Enquête choc : à Paris, acheter un logement devient quasiment impossible

Enquête

LE MONDE

A Paris, acheter un logement devient quasi impossible
| 27.09.10 | 14h27 • Mis à jour le 28.09.10 | 08h23 Réactions lecteurs (65)


Avec un prix moyen du mètre carré frôlant les 7 000 euros, et trois arrondissements où il dépasse 9 000 euros, Paris est une ville désormais inaccessible à ceux qui n'ont que leur salaire pour vivre.

Quelques jeunes parviennent à acheter leur premier logement, parce qu'ils n'ont pas d'enfant et se contentent de petites surfaces dans les quartiers périphériques et, surtout, parce qu'ils sont fortement aidés par leurs parents. Des héritiers, en somme. Ainsi, Marguerite, (qui tient à garder l'anonymat), danseuse. Cette intermittente du spectacle dispose de revenus stables (22 000 euros par an) et occupe un modeste 40 m², dans le 13e arrondissement, acheté par ses parents en 1995, au prix de 60 000 euros. L'appartement est aujourd'hui estimé 220 000 euros et lui est donné en partage avec sa soeur, à qui elle doit racheter sa part, soit 110 000 euros. L'opération est possible grâce à ses économies (23 000 euros) et un endettement sur dix-huit ans, avec des mensualités de 600 euros.



Une occupation étrangère parfois à plus de 20 %

"Pour les biens exceptionnels, au-delà de 6 millions d'euros, notre clientèle est à 90 % étrangère et recherche un pied-à-terre qu'elle n'occupera que quelques semaines par an", indique Thibaud de Saint-Vincent, fondateur de l'agence Barnes. Ceux qui viennent de Londres, New York ou Genève les trouvent abordables. Les étrangers, à commencer par les Italiens, constituent 7 % des acquéreurs à Paris. Ce taux grimpe dans certains quartiers : 22,7 % aux Halles, 27 % dans le Marais Vivienne, 22 % dans le Marais Saint-Merri, 32 % à Notre-Dame, 21 % à Saint-Germain-des-Prés et 26 % aux Champs-Elysées.


La folle course des prix parisiens élimine sans pitié les projets d'achat des ménages modestes. Selon les notaires, seules 1,1 % des acquisitions, dans Paris, en 2010, ont été conclues par des ouvriers, alors qu'ils étaient encore 2,4 %, en 2000. Les employés ne forment plus que 7,6 % des acquéreurs, contre 16 %, il y a dix ans. A l'autre bout de l'échelle sociale, les cadres, professions libérales, artisans et commerçants sont presque majoritaires (49,3 % des acheteurs), et les professions intermédiaires se maintiennent (31,3 %). "Les Parisiens, qu'ils soient locataires ou propriétaires, payent un lourd tribut au logement : leur taux d'effort est record, de 22 % de leurs ressources, contre 18 % au plan national, alors que leurs revenus sont déjà supérieurs de 34 % à la moyenne nationale", analyse Audry Jean-Marie, chargé des évolutions sociétales à l'Atelier parisien d'urbanisme.
 
Avec des revenus plus élevés, les Parisiens sont moins riches que les provinciaux à cause de la cherté du logement. Paris essaie de conserver ses travailleurs-clefs, infirmières, professeurs des écoles, policiers, conducteurs de bus et de métro, dans la ville qu'ils font fonctionner : "Il n'y a pas une semaine où nous n'attribuons pas un logement social à une infirmière ou une aide soignante, car c'est une priorité de la municipalité", confie Jean-Yves Mano, adjoint (PS) au maire de Paris, chargé du logement.

Seuls des cadres dirigeants bardés de stock-options et de bonus, des stars du show-business et les nouvelles fortunes de l'Internet et de la finance peuvent s'acheter de beaux appartements familiaux.

La pression sur les prix est d'autant plus forte que les investisseurs, effrayés par la Bourse, cherchent frénétiquement un placement sûr. "Un Français de Londres travaillant dans la finance a liquidé son portefeuille boursier et m'a chargé d'acheter, pour 15 millions d'euros, une dizaine de beaux appartements à louer", confie M. de Saint-Vincent. "Que conseiller à une veuve qui dispose d'un million d'euros ? Sûrement pas la Bourse, mais l'immobilier", renchérit maître François Carré.

Dans le prestigieux programme de 191 appartements de Cogedim, sur l'ancien site de l'hôpital Laennec, dans le 7e arrondissement de Paris, près de la moitié des biens sont destinés à devenir des pied-à-terre ou des investissements locatifs. "Un couple d'Aix-en-Provence s'est offert un 42 m², dans le quartier des Champs-Elysées, pour 410 000 euros, avec l'intention d'y venir de temps en temps et de le louer à des vacanciers", raconte Denis Martin, de l'agence Laforêt, du 8e arrondissement. La municipalité s'inquiète de cette "pied-à-terrisation" de Paris : "La location meublée à la semaine se développe et les effectifs scolaires dans les écoles des quartiers dégringolent", déplore M. Mano.
 
Peu d'offres disponibles

Paris connaît, en outre, une grave pénurie de logements disponibles. Il ne s'est vendu que 421 logements neufs, en 2009, contre 3 100, en 1999. "Et quand les prix augmentent, la mobilité, c'est-à-dire le nombre de déménagements, diminue, peu d'appartements se libèrent et il n'y a pas d'offres disponibles", explique Audry Jean-Marie. "J'ai quatre fois moins de biens à vendre qu'en 2007, et tous sont issus de successions", confirme Denis Martin.

Les familles, même très aisées, à la recherche de grands logements sont donc poussées hors de la ville ou du quartier auquel elles sont attachées. Une famille bourgeoise traditionnelle, avec un père cadre aux revenus confortables et ses quatre enfants dans les écoles privées alentour, locataire d'un immeuble du quartier de la Muette vendu à la découpe, n'a pu aligner les 2 millions d'euros qui auraient pu l'en rendre propriétaire. Direction : un quartier meilleur marché. "Pour acquérir un appartement familial, de 150 à 200 m2 dans les beaux quartiers, aujourd'hui, il faut une épargne conséquente, de 500 000 euros, ou être déjà propriétaire, et des revenus autour de 20 000 euros par mois", calcule M. de Saint-Vincent. L'affaire est donc à la portée de moins de 1 % de la population.

Le raisonnement est aussi implacable pour les autres quartiers : "Locataires dans le 14e arrondissement et disposant d'un budget conséquent, de 850 000 euros, nous ne trouvons rien à ce prix", déplore Luc, 43 ans, père de famille, avec deux petits enfants : "Ai-je eu tort de rester locataire plutôt que de me lancer, plus jeune, dans l'accession ?", s'interroge-t-il. "Pour s'immuniser contre la hausse des prix, il faut monter dans le train de l'inflation le plus tôt possible", lui répond maître François Carré.

Isabelle Rey-Lefebvre
 
Pour être franc, malgré le fait que pas mal de personnes déclarent ne pas aimer Paris (stress...), moi de mon côté, j'aime

beaucoup, car c'est tout simplement très classe : l'architecture de Paris, des beaux quartiers, c'est spécial...Habiter là-bàs est

devenu quasimment impossible en effet pour l'immense majorité des gens : les beaux quartiers de la ville-lumière sont devenus un

ghetto de super-blindés (quand j'évoque cette catégorie de personnes, j'exclus pas mal de catégories autrefois perçues comme

aisées telles celle des ingénieurs...) . Une politique ségrégationiste qui ne dit pas son nom est en cours à Paris, basée sur le

revenu et cette politique commence déjà à se pratiquer dans la proche banlieue (Ouest)...Le schéma futriste est le suivant :

habiter aux confins du 77, 78, 91, 93, 94, ou 95 et venir chercher sa misère sur Paris et sa proche banlieue...J'habite dans le 92,

j'ai une vue sur la Tour Eiffel. Depuis tout petit, je prenais ça pour quelquechose de normal, mais je commence à me rendre

compte qu'au train où vont les choses, ça va peut-être devenir un petit luxe...
 
S

Soomy

Non connecté
Je suis d'accord que ce n'est pas un scoop pou les gens ordianires...Mais là, tu te rend compte que des mêmes des gens perçus comme très aisés n'y parviennent plus...

c flippant, t'imagine même au Maroc ca commence à devenir pareil..

au pire on sera obligé d'acheter ailleurs, en banlieue lointaine, ou partir en province, Paris c plus possible
 
Je suis d'accord que ce n'est pas un scoop pou les gens ordianires...Mais là, tu te rend compte que des mêmes des gens perçus comme très aisés n'y parviennent plus...

oui et c'est annonciateur d'une crise majeure. Que ce soit chère dans la capitale, c'est normal, mais que ce soit aussi exorbitant, me semble débile, discriminant et surtout irréaliste à moyen long terme car le pouvoir d'achat stagne quand il ne se dégrade pas.

La qualité de vie est bien meilleure en banlieue plus lointaine même si la tendance à la hausse est pas normale également clairement Paris devient irrespirable et vraiment trop chère.

Avec un salaire moindre en province (et ça reste à prouver selon le métier), ils épargnent finalement plus tout en habitant des surfaces plus importantes et un environnement plus sains. Et je ne parle pas des maisons à 300km de paris

Je pense que certains nantis et tout un lobby financier, politique, immobilier ont maintenu artificiellement les prix mais cette méthode à long terme est intenable.
 
On ne même plus habiter où l'on souhaite...Je pourrais pas habiter dans le 77, c'est loin de tout...

oui mais le fait que Paris et sa très proche banlieue soient saturés, beaucoup de départements sont entrain de se dynamiser, c'est lent mais c'est réel. D'ailleurs concrètement le 77 est promis à un bel avenir car c'est finalement pas si loin de paris et puis c'est très vert.
 
oui et c'est annonciateur d'une crise majeure. Que ce soit chère dans la capitale, c'est normal, mais que ce soit aussi exorbitant, me semble débile, discriminant et surtout irréaliste à moyen long terme car le pouvoir d'achat stagne quand il ne se dégrade pas.

La qualité de vie est bien meilleure en banlieue plus lointaine même si la tendance à la hausse est pas normale également clairement Paris devient irrespirable et vraiment trop chère.

Avec un salaire moindre en province (et ça reste à prouver selon le métier), ils épargnent finalement plus tout en habitant des surfaces plus importantes et un environnement plus sains. Et je ne parle pas des maisons à 300km de paris

Je pense que certains nantis et tout un lobby financier, politique, immobilier ont maintenu artificiellement les prix mais cette méthode à long terme est intenable.

Moi, je pense que cette "chèreté" est organisée et voulue...Car, j'ai l'impression (sans jouer au descendant direct des grandes figures historiques de la France :D) que l'histoire de France est maintenue en otage par une poignée de nantis qui interdisent l'acès à un patrimoine historique et urbain qui normalement devrait appartenir à tous : la situation en région parisienne, c'est tout simplement de l'apartheid socio-économique...
 
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