Y a personne, mais je vais pas pouvoir te coiffer, parce que je soutiens la Palestine, et que tu es juive !
Une coiffeuse à Yaël, une cliente
Avocat de l’Organisation juive européenne (OJE), Me Grégory Bensadoun rapporte le «retentissement psychologique terrible» chez Yaël: «Ma cliente est effondrée, sidérée, humiliée, insiste-t-il. Elle a porté plainte, et l’enquête est toujours en cours.» Cela fait trois ans que la jeune femme fréquente le même salon de coiffure, à Gagny. «Il y a un peu plus d’un mois, la patronne l’a revendu à l’une de ses salariées, qui m’avait déjà coiffée sans problème, raconte Yaël. Un jour, j’ai téléphoné pour demander si je pouvais venir immédiatement. Après m’avoir dit oui, la nouvelle gérante m’a demandé mon nom.“Ah! désolée, il y a des clientes qui viennent de rentrer!”, a-t-elle finalement éludé.» Quelques jours plus tard, Yaël rappelle, demandant un rendez-vous le soir même. La coiffeuse accepte, mais, en entendant le nom, se rétracte: «Je vais devoir fermer plus tôt aujourd’hui…». Le 9 novembre, Yaël décide donc de se présenter au salon dès l’ouverture: «Y a personne, mais je vais pas pouvoir te coiffer, parce que je soutiens la Palestine, et que tu es juive !, lui aurait lancé la coiffeuse. Donc je ne te coifferai pas, ni aujourd’hui ni la prochaine fois.» Lors de la confrontation, «au commissariat, le lendemain, la coiffeuse contestera ces propos, tout en reconnaissant avoir parlé de la Palestine, relate Me Bensadoun. Elle s’est dite“débordée, avec deux clientes au bac”… dont elle ne se souvient plus du nom et qui comme par hasard ont payé en espèces.»
Quelques jours après l’attaque du Hamas, une famille en provenance de Tel-Aviv, a révélé Le Canard enchaîné, a été refusée, à l’aéroport d’Orly, par un chauffeur de taxi. «Sale juif! Si je t’avais pris, je t’aurais égorgé, toi, ta femme et tes enfants», a-t-il lancé au père. Par «peur de représailles», la famille a refusé de porter plainte. Mais les faits ont été signalés à la Direction des usagers et des polices administratives (Dupa) de la préfecture de police et le chauffeur a «été suspendu de toute activité».
Deux affaires très graves - de séquestration et de coups et blessures volontaires - impliquant, mi-octobre, un chauffeur de VTC, ont été portées à la connaissance du Figaro. Mais les victimes, traumatisées, n’ont pas voulu que les détails en soient publiés. «Nous avons effectué quelques modifications afin d’éviter que vous soyez mis en relation avec ce chauffeur à l’avenir, répond le «support client» de la société à l’une d’elles. Sachez que vous êtes libre de déposer une plainte.» Une plainte? «Mais comment voulez-vous que j’ose porter plainte contre ce chauffeur qui a toutes mes coordonnées?», s’émeut la victime. Le 19 octobre, c’est Samuel Lejoyeux, président de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) qui s’était fait menacer par un chauffeur Uber. «Au téléphone avec une journaliste, je décrivais les actes antisémites frappant des étudiants, relate-t-il. Soudain, le chauffeur s’est garé sur le bas-côté et a dit: “Maintenant, vous sortez!”» Après sa plainte, la compagnie a été «très réactive», se félicite-t-il: «Le chauffeur a été suspendu.»