Lundi 16 septembre, les associations de lutte contre l’exclusion doivent présenter un manifeste « pour en finir avec le sans-abrisme ».
À Paris, le nombre de familles à la rue a atteint un sommet, alors que le système d’hébergement est totalement saturé.
C’est une toute jeune femme qui se retrouve dans un campement dans le nord de Paris avec un nourrisson de moins d’un mois, faute d’hébergement à la sortie de la maternité où elle a accouché. Ou une dame enceinte, qui dormait dans le hall des urgences d’un hôpital avec son petit garçon de 2 ans et demi jusqu’à ce que des parents d’élèves solidaires se cotisent pour lui payer un hôtel. Une réfugiée yéménite sans solution de logement avec son garçon de 9 ans. Une mère avec sept enfants, ainsi que sa sœur, qui pensait trouver à Paris un toit après l’expulsion d’un squat. Ce sont enfin des couples avec un, deux ou trois enfants, obligés de dormir sur les trottoirs, dans des tentes, des parcs ou des recoins d’immeubles.
Les associations refusent que le « 115 » transmette la liste des réfugiés hébergés
Racontés par des personnes qui les aident, ces exemples ne forment que la face émergée de l’iceberg. « Le système est totalement saturé », s’alarme Éric Pliez, président du Samu social de Paris, qui gère le 115. « Pour vous donner un exemple, le 10 septembre, on a enregistré 1 000 personnes en famille dont 300 à 400 enfants qui ont appelé le 115 pour avoir un hébergement et à qui nous n’avons pas pu trouver de solution. Et c’est à peu près comme ça depuis le mois de juin. » Deux jours plus tard, c’étaient carrément 1 300 personnes en famille qui n’ont pas eu de toit. Et c’est sans compter tous ceux qui n’appellent pas le 115.
Une situation d’une gravité inédite
Comme Éric Pliez, tous les acteurs de terrain tirent la sonnette d’alarme sur la situation des familles à la rue dans la capitale. « Mardi, 42 familles se sont présentées dans notre accueil de jour du 15e arrondissement et on n’a pu trouver une solution que pour la moitié d’entre elles », précise Bruno Morel, directeur d’Emmaüs Solidarité.
« Il y a un an, on faisait 25 accompagnements par soir, désormais c’est 35 », renchérit Florent, coordinateur d’Utopia56, une association qui donne rendez-vous aux familles chaque soir porte d’Aubervilliers. « C’est catastrophique. Même le 115 nous adresse des gens. Notre réseau d’hébergeurs citoyens est épuisé. »
« La situation est d’une gravité inédite, je n’ai jamais vu ça », confirme Dominique Versini, adjointe à la maire de Paris chargée de l’exclusion, qui suit ces sujets depuis qu’elle a cofondé le Samu social dans les années 1990. À Paris, le nombre d’hébergements d’urgence réservés aux familles a été triplé entre 2016 et 2019 pour atteindre 7 000 places, selon la préfecture. Et quasiment toutes sont occupées. Même saturation avec les quelque 40 000 places d’hôtel que le 115 gère dans toute l’Île-de-France.
En finir avec les mises à l’abri éphémères
Comment en est-on arrivé là ? Alors que les premières familles à la rue ont été repérées à Paris dans les années 2000, la quasi-totalité des places d’hébergement étaient alors destinées aux hommes seuls. L’habitude a alors été prise de régler le problème des familles en payant des chambres dans des hôtels sociaux. Le nombre d’hébergements a ainsi beaucoup augmenté.
Mais, la construction de logements très sociaux faisant défaut, de nombreuses familles sont restées des années en hôtel. Depuis 2015, la crise migratoire a fini d’engorger le système. Aujourd’hui, la plupart des familles à la rue sont étrangères, qu’elles soient réfugiées, demandeuses d’asile, déboutées ou relevant d’une immigration d’un autre type. Ansi, depuis le 1er juillet, l’État a évacué 15 campements et mis à l’abri 445 personnes en famille.
Les locataires parisiens du Vatican ne seront pas expulsés
Enfin, alors que la Ville de Paris avait fait face au problème en mettant à disposition des sites désaffectés dans l’attente de travaux, « on est dans une période où les associations doivent rendre pas mal de places », précise Florent Gueguen, directeur de la Fédération des acteurs de solidarité, qui ajoute qu’« il y a aussi un sujet pénible de renvoi de responsabilités » entre l’État, qui a la responsabilité de l’hébergement d’urgence, et la mairie de Paris, à qui revient la protection des femmes enceintes et des mères avec enfants de moins de 3 ans..................................
www.la-croix.com
À Paris, le nombre de familles à la rue a atteint un sommet, alors que le système d’hébergement est totalement saturé.
C’est une toute jeune femme qui se retrouve dans un campement dans le nord de Paris avec un nourrisson de moins d’un mois, faute d’hébergement à la sortie de la maternité où elle a accouché. Ou une dame enceinte, qui dormait dans le hall des urgences d’un hôpital avec son petit garçon de 2 ans et demi jusqu’à ce que des parents d’élèves solidaires se cotisent pour lui payer un hôtel. Une réfugiée yéménite sans solution de logement avec son garçon de 9 ans. Une mère avec sept enfants, ainsi que sa sœur, qui pensait trouver à Paris un toit après l’expulsion d’un squat. Ce sont enfin des couples avec un, deux ou trois enfants, obligés de dormir sur les trottoirs, dans des tentes, des parcs ou des recoins d’immeubles.
Les associations refusent que le « 115 » transmette la liste des réfugiés hébergés
Racontés par des personnes qui les aident, ces exemples ne forment que la face émergée de l’iceberg. « Le système est totalement saturé », s’alarme Éric Pliez, président du Samu social de Paris, qui gère le 115. « Pour vous donner un exemple, le 10 septembre, on a enregistré 1 000 personnes en famille dont 300 à 400 enfants qui ont appelé le 115 pour avoir un hébergement et à qui nous n’avons pas pu trouver de solution. Et c’est à peu près comme ça depuis le mois de juin. » Deux jours plus tard, c’étaient carrément 1 300 personnes en famille qui n’ont pas eu de toit. Et c’est sans compter tous ceux qui n’appellent pas le 115.
Une situation d’une gravité inédite
Comme Éric Pliez, tous les acteurs de terrain tirent la sonnette d’alarme sur la situation des familles à la rue dans la capitale. « Mardi, 42 familles se sont présentées dans notre accueil de jour du 15e arrondissement et on n’a pu trouver une solution que pour la moitié d’entre elles », précise Bruno Morel, directeur d’Emmaüs Solidarité.
« Il y a un an, on faisait 25 accompagnements par soir, désormais c’est 35 », renchérit Florent, coordinateur d’Utopia56, une association qui donne rendez-vous aux familles chaque soir porte d’Aubervilliers. « C’est catastrophique. Même le 115 nous adresse des gens. Notre réseau d’hébergeurs citoyens est épuisé. »
« La situation est d’une gravité inédite, je n’ai jamais vu ça », confirme Dominique Versini, adjointe à la maire de Paris chargée de l’exclusion, qui suit ces sujets depuis qu’elle a cofondé le Samu social dans les années 1990. À Paris, le nombre d’hébergements d’urgence réservés aux familles a été triplé entre 2016 et 2019 pour atteindre 7 000 places, selon la préfecture. Et quasiment toutes sont occupées. Même saturation avec les quelque 40 000 places d’hôtel que le 115 gère dans toute l’Île-de-France.
En finir avec les mises à l’abri éphémères
Comment en est-on arrivé là ? Alors que les premières familles à la rue ont été repérées à Paris dans les années 2000, la quasi-totalité des places d’hébergement étaient alors destinées aux hommes seuls. L’habitude a alors été prise de régler le problème des familles en payant des chambres dans des hôtels sociaux. Le nombre d’hébergements a ainsi beaucoup augmenté.
Mais, la construction de logements très sociaux faisant défaut, de nombreuses familles sont restées des années en hôtel. Depuis 2015, la crise migratoire a fini d’engorger le système. Aujourd’hui, la plupart des familles à la rue sont étrangères, qu’elles soient réfugiées, demandeuses d’asile, déboutées ou relevant d’une immigration d’un autre type. Ansi, depuis le 1er juillet, l’État a évacué 15 campements et mis à l’abri 445 personnes en famille.
Les locataires parisiens du Vatican ne seront pas expulsés
Enfin, alors que la Ville de Paris avait fait face au problème en mettant à disposition des sites désaffectés dans l’attente de travaux, « on est dans une période où les associations doivent rendre pas mal de places », précise Florent Gueguen, directeur de la Fédération des acteurs de solidarité, qui ajoute qu’« il y a aussi un sujet pénible de renvoi de responsabilités » entre l’État, qui a la responsabilité de l’hébergement d’urgence, et la mairie de Paris, à qui revient la protection des femmes enceintes et des mères avec enfants de moins de 3 ans..................................

Familles à la rue dans Paris, le point de rupture
Lundi 16 septembre, les associations de lutte contre l’exclusion doivent présenter un manifeste « pour en finir avec le sans-abrisme ». À Paris, le nombre de familles à la rue a atteint un sommet, alors que le système d’hébergement est totalement saturé.