Chaque semaine en Algérie, au moins une femme est assassinée. Les associations réclament la criminalisation de ces féminicides. Mais, si la Constitution déclare protéger les femmes contre toutes les formes de violence, la « clause du pardon », incluse dans le code pénal, ainsi que le silence des proches des victimes permettent encore d’en absoudre les auteurs.
« Avant de finir au cimetière, je veux contribuer à changer les choses », confie une lycéenne qui n’a pas souhaité être identifiée et qui assiste à un atelier, organisé par l’association Djazairouna (« notre Algérie »), pour élaborer une charte des droits des victimes de violences sexuelles non encore pénalisées en Algérie. En montrant sa cuisse couverte d’hématomes, elle raconte que son frère la battait constamment, justifiant le harcèlement sexuel qu’elle subissait de la part de son professeur par ses tenues vestimentaires, qu’il jugeait « provocantes ».
Depuis, la jeune fille, qui s’est réfugiée chez une amie à Alger pour échapper aux coups, milite pour qu’une peine de prison sanctionne la non-dénonciation, par l’entourage, de violences sexuelles. Dans son cas, ni son établissement scolaire ni sa mère ne lui ont porté secours, se plaint-elle.
Leur travail, bénévole, contribue aussi à donner un visage, un nom et une histoire aux victimes afin qu’elles ne deviennent pas un fait divers vite oublié et que leur mort donne à réfléchir. Un apport d’autant plus important que l’une des caractéristiques des féminicides en Algérie est l’omerta qui entoure ces assassinats.
Les raisons souvent invoquées par les meurtriers sont la jalousie, de supposés crimes d’honneur et des troubles mentaux. « Près de 80% des féminicides sont commis par un membre de la famille de la victime », précise Wiame Awres, cofondatrice de Féminicides Algérie. Dans 61% des cas, il s’agit du conjoint ou, comme dans le cas de Racha, 19 ans, égorgée cette année par son père, d’un proche réagissant à des accusations d’infidélité supposée.
« Par le biais de ce recensement, nous voulons montrer qu’il s’agit d’un fait de société qui se répète, et selon les mêmes mécanismes. C’est le résultat d’une violence sociale et institutionnelle banalisée, voire encouragée et entretenue », dénonce Wiame Awres. Le rapport montre également que, parmi les criminels, figurent de nombreux jeunes qui ont tué leur mère ou leur grand-mère. Le document cite le cas d’une femme de 75 ans, menottée puis poignardée par son petit-fils de 22 ans, au début de 2023. Le jeune homme a également aspergé sa propre sœur d’essence, lui causant une invalidité permanente.
Dans son rapport, Féminicides Algérie dénonce, en outre, les lacunes du système judiciaire algérien, qui ne protège pas suffisamment les femmes contre ce type de violences et sanctionne trop légèrement certains auteurs. En l’espace de quatre années, treize condamnations à mort ont été prononcées, toutes commuées en peines de prison en vertu du moratoire sur la peine de mort en vigueur depuis 1993 dans le pays.
« Avant de finir au cimetière, je veux contribuer à changer les choses », confie une lycéenne qui n’a pas souhaité être identifiée et qui assiste à un atelier, organisé par l’association Djazairouna (« notre Algérie »), pour élaborer une charte des droits des victimes de violences sexuelles non encore pénalisées en Algérie. En montrant sa cuisse couverte d’hématomes, elle raconte que son frère la battait constamment, justifiant le harcèlement sexuel qu’elle subissait de la part de son professeur par ses tenues vestimentaires, qu’il jugeait « provocantes ».
Depuis, la jeune fille, qui s’est réfugiée chez une amie à Alger pour échapper aux coups, milite pour qu’une peine de prison sanctionne la non-dénonciation, par l’entourage, de violences sexuelles. Dans son cas, ni son établissement scolaire ni sa mère ne lui ont porté secours, se plaint-elle.
Aucun recensement officiel
Le drame vécu par cette lycéenne met en lumière l’impuissance des femmes face à leurs bourreaux. Depuis le début de 2023, pas moins de 33 féminicides ont été recensés par la cellule de veille indépendante Féminicides Algérie. Le total de ces quatre dernières années est de 261. Un chiffre sous-évalué, affirment les fondatrices de ce site, qui, faute de dispositif de recensement officiel, tentent de rassembler les éléments attestant de cette terrible réalité à partir des réseaux sociaux et des rares faits relatés dans les médias.Leur travail, bénévole, contribue aussi à donner un visage, un nom et une histoire aux victimes afin qu’elles ne deviennent pas un fait divers vite oublié et que leur mort donne à réfléchir. Un apport d’autant plus important que l’une des caractéristiques des féminicides en Algérie est l’omerta qui entoure ces assassinats.
Les raisons souvent invoquées par les meurtriers sont la jalousie, de supposés crimes d’honneur et des troubles mentaux. « Près de 80% des féminicides sont commis par un membre de la famille de la victime », précise Wiame Awres, cofondatrice de Féminicides Algérie. Dans 61% des cas, il s’agit du conjoint ou, comme dans le cas de Racha, 19 ans, égorgée cette année par son père, d’un proche réagissant à des accusations d’infidélité supposée.
« Par le biais de ce recensement, nous voulons montrer qu’il s’agit d’un fait de société qui se répète, et selon les mêmes mécanismes. C’est le résultat d’une violence sociale et institutionnelle banalisée, voire encouragée et entretenue », dénonce Wiame Awres. Le rapport montre également que, parmi les criminels, figurent de nombreux jeunes qui ont tué leur mère ou leur grand-mère. Le document cite le cas d’une femme de 75 ans, menottée puis poignardée par son petit-fils de 22 ans, au début de 2023. Le jeune homme a également aspergé sa propre sœur d’essence, lui causant une invalidité permanente.
Dans son rapport, Féminicides Algérie dénonce, en outre, les lacunes du système judiciaire algérien, qui ne protège pas suffisamment les femmes contre ce type de violences et sanctionne trop légèrement certains auteurs. En l’espace de quatre années, treize condamnations à mort ont été prononcées, toutes commuées en peines de prison en vertu du moratoire sur la peine de mort en vigueur depuis 1993 dans le pays.