Action discrète fait péter les plombs à Eric Besson
Le 30 septembre 2009 à 18h00
LE FIL TéLéVISION - Déguisés en policiers, ils ont proposé aux Calaisiens ladoption de (faux) sans-papiers tenus en laisse. Une imposture rageuse de plus, bien inscrite dans lactualité, fomentée par léquipe du magazine de Canal+. Résultat : plainte du préfet et colère surréaliste du ministre de lImmigration. Manque dhumour ou manuvre de diversion ?
Cest devenu un rituel : chaque année, un scandale absurde offre à lémission Action discrète (diffusée tous les samedis à 20h10 en clair sur Canal+) un coup de pub impromptu. En septembre 2008, les zozos de Canal+ faisaient sétrangler Xavier Couture, le patron des contenus d'Orange, lors d'une opération d'infiltration dans les locaux de l'entreprise, et attisaient la guéguerre entre le groupe de téléphonie et la chaîne cryptée. En cette rentrée 2009, ils frappent encore plus fort, en révélant au monde ce scoop intersidéral : Eric Besson na aucun humour. Surtout, il semblerait que le ministre de lImmigration peine à faire la distinction entre potacherie et journalisme.
Hier, léquipe dhumoristes a été interpellée à Calais alors quelle tournait un happening sur le démantèlement de la « jungle », ce camp de fortune qui accueillait jusquici les migrants en situation irrégulière. Déguisés en policiers, Sébastien Thoen et ses comparses se sont rendus chez des particuliers, en tenant en laisse des comédiens grimés en sans-papiers, destinés à être « adoptés comme animaux de compagnie ». Embarqués au poste de police, ils ont finalement été relâchés. Mais ils font désormais lobjet dune plainte, déposée par le préfet du Pas-de-Calais auprès du procureur de la République de Boulogne-sur-Mer.
Hier soir en effet, le ministre de lImmigration est parti en croisade, sinsurgeant contre les méthodes employées par « léquipe de journalistes » de Canal+. Dans un communiqué rageur, il a parlé de « dérive médiatique » et dénoncé cette « mise en scène inacceptable, reposant sur la falsification de documents officiels, sur une caricature mensongère et insultante du travail des services de police et de gendarmerie, et sur la diffusion dune image dégradante et humiliante des ressortissants étrangers en situation irrégulière, qui sont les victimes des filières et qui méritent notre respect ».
Une déclaration qui laisse pour le moins perplexe : le fait de reprocher à des spécialistes du canular de falsifier la réalité paraît, en effet, dune cohérence très relative. Et ressemble surtout à une opération de diversion, alors que le « nettoyage » du camp suscite la polémique, et que Besson lui-même a été accusé de manipulation médiatique lors du démantèlement. « Pour nous, ce communiqué du ministère est surréaliste !, sétonne Yves Le Rolland, directeur artistique dAction discrète et producteur des Guignols. Nous traiter comme des journalistes alors que nous faisons des sketches est aberrant. Même les policiers ont compris quil sagissait dune blague. »
A ce compte-là, autant jeter tout de suite au cachot les Guignols et léquipe de Groland. Et, tant quà faire, tous ceux qui pratiquent lart de la caricature. Car depuis le début, cest sur le créneau de limposture que les trublions dAction discrète font fructifier leur petite entreprise humoristique. A linstar des Yes men (ces altermondialistes qui infitlrent les institutions internationales), leur démarche consiste à « pousser loin la fiction dans le réel » et à pratiquer la dénonciation par labsurde. Activistes potaches, ils multiplient les happenings pour brocarder les excès du capitalisme ou les dérives médiatiques, et revisitent lactualité politique et sociale sous forme de sketches tournés en caméra cachée : on les a ainsi vus beugler des slogans anticapitalistes sur le passage de la flamme Olympique, se déguiser en supporters de Françoise de Panafieu, faire lapologie des armes à feu à Disneyland ou, plus récemment, lancer une croisade anti-Auvergnats.
Le 30 septembre 2009 à 18h00
LE FIL TéLéVISION - Déguisés en policiers, ils ont proposé aux Calaisiens ladoption de (faux) sans-papiers tenus en laisse. Une imposture rageuse de plus, bien inscrite dans lactualité, fomentée par léquipe du magazine de Canal+. Résultat : plainte du préfet et colère surréaliste du ministre de lImmigration. Manque dhumour ou manuvre de diversion ?
Cest devenu un rituel : chaque année, un scandale absurde offre à lémission Action discrète (diffusée tous les samedis à 20h10 en clair sur Canal+) un coup de pub impromptu. En septembre 2008, les zozos de Canal+ faisaient sétrangler Xavier Couture, le patron des contenus d'Orange, lors d'une opération d'infiltration dans les locaux de l'entreprise, et attisaient la guéguerre entre le groupe de téléphonie et la chaîne cryptée. En cette rentrée 2009, ils frappent encore plus fort, en révélant au monde ce scoop intersidéral : Eric Besson na aucun humour. Surtout, il semblerait que le ministre de lImmigration peine à faire la distinction entre potacherie et journalisme.
Hier, léquipe dhumoristes a été interpellée à Calais alors quelle tournait un happening sur le démantèlement de la « jungle », ce camp de fortune qui accueillait jusquici les migrants en situation irrégulière. Déguisés en policiers, Sébastien Thoen et ses comparses se sont rendus chez des particuliers, en tenant en laisse des comédiens grimés en sans-papiers, destinés à être « adoptés comme animaux de compagnie ». Embarqués au poste de police, ils ont finalement été relâchés. Mais ils font désormais lobjet dune plainte, déposée par le préfet du Pas-de-Calais auprès du procureur de la République de Boulogne-sur-Mer.
Hier soir en effet, le ministre de lImmigration est parti en croisade, sinsurgeant contre les méthodes employées par « léquipe de journalistes » de Canal+. Dans un communiqué rageur, il a parlé de « dérive médiatique » et dénoncé cette « mise en scène inacceptable, reposant sur la falsification de documents officiels, sur une caricature mensongère et insultante du travail des services de police et de gendarmerie, et sur la diffusion dune image dégradante et humiliante des ressortissants étrangers en situation irrégulière, qui sont les victimes des filières et qui méritent notre respect ».
Une déclaration qui laisse pour le moins perplexe : le fait de reprocher à des spécialistes du canular de falsifier la réalité paraît, en effet, dune cohérence très relative. Et ressemble surtout à une opération de diversion, alors que le « nettoyage » du camp suscite la polémique, et que Besson lui-même a été accusé de manipulation médiatique lors du démantèlement. « Pour nous, ce communiqué du ministère est surréaliste !, sétonne Yves Le Rolland, directeur artistique dAction discrète et producteur des Guignols. Nous traiter comme des journalistes alors que nous faisons des sketches est aberrant. Même les policiers ont compris quil sagissait dune blague. »
A ce compte-là, autant jeter tout de suite au cachot les Guignols et léquipe de Groland. Et, tant quà faire, tous ceux qui pratiquent lart de la caricature. Car depuis le début, cest sur le créneau de limposture que les trublions dAction discrète font fructifier leur petite entreprise humoristique. A linstar des Yes men (ces altermondialistes qui infitlrent les institutions internationales), leur démarche consiste à « pousser loin la fiction dans le réel » et à pratiquer la dénonciation par labsurde. Activistes potaches, ils multiplient les happenings pour brocarder les excès du capitalisme ou les dérives médiatiques, et revisitent lactualité politique et sociale sous forme de sketches tournés en caméra cachée : on les a ainsi vus beugler des slogans anticapitalistes sur le passage de la flamme Olympique, se déguiser en supporters de Françoise de Panafieu, faire lapologie des armes à feu à Disneyland ou, plus récemment, lancer une croisade anti-Auvergnats.