tu n'intègres pas les principes de la constitution US, qui sont le moteur de ce pays, tu t'y sentiras toujours étranger. Si tu n'intègres pas le principe de la laïcité de la France, tu t'y sentiras toujours étranger. Si tu n'intègres pas le principe de neutralité de la Belgique, encore une fois, tu seras un étranger dans ce pays. Et ceci, peu importe ta religion, ta couleur de peau, ton statut social, le métier que tu exerces ou exerceras.
PS : historiquement, les enseignants s'occupent de l'éducation autant que des savoirs depuis la Rome antique, en gros. La seule différence est qu'aujourd'hui nous ne sommes plus des esclaves grecs qui étaient chargés de faire découvrir le monde, en théorie et en pratique, au futur tribun romain. Nous sommes aujourd'hui rassemblés, pour le meilleur mais aussi le pire, en groupement attaché à certains idéaux.
PS²: Si tu as une formation d'enseignant, tu as, forcément, du étudier tout ce qui concerne les neurosciences, les pédagogies historiques, les pédagogies dites "nouvelles" (qui ont en gros une centaine d'année). Tu sais donc exactement ce dont je parle quand j'évoque les stades de développement, les capacités cognitives, les résolutions de conflits cognitifs, les pédagogies différenciées, les pédagogies du projet, etc...
Et puisque tu les as étudié, j'ai du mal à comprendre comment tu peux les qualifier de "pseudos-sciences" puisque tes profs ont du te fournir toutes les expériences qui ont été faites (du moins, les versions résumées) à ce sujet. Y compris les expériences plus ou moins ratées, comme celle à relativement grande échelle de Summerhill (une parmi d'autres).
Et j'ai tout autant de mal à comprendre que tu aies une démarche de type behavioriste alors que l'on sait, que cela a été prouvé maintes et maintes fois, que cela ne fonctionne pas à long terme.