Je vis à Tombouctou, voici ce qu'a été notre quotidien sous la charia
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L’occupation a été d’abord le pillage des banques et autres établissements de micro-crédits, suivi de l’éradication de toute trace de l’administration malienne ou de référence à la culture occidentale.
Ensuite ce fut un chapelet d’interdictions : l’alcool, la cigarette, la musique, les chevelures postiches, le football, les préservatifs, les antennes paraboliques, l’école laïque, l’enseignement de la philosophie et de l’éducation sexuelle, mais aussi la lecture ou la référence à des livres islamiques classés apocryphes ou hérétiques par l’idéologie wahhabite dont relèvent les occupants. Tout fut interdit, sauf la mosquée où, à certains imams, on imposa des prêches fondamentalistes auxquelles ils ne croyaient pas.
Malgré ces faits, la notabilité, la chefferie traditionnelle et le comité de crise discutaient et négociaient avec le chef terroriste Abou Zeïd, avec son compère Iyad Ag Ghali, avec les touareg du MNLA pour pouvoir améliorer le quotidien des populations privées de tout, car les barbus avaient fait main basse sur les magasins de céréales et sur les stocks de carburant de Total.
Ils ont ensuite squatté les bâtiments publics et entrepris de détruire les monuments historiques et surtout les 16 mausolées auxquels sont liées les anciennes familles de la cité des 333 saints.
Flagellations publiques et exécutions sommaires
Pour faire respecter ces lois moyenâgeuses, Abou Zeïd et ses sbires créèrent la police islamique, la justice islamique, la prison islamique et "le centre de recommandation du convenable et de l’interdiction du blâmable" qui ont fait régner pendant dix mois un régime de terreur fait de séances de flagellations publiques, d’amputations de mains et d’exécutions sommaires.
Une législation obscurantiste face à laquelle, les combattants islamistes ont eux des passe-droits : ils se dispensent ainsi de toutes les pratiques religieuses contraignantes sous prétexte d’être en guerre sainte, et au nom de cette même guerre sainte se livrent à la polyandrie pour assouvir leurs envies libidineuses, au nom de cette guerre sainte se livrent à forces libations pour décupler leur ardeur au combat…
Face à tant d’humiliations, les populations fuyaient par milliers vers le sud du pays et vers les pays limitrophes. Ceux qui, pour une raison ou une autre, refusent de partir n’ont d’autre espoir qu’une communauté internationale confondue dans ses indécisions et ses paradoxes. L’on scrute le ciel à la recherche des bombardiers français et invariablement l’on s’entend dire que Ban Ki Moon craint un péril humanitaire, que Bouteflika privilégie la négociation, que les USA veulent un plan précis des opérations, que tel autre veut un coût estimatif….
Pendant ce temps, avec une insolente assurance, les islamistes sur la seule radio locale qu’ils ont maintenu pour leur propagande, narguent avec forces quolibets cette arlésienne d’intervention internationale.
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